Violences conjugales : pour Solidarité Femmes il faut “des moyens supplémentaires pour accompagner, enquêter, auditionner et juger”

LONG FORMAT • À l’occasion du 25 novembre qui est la journée internationale contre les violences faites aux femmes et aux minorités de genre, nous avons rencontré la présidente de l’association Solidarité Femmes, Eva Bronnenkant, qui nous a dévoilé le programme des actions menées durant ce mois de novembre et revient pour nous sur les missions et objectifs de son association.

© Élodie R.

En 2023, le nombre de victimes de violences conjugales enregistrées était en hausse de 10 % sur un an a annoncé, mercredi 6 novembre, le ministère de l’intérieur. 271.000 victimes, en très grande majorité des femmes, ont été enregistrées par les forces de sécurité l’année dernière. Bien qu’encore minimisé, le ministère de l’intérieur estime que seule une victime de violences conjugales sur quatre se signale aux services de sécurité, le nombre de victimes ne cesse d’augmenter.

Une augmentation qui s’explique en partie par la libération de la parole des victimes et de l’amélioration des conditions d’accueil de ces dernières. Ce phénomène s’est également ressenti au sein de l’association elle-même qui dit avoir accueilli davantage de victimes que les années précédentes. Ce qui n’est d’ailleurs pas sans conséquence pour l’association.

Un budget fragile

Avec l’augmentation de l’activité et les charges qui augmentent, elle commence "à être un peu juste au niveau des finances" et souhaiterait néanmoins pouvoir continuer à prendre en charge les victimes du mieux qu’elle peut, nous a confié la présidente de Solidarité Femmes. "Nous peinons à financer les activités de prise en charge des femmes et des enfants hors hébergement. Nous avons besoin du soutien de tous pour poursuivre une prise en charge de qualité et pouvoir accueillir un nombre croissant de personnes" a-t-elle ajouté.

SI elle reconnait d’ailleurs que la libéralisation de la parole est une très bonne chose, "maintenant il faut que les budgets suivent" ajoute Eva Bronnenkant. Il faut "des moyens supplémentaires pour accompagner, enquêter, auditionner, juger, et puis surtout aussi accompagner les victimes qui, à partir du moment où elles portent plainte, se mettent en danger" notamment en s’exposant par exemple à des risques de représailles du conjoint ou de l’ex-conjoint. 

Dans notre vidéo, la présidente, Eva Bronnenkant explique comment l’association s’est spécialisée dans l’accueil des femmes victimes de violences conjugales et le rôle qu’elle joue dans leur prise en charge. 

Les enfants pas épargnés par le phénomène

Selon l’association, 80 % des victimes de violences conjugales sont également des mères et 150.000 enfants en France subissent la violence conjugale qui règne dans leur foyer. Ils seraient même "plus d’une centaines par an" à devenir orphelins à la suite d’un féminicide ou à un suicide lié à des violences conjugales. Plus largement, 1 enfant sur 10 est victime de violences. Une cinquantaine d’associations et de syndicats appellent donc à manifester le 16 novembre 2024 contre les violences faites aux enfants et aux adolescents et pour réclamer "en urgence" une "véritable politique publique" en leur faveur.

Les cyberviolences, ces violences "invisibles"

Difficiles à déceler et parfois même à tracer, les cyberviolences conjugales s’inscrivent "dans le continuum des violences conjugales et peuvent se manifester en même temps ou suite à d’autres formes de violences verbales" qu’elles soient physiques, sexuelles, psychologiques, économiques etc. Pour l’association, elles font partie "des violences dites invisibles et insidieuses" qui s’exercent autant dans l’espace privé que dans l’espace public. Contrairement aux idées reçues, les cyberviolences ne touchent pas que les jeunes puisque "67% des appels au 3919 pour cyberviolences concernent des femmes de plus de 30 ans" avance l’association.

À l’instar du violentomètre, le cyber-violentoscope proposé par la Fédération nationale Solidarité Femmes, propose une pluralité de situations de cyberviolences au sein d’une relation et permet d’en mesurer la dangerosité. 

Les dates à retenir du mois de Novembre

Mais aussi : 

Impliquée dans le projet de la future maison des femmes, l'association Solidarité Femmes prévoit une installation d'ici 2026 dans leurs nouveaux locaux qui seront situés rue Jean Wyrsch dans le quartier Saint-Claude de Besançon.

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