"Par rapport à un millésime normal, on est plutôt à la moitié de perte", a indiqué à l'AFP Ludivine Griveau, la régisseure des 60 hectares de vignes des Hospices, un des plus grands et prestigieux domaines de Bourgogne. "Par rapport à 2021, le dernier millésime avec des quantités très petites, c'est un peu tôt pour le dire mais j'ai l'impression qu'on fera un peu plus", a-t-elle ajouté.
"Le millésime 2024 nous a donné du fil à retordre", a-t-elle résumé, "avec un printemps pluvieux et le mildiou", champignon parasite ennemi numéro un de la vigne. "En 2024, il y a eu plus 87% de précipitations par rapport à la normale", a rappelé la régisseure.
À tel point que les Hospices, dont les vins sont passés en bio cette année, se sont sérieusement interrogés sur la poursuite de la conversion, qui oblige à des traitements non chimiques moins efficaces contre le mildiou. "Oui, nous avons douté. Mais nous avons accepté de prendre plus de risques", a expliqué Mme Griveau."Mais 2024 va finalement donner de jolis raisins, avec une belle maturité aromatique. La preuve qu'une grossesse peut être difficile mais que l'enfant peut aller très bien", a-t-elle souligné.
Un nombre de lots encore inconnu
Mme Griveau ne s'est pas prononcé sur le nombre de lots qui seront mis en vente lors de la traditionnelle vente aux enchères des Hospices de Beaune, née en 1849, qui se déroulera le 17 novembre.
En 2021, "millesimus horribilis" marqué par des fortes gelées tardives qui avaient décimé la vigne, seuls 356 fûts avaient été proposés aux enchères, du jamais vu depuis 1977. Le produit total des enchères avait quand même atteint 11,725 millions d'euros (sans les frais), le prix par fût bondissant face à une demande qui ne se dément pas pour les vins de Bourgogne.
Les Hospices civils de Beaune, qui regroupent quatre hôpitaux et six Ehpad, reposent entièrement sur le produit de la vente des vins pour la rénovation et l'achat d'équipements, pour lesquels ils ne touchent aucune subvention de l'État.
Les Hospices ont été fondés en 1443 dans le but de venir en aide aux "pôvres malades", comme on disait au Moyen-Âge. Pour ce faire, ils comptent sur les dons des plus riches, en grande partie en vignes.
(AFP)