Le "taulier" de l'arc français, selon les mots de l'entraîneur de l'équipe de France Marc Dellenbach, a encore visé juste, même en finale, jusqu'à la dernière manche. Mais le Sud-Coréen Ku Bonchan, N.2 mondial et déjà sacré par équipes samedi dernier, était vraiment trop fort (7-3).
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Valladont : "Je fais du tir à l'arc pour me faire plaisir. En finale, tu sais que tu as ta médaille. Tu tires sans pression, c'est vraiment l'extase. Ca m'a rendu très heureux"
"J'étais venu pour une médaille. Aujourd'hui (vendredi), elle est à moi", s'est félicité l'archer âgé de 27 ans, sans laisser paraître d'émotion particulière.
Le parcours du Franc-Comtois n'a pourtant pas été de tout repos vendredi, mais il est resté maître de ses nerfs. Il s'est fait peur en quarts de finale, en battant l'Italien Mauro Nespoli à la flèche décisive. Mais le chasseur a su se faire patient, et après avoir raté ses premiers sets, il a réussi à revenir dans le match et à rattraper sa proie. Rebelote en demi-finale : mené par le Néerlandais Sjef van den Berg, N.5 mondial, il a su revenir dans la partie, faire craquer son adversaire et s'imposer malgré le vent (7-3).
'Tuer un sanglier', comme une médaille
"Avec ton arc, si tu veux arriver à tirer un sanglier ou un chevreuil, tu es obligé d'approcher à 15-20 mètres au grand maximum", explique ce passionné de chasse. "Si on tire trois flèches par an, c'est le bout du monde. La satisfaction, c'est d'avoir réussi à tuer un sanglier avec ton arc après quatre heures à ramper dans un champ de maïs. C'est un peu comme aller chercher une médaille olympique une fois tous les quatre ans", compare le tout nouveau vice-champion olympique.
Au quotidien, Valladont partage sa vie entre l'Insep, les parties de chasse, de pêche, sa cave et sa cuisine. L'archer de Boussières, à une dizaine de kilomètres de Besançon, reste éloigné des réseaux sociaux, préférant descendre en Sologne après un entraînement pour y passer une nuit à l'affût dans un mirador, plutôt que de s'adonner à un quelconque vice électronique.
"J'aime la bonne bouffe, explique celui dont les barbecues sont célèbres à l'Insep. Chez moi, j'ai un fumoir, des saloirs, donc je fais mes jambons, mes pâtés, mon foie gras, mon saumon fumé... Il y a des gens qui rentrent chez eux et se mettent sur un divan à jouer à la PlayStation, à aller sur internet, sur les réseaux sociaux. Moi, je rentre chez moi le soir, et si j'ai deux heures, je fais cinquante saucissons."
A Tokyo pour l'or en 2020
Le tir à l'arc n'est donc pas arrivé par hasard dans la vie du Doubien. D'autant que la vigne étant la passion de son père, et le métier de sa soeur, un avenir dans le marathon ou le cyclisme professionnel semblait assez éloigné des centres d'intérêt familiaux.
"On peut boire et bien manger au tir à l'arc, on n'est pas un sport où on a besoin de sauter à la perche. Si on fait cent kilos, on n'arrivera pas à monter à plus trois mètres. Ce n'est pas le cas (à l'arc). Ce qu'il faut, c'est être fort physiquement et psychologiquement. On peut obtenir de très bonnes performances en étant comme ça", assure Valladont. Sa compagne se plaît à dire qu'il serait prêt à échanger une médaille contre une maison en Sologne. Lui en doute, même si "ce paradis de la chasse" le "rend heureux".
S'il n'a pas arrêté sa décision concernant un éventuel déménagement, il a, en revanche, déjà Tokyo et les JO-2020 en tête. "Je serai à Tokyo, affirme-t-il. Je vais tout faire pour y être. Je n'ai pas eu l'or aujourd'hui, alors..."