Violences conjugales : Altérité, un foyer pour "éviter la réitération des faits"

Publié le 01/10/2019 - 17:36
Mis à jour le 03/10/2019 - 17:11

« Altérité, Accueil d’auteurs de violences et lutte contre la récidive », est l’une des rares structures en France s’adressant aux auteurs de violences conjugales. Il a été créé en octobre 2018. Quels constats ? éléments de réponses…

un appartement du foyer Altérité © Hélène Loget ©
un appartement du foyer Altérité © Hélène Loget ©

Habituellement, "pour les femmes, c'est la double peine : elles sont victimes de violences conjugales et en plus, elle sont obligées de quitter le domicile familial, parfois avec les enfants, pour s'éloigner de l'auteur", explique Sébastien Girin, responsable du foyer. Mais à Besançon, la discrète structure de huit appartements située dans un immeuble du centre historique, est conçue pour héberger 11 hommes en attente de jugement ou déjà condamnés. Leur placement dans ce foyer relève alors de l'exécution de leur peine.

Depuis sa création en octobre 2018, ils sont plus d'une trentaine, âgés de 19 à 75 ans, à y avoir été accueillis. L'initiative en revient principalement au parquet et à l'Association départementale du Doubs de sauvegarde de l'enfant à l'adulte (ADDSEA) qui en assure la gestion quotidienne. "La première protection pour madame, c'est de sortir monsieur du domicile conjugal", souligne le procureur de la République de Besançon Etienne Manteaux.

"éviter la réitération des faits"

Les auteurs de violences conjugales hébergés à Altérité doivent être présents dans leur logement de 19H00 à 8H00. Les visites extérieures sont interdites. Leurs obligations judiciaires, telles que l'obligation de soins ou l'interdiction de contacter la victime, sont étroitement contrôlées. Après 11 mois de fonctionnement, sept hommes ont vu leur placement au foyer révoqué pour avoir violé ces obligations. Ils ont été incarcérés.

Dans les locaux d'Altérité, les pensionnaires bénéficient d'un suivi psychosocial global visant "à éviter la réitération des faits", souligne M. Manteaux. Parmi eux : Alexandre, 33 ans. Après un mois de prison, le jeune homme a intégré le dispositif Altérité, bénéficiant d'un aménagement de peine. Alexandre avait été condamné en récidive à 9 mois de prison dont 3 mois fermes, pour avoir frappé sa compagne qui l'avait mis à la porte, lui reprochant de ne pas avoir payé le loyer. 

Des groupes de paroles

En 2016, il avait déjà été condamné pour des violences sur cette jeune femme âgée comme lui de 33 ans, enceinte, mère de leur fils de 9 ans et de deux autres enfants de 13 et 15 ans nés d'une première union. Au rythme de deux rendez-vous par semaine avec une psychologue, il "cherche à comprendre pourquoi ça s'est passé".

"C'est comme si on prenait un sac, qu'on le vidait sur une table et qu'on prenait objet par objet, problème par problème", raconte ce grand jeune homme aux cheveux noirs coupés à ras et à la barbe bien dessinée, mal à l'aise à l'évocation des faits. "Il n'y a pas que les violences conjugales, il y a mon attitude qui fait qu'elle n'est pas bien et qu'on a des difficultés dans notre couple", confie-t-il, évoquant son addiction au cannabis, "la vie qu'il mène" et ses trop fréquentes sorties "entre potes en discothèque". Les professionnels d'Altérité, qui organisent également des groupes de paroles, établissent "un lien de confiance" avec les hommes hébergés et leur "donnent la parole sans les stigmatiser", explique la psychologue Anouchka Vullo.

"L'objectif est de comprendre le contexte, comment on en est arrivé là et de travailler leur relation à la femme", poursuit-elle, "souvent, ils minimisent les faits, certains sont dans le déni". L'assistante sociale Nadine Lacaille-Berthelon note qu'il s'agit fréquemment de personnes présentant "de lourds antécédents familiaux, exposés dans leur enfance à des situations difficiles, enfants placés, père absent, violent ou alcoolique, image maternelle défaillante".

À Altérité, Alexandre parle ainsi de son parcours de vie compliqué, de son père en prison quand il est né, de son beau-père qui l'a adopté quand il avait à 3 ans et qui brutalisait sa mère.

"L'enjeu c'est de trouver la faille pour pouvoir travailler dessus. Ils doivent prendre conscience que ce qu'ils ont fait est inacceptable", note Mme Lacaille-Berthelon, "mais parfois, ça reste bloqué". Alexandre lui, essaie d'avancer : "A l'avenir, est-ce que je serai retenté (de la frapper) ? Je ne sais pas du tout. C'est mon objectif, mais j'ai encore beaucoup de travail à faire".

(Source AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Société

La création de jeux au service de la santé : développeurs, graphistes et musiciens invités à participer au Ludi’Health 2025 à Besançon

Ludi’Heath est le projet commun du Hacking health et du Collectif ludique bisontin. Un nouvel événement pour générer l’intelligence nécessaire à de nouveaux projets innovants du jeu, sous toutes ses formes, au service de la santé. Le principe de cet événement est de réunir, du 7 au 9 février 2025, des créateurs (informaticiens, graphistes, musiciens, etc) et des professionnels de santé autour de problématiques médicales ou d’accessibilité et d'y apporter un début de réponse de façon ludique. Envie d'y participer ?

Ovinpiades : qui sont les jeunes éleveurs sélectionnés pour la finale au Salon de l’agriculture à Paris ?

Au lycée agricole de Levier, la finale territoriale Franche-Comté a réuni plus de 32 élèves, âgés de 16 à 24 ans, issus des huit établissements d’enseignement agricole du territoire. Pour être les meilleurs jeunes bergers de Franche-Comté, les candidats ont dû réaliser avec succès une série d’épreuves théoriques et pratiques, inspirées des gestes quotidiens de l’éleveur, comme trier des brebis à l’aide d’un lecteur électronique, apprécier la santé d’une brebis, évaluer son état corporel, ou encore lui parer ses onglons...

2025, “l’année de la paix” pour le général de la 1re Division Jean-Pierre Fagué

À l’occasion de la cérémonie des voeux adressés à l’ensemble des autorités locales, le général Jean-Pierre Fagué, aux commandes de la 1re Division de l’armée de Terre depuis août  2024, a effectué un tour d’horizon rétrospectif de l’année 2024 avant d’aborder les perspectives de l’année 2025 le 13 janvier dernier à l’hôtel de Clévans de Besançon.

Un fait divers de maCommune.info s’invite au Jamel Comedy club

INSOLITE • La troisième édition du festival Drôlement Bien s’est ouverte jeudi 16 janvier 2025 avec le spectacle du Jamel comedy club. Au cours de la soirée, l’actualité bisontine a d’ailleurs inspiré le maître de cérémonie Jamel Debbouze qui n’a pas manqué de citer l’un des articles de maCommune.info pour s’adonner à quelques plaisanteries. 

"Bureaux des coeurs", quand des chefs d'entreprises accueillent des personnes SDF dans leurs bureaux

C’est le pari que s’est lancé Pierre Arnaud en accueillant en 2023 son premier "invité", hébergé temporairement au sein des bureaux de son entreprise bisontine. Même s’il n’est plus à la tête de Naoki entreprise de propreté, cette dernière accueille toujours une personne à passer la nuit. Pierre Arnaud, lui, est devenu délégué des bureaux du cœur à Besançon. Explications.

La Percée du vin jaune revient en 2026 à…

L’annonce du Conseil d’administration des ambassadeurs des vins jaunes de ne pas organiser de Percée en 2025 avait fait l’effet d’un coup de tonnerre en Franche-Comté et beaucoup s’inquiétaient d’une probable disparition de l’événement. Il n’en est finalement rien ! Les organisateurs ont annoncé mercredi 15 janvier 2025 sur leurs réseaux sociaux qu’une 27e édition aurait bien lieu en 2026. 

Quelles sont les nouveautés et les objectifs du recensement en Bourgogne Franche-Comté ?

Lors d’une conférence de presse donnée ce mardi, l’Insee Bourgogne-Franche-Comté a tenu à éclaircir différents points sur la mise en place du recensement de la population. De nouvelles questions ont été ajoutées et une "enquête familles" est également à remplir. Une question suscite d’ailleurs le débat depuis plusieurs jours… Pour rappel, la campagne démarre ce jeudi 16 janvier 2025.

Il veut sauver l’invention de son père qui aide les “accidentés de la vie”

Éric Levasseur est électricien indépendant et souhaite aujourd’hui sauver l’invention française de son père baptisée Stella, un embout universel pour cannes et béquilles qui améliore la sécurité et le confort de déplacement des personnes à mobilité réduite. Il a ouvert un financement participatif afin de récolter les fonds nécessaires pour lui permettre de relancer la production. 

La cancoillotte part à l’assaut de l’Hexagone

Après l’obtention de son IGP il y a bientôt trois ans, la cancoillotte a connu en six ans une évolution de ses ventes de 19%. Aujourd’hui la spécialité fromagère de Franche-Comté compte bien poursuivre sur sa lancée et partir à la conquête de toutes les cuisines de l’Hexagone grâce à une campagne de communication enrichie. 

Recette de la galette Besançon Booster de bonheur à la spiruline

Enseignants au CFA Hilaire de Chardonnet, Christophe Dubois et Mathieu Dizien-Cheviet ont créé une recette originale de galette des rois à base de spiruline des Bassins fermiers de Vivien Desgrange. Pour ce week-end du 11 et 12 janvier 2025, on vous propose donc de découvrir la recette de la galette Besançon booster de bonheur.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 3.82
ciel dégagé
le 18/01 à 15h00
Vent
1.38 m/s
Pression
1027 hPa
Humidité
74 %