"Nous allons devoir livrer ensemble une course de fond. Je sais que des efforts colossaux ont déjà été demandés aux Français", qui se sont montrés "à la hauteur de ce qui semblait impossible il y a deux mois à peine", a déclaré le ministre de la Santé Olivier Véran.
"Quatorzaine" obligatoire
Comme prévu, le gouvernement a rendu obligatoire une "quatorzaine" pour les personnes arrivant sur le territoire national, dont les conditions de mise en œuvre doivent être arrêtées dans les jours à venir, et un isolement si elles sont malades.
En cas de refus, elles s'exposeront à une sanction. Ces mesures pourront faire l'objet d'un recours devant un juge de la liberté et de la détention
En revanche, pour les personnes testées positives qui se trouvent déjà sur le territoire, le gouvernement "n'a pas pris de dispositif législatif pour imposer l'isolement", a détaillé le ministre, comptant sur "l'esprit de responsabilité des Français".
Il a également précisé les dispositifs de collecte d'informations sur les malades, qui permettront à des "brigades" d'identifier les cas contacts des personnes testées positives. En revanche, l'application de traçage controversée StopCovid ne sera pas disponible le 11 mai.
"Le déconfinement ne sera pas un pur et simple retour en arrière, nous allons devoir vivre pour un temps avec le virus", a insisté Olivier Véran.
Pas de passeport immunitaire
La Haute autorité de santé (HAS) a précisé pour sa part les cas où les tests sérologiques - ceux qui cherchent les anticorps - étaient utiles : pour les personnels soignants et en hébergement collectif (Ehpad, casernes, prisons...). Mais il est impossible aujourd'hui de "délivrer le passeport immunitaire dont tout le monde rêve pour le déconfinement".
Déconfinement dans la vie quotidienne
En fonction de la tension sanitaire dans les départements (faible : vert - élevé: rouge), l'organisation de la vie quotidienne diffère légèrement. Seule différence entre départements verts et rouges : le maintien de la fermeture des parcs et jardins. C'est finalement sur les ouverture des classes (voir plus bas) que le différentiel sera le plus important.
Masques et école
De nombreuses interrogations demeurent toutefois sur l'après-11 mai, notamment concernant la réouverture des écoles, sujet majeur de préoccupation des Français. La "majorité des écoles" maternelles et primaires seront au rendez-vous du 11 mai, a assuré Jean-Michel Blanquer, avec un maximum de 15 enfants par classe.
En Bourgogne-Franche-Comté, le retour en classe n'est pas prévu avant le jeudi 14 mai 2020. C'est aussi le cas ailleurs en France. A Lyon par exemple, le retour se fera de façon échelonnée, entre le 14 mai et le 4 juin, sauf pour les petites et moyennes sections de maternelle, selon la mairie.
Pour accueillir des élèves, les écoles devront respecter un protocole sanitaire très strict : lavage de mains répétés, jeux proscrits, désinfection du matériel, sens de circulation marqué au sol... un vrai casse-tête.
Pouvoir de verbalisation
Autre source de tension : la vente des masques dont le port sera obligatoire dans les transports publics.
Dans ce cadre, le pouvoir de verbalisation sera étendu notamment aux agents des transports en commun, a annoncé le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner.
A dix jours du déconfinement, le gouvernement a plafonné le prix de vente des masques chirurgicaux à 95 centimes l'unité, mais pas celui des masques en tissu, en raison de la diversité des modèles et de leur provenance.
Dans la grande distribution, les masques à usage unique seront vendus "à prix coûtant" et les masques en tissu "entre deux et trois euros", a assuré Jacques Creyssel, délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), se défendant d'avoir des constitué des "stocks cachés", comme l'ont reproché de nombreux soignants, qui eux en ont cruellement manqué.
La sénatrice de Gironde Nathalie Delattre (Mouvement radical) a demandé la constitution d'une commission d'enquête sur le sujet.
Sur le plan économique, la crise sanitaire continue ses ravages : la SNCF a subi un manque à gagner de deux milliards d'euros du fait du virus, a annoncé son PDG Jean-Pierre Farandou, envisageant une aide de l'Etat et des suppressions de postes.
Les soignants, eux, s'inquiètent toujours de la possibilité d'une deuxième vague : "l'hôpital a tenu la première fois mais si on devait avoir une deuxième vague, on est morts", a prévenu Philippe-Gabriel Steg, cardiologue de l'hôpital Bichat.