"On est en train de perdre des joyaux" que seuls des investisseurs financiers ou des grands groupes ont les moyens de reprendre, a affirmé lors d'une conférence de presse Jérôme Bauer, président de la Confédération nationale des appellations d'origine contrôlée (Cnaoc). Les vignes deviennent un "cadeau empoisonné" pour les enfants de viticulteurs qui "vont s'endetter pendant 40 ans" afin de régler les frais liés à la transmission familiale et ne pourront investir, a-t-il ajouté, lors d'une communication commune avec les représentants de Champagne, de Bourgogne et de Bordeaux, en marge des débats parlementaires sur le budget 2025.
"On ne sera plus propriétaire de nos terres parce qu'on n'y arrivera plus", a renchéri Thiébault Huber, pour la Bourgogne, où un "groupe de luxe" - en l'occurrence LVMH - vient d'acheter 1,3 hectare pour 15,5 millions d'euros. "Souvent on entend +C'est des problèmes de riches+" mais "ça a détruit des familles", a soulevé M. Huber.
Comme le principal syndicat agricole FNSEA, les organisations demandent un élargissement aux terres agricoles du "pacte Dutreil", qui allège fortement la.fiscalité des transmissions d'entreprises familiales. En échange, précisent-elles, les repreneurs s'engageront à ne pas vendre les parcelles avant au moins 15 ans. A l'heure actuelle en Champagne, un hectare vaut autour d'un million d'euros. Pour le racheter à son parent, un enfant doit verser 150.000 euros à l'Etat, contre 50.000 avec la mesure défendue par la profession, a illustré auprès de l'AFP le syndicat général des vignerons (SGV) de la Champagne.
"Ce qu'on veut, c'est transmettre à nos enfants, installer des jeunes, continuer à faire vivre une histoire", a plaidé Maxime Toubart, du SGV Champagne, lançant un "appel du coeur vers les parlementaires", tout en reconnaissant que l'évaluation du coût de la mesure restait à faire.
(Source AFP)