Une vaste enquête accuse Uber de méthode brutales voire illégales à ses débuts

Publié le 11/07/2022 - 11:03
Mis à jour le 11/07/2022 - 09:52

La plateforme Uber s’est retrouvée plongée dans son passé tumultueux dimanche 10 juillet 2022 à cause d’une vaste enquête de journalistes accusant l'entreprise d’avoir "enfreint la loi" et utilisé des méthodes brutales pour s'imposer malgré les réticences des politiques et des compagnies de taxis.

 © Jackson David/Pixabay
© Jackson David/Pixabay

"Nous n'avons pas justifié et ne cherchons pas d'excuses pour des comportements qui ne sont pas conformes à nos valeurs actuelles en tant qu'entreprise", a indiqué Jill Hazelbaker, vice-présidente chargée des Affaires publiques d'Uber, dans un communiqué en ligne. "Nous demandons au public de nous juger sur ce que nous avons fait au cours des cinq dernières années et sur ce que nous ferons dans les années à venir", a-t-elle ajouté.

Le Guardian, un quotidien britannique, a obtenu et partagé avec le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) quelques 124.000 documents, datés de 2013 à 2017, comprenant des emails et messages des dirigeants d'Uber à l'époque, ainsi que des présentations, notes et factures.

Dimanche, plusieurs organisations de presse (dont le Washington Post, Le Monde et la BBC) ont publié leurs premiers articles tirés de ces "Uber Files". Ils mettent en avant certaines pratiques de Uber pendant ces années d'expansion rapide mais aussi de confrontation, de Paris à Johannesburg. "L'entreprise a enfreint la loi, trompé la police et les régulateurs, exploité la violence contre les chauffeurs et fait pression en secret sur les gouvernements dans le monde entier", affirme le Guardian en introduction.

"Coupe-circuit"

Les articles mentionnent notamment des messages de Travis Kalanick, alors patron de la société basée à San Francisco, quand des cadres se sont inquiétés des risques pour les conducteurs qu'Uber encourageait à participer à une manifestation à Paris. "Je pense que ça vaut le coup", leur a répondu le cofondateur. "La violence garantit le succès".

Selon le Guardian, Uber a adopté des tactiques similaires dans différents pays européens (Belgique, Pays-Bas, Espagne, Italie...), mobilisant les chauffeurs et les incitant à se plaindre à la police quand ils étaient victimes agressions, afin d'utiliser la couverture médiatique pour obtenir des concessions des autorités. "M. Kalanick n'a jamais suggéré qu'Uber exploite la violence aux dépens de la sécurité des conducteurs", a réagi Devon Spurgeon, porte-parole de l'ancien dirigeant controversé, dans un communiqué publié par l'ICIJ.

Accusé d'avoir encouragé des pratiques managériales douteuses et brutales, sur fond de sexisme et de harcèlement au travail, M. Kalanick avait dû abandonner son rôle de directeur général du groupe en juin 2017. Annonçant sa démission du conseil d'administration, fin 2019, il s'était dit "fier de tout ce qu'Uber a accompli".

Son porte-parole a réfuté dimanche toutes les accusations des journaux, y compris celle d'obstruction de la justice. D'après les quotidiens, Uber avait mis en place différentes stratégies pour déjouer les tentatives d'intervention des forces de l'ordre, dont celle du "coupe-circuit" ("kill switch") qui consistait à couper rapidement l'accès d'un bureau du groupe aux principales bases de données informatiques, en cas de perquisition.

"Hors-la-loi"

Le Guardian cite différents extraits de conversation entre des cadres évoquant l'absence de cadre légal pour leurs activités.

"Parfois nous avons des problèmes parce que, bon, nous sommes carrément hors-la-loi", écrivait ainsi la directrice mondiale de la communication d'Uber, Nairi Hourdajian, à ses collègues en 2014, alors que l'existence de la plateforme était menacée en Thailande et en Inde.

Avant de devenir synonyme de la réservation de voitures de tourisme avec chauffeur (VTC), Uber a dû batailler pour se faire accepter. Le groupe a courtisé les consommateurs et conducteurs, et s'est trouvé des alliés au pouvoir, comme Emmanuel Macron, qui aurait discrètement aidé le service quand il était ministre de l'Economie.

Mais Uber aurait aussi offert des actions de la start-up à des personnalités politiques en Russie et en Allemagne et payé des chercheurs "des centaines de milliers de dollars pour produire des études sur les mérites de son modèle économique", toujours d'après le Guardian.

Le leader des VTC a créé le modèle de l'économie à la tâche, répliqué par de nombreuses autres start-up, mais il a mis plus de douze ans à dégager son premier profit trimestriel. Et le statut des chauffeurs, indépendants ou employés, reste disputé dans de nombreux Etats.

Dans son communiqué de dimanche, Uber rappelle que les médias ont déjà abondamment couvert les "erreurs" de l'entreprise d'avant 2017, de la presse aux livres et même à une série télévisée. "Aujourd'hui, Uber (...) fait partie intégrante de la vie quotidienne de 100 millions de personnes", élabore Jill Hazelbaker. "Nous sommes passés d'une ère de confrontation à une ère de collaboration".

(AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Economie

Union européenne et région alpine : un appel à candidature lancé pour les jeunes de 18 à 29 ans

Le  Conseil de la jeunesse de la Stratégie de l’Union européenne pour la région alpine (SUERA) lance un appel à candidature auprès des jeunes entre 18 et 29 ans afin de s’investir dans la structure et contribuer ainsi aux politiques publiques et projets concernant les Alpes. Les candidatures sont ouvertes jusqu’au 31 mai 2025.

INSEE : l’activité économique fléchit en Bourgogne Franche-Comté

Ce mardi 25 mars 2025, l’Insee Bourgogne-Franche-Comté vient de publier deux nouvelles études sur l’emploi dans la grande région. Elles portent toutes les deux sur la période du 4e trimestre 2024 mais la première concerne la conjoncture régionale et la seconde l’évolution de l’emploi et du chômage.

Mardis des rives 2025 : qui pour assurer la buvette de clôture ?

Appel à candidature • Chaque été, Grand Besançon Métropole propose une série de concerts gratuits en plein air aux abords du Doubs, animant ainsi les communes du territoire lors des Mardis des rives. Pour cette 12e édition, la soirée de clôture se tiendra à Besançon le mardi 26 août. Co-organisatrice de l'événement, la Ville de Besançon lance un appel à candidature pour l'exploitation de la buvette et de la restauration sur cet ultime rendez-vous festif.

Coupes budgétaires dans le secteur social et médico-social : une manifestation le 1er avril à Besançon

Après une première mobilisation rassemblant plus de 200 personnes le 24 mars à Besançon, les organisations syndicales CGT, FO, SUD, CFDT et CFTC appellent à une nouvelle action le 1er avril. Cette journée nationale de lutte et de mobilisation vise à dénoncer les coupes budgétaires affectant la protection de l’enfance et le secteur médico-social.

Shopping : l’Office du commerce et de l’artisanat de Besançon lance une nouvelle application et un site modernisé

L’Office du commerce et de l’artisanat de Besançon (Ocab) franchit une nouvelle étape ce mardi 25 mars dans la modernisation de l’expérience client en lançant une version améliorée de son application Besançon & Co, intégrant un tout nouvel onglet fidélité, ainsi qu’un site internet entièrement repensé.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 13.99
couvert
le 30/03 à 15h00
Vent
2.58 m/s
Pression
1021 hPa
Humidité
53 %