Avec AFP
Dans la nuit de mardi à mercredi, le tribunal correctionnel de Bobigny a relaxé le judoka de 38 ans à l'issue d'une audience en comparution immédiate, estimant "n'avoir pas assez de preuves de culpabilité". Le parquet, qui avait requis un an de prison avec sursis, a fait appel.
Ce jugement a soulevé l'indignation dans le monde du judo et sur les réseaux sociaux, où la justice s'est retrouvée accusée de laxisme envers les violences conjugales.
Alain Schmitt dénonce un "lynchage médiatique"
La controverse s'est embrasée mercredi avec la publication sur internet, par Margaux Pinot elle-même, d'une photo de son visage tuméfié peu après les faits. Les stars du judo français Teddy Riner et Clarisse Agbégnénou lui ont manifesté publiquement leur soutien.
"Il y a eu un appel (du parquet), c'est la justice. Ils ont le droit de le faire et ils l'ont fait. Maintenant, ce que je ne respecte pas par contre, c'est le lynchage médiatique qui a été fait autour de ça. Instagram, Twitter, c'est tout sauf un tribunal", a répliqué Alain Schmitt, un énorme bleu sur la partie supérieure droite du visage, lors d'une conférence de presse jeudi.
Margaux Pinot, 27 ans, accuse son compagnon et ex-entraîneur au sein du club l'Etoile sportive du Blanc-Mesnil de lui avoir asséné des coups, frappé la tête contre le sol mais aussi d'avoir tenté de l'étrangler lors d'une altercation dans la nuit de samedi à dimanche dernier à son domicile du Blanc-Mesnil (Seine-Saint-Denis).
Les policiers avaient interpellé Alain Schmitt peu après, suite à l'appel au 17 d'une voisine chez laquelle Margaux Pinot avait trouvé refuge.
Il démenti la version de Margaux Pinot
Aux côtés de ses avocats, par moments ému, Alain Schmitt a de nouveau démenti la version de sa désormais "ex-compagne" et nié catégoriquement l'avoir frappée. Comme au tribunal, le judoka sans antécédents judiciaires a présenté à la presse une version à l'opposé de celle de la médaillée d'or des JO de Tokyo.
Selon lui, Margaux Pinot était amère depuis l'annonce de son départ pour Israël. Alain Schmitt devait y entraîner la sélection nationale féminine, une offre qu'il dit avoir acceptée pour fuir une relation qu'il a présentée comme instable et en dents de scie.
Quelques heures avant son vol prévu au petit matin dimanche, d'après le récit qu'il livre, Margaux Pinot aurait déclenché une dispute en lui reprochant de l'"abandonner". Le ton serait monté, les insultes et provocations auraient fusées de part et d'autre.
Puis Margaux Pinot se serait jetée sur lui et ils se seraient alors battus comme dans un combat de judo, roulant au milieu de l'appartement.
"Elle m'a percuté fort dans la porte, ensuite on est allés de droite à gauche, dans le mur, dans le radiateur... On a vraiment percuté partout", a décrit Alain Schmitt.
"Ses cris, ses cris"
D'après lui, leur couple avait déjà connu d'autres altercations violentes par le passé. "Elle se calmait au bout de deux-trois minutes, même si elle cassait tout, elle partait dans tous les sens", a-t-il déclaré, disant "prendre quelques coups de genoux en général".
"Ce qui est toujours flippant, c'est ses cris, ses cris. C'était une tension. À chaque fois que je partais, elle disait que je l'abandonnais. C'est pas une question d'abandonner les gens, je ne peux pas être dans la dispute permanente", a-t-il affirmé.
Le palmarès individuel de Margaux Pinot, qui a combattu dans deux catégories (-63 et -70 kg), comporte notamment une médaille de bronze mondiale en 2019, deux titres de championne d'Europe (2019 et 2020) et deux médailles d'argent continentales (2017, 2021).
Après la décision du tribunal de Bobigny, la Fédération israélienne de judo a annoncé mercredi avoir suspendu tout contact avec Alain Schmitt, médaillé de bronze aux Mondiaux de 2013 (-81 kg).
Margaux Pinot tiendra elle une conférence de presse en fin de journée, a annoncé son conseil à l'AFP.
(AFP)