Les Vaîtes. C'est le dossier épineux du début de mandat de la maire écologiste Anne Vignot à Besançon. Le besoin de logement face à la préservation de 23 hectares de nature en ville, dont une partie en terres maraîchères.
À l'origine, le projet des Vaites, déposé en 2016, envisageait d'urbaniser partiellement le secteur avec la création de 1.150 logements, dont 20 % en locatif social et 15 % en accession abordable avec un objectif de 40 % d'énergies renouvelables. Depuis 2018, l'association le Jardin des Vaites n'a eu de cesse de se mobiliser contre le projet.
"Grâce à une analyse fine, tout le monde est arrivé sur un compromis en pensant à la fonctionnalité des milieux, que ce soit pour les usages immobiliers et les usages du milieu naturel" Anne Vignot, maire de Besançon.
Au-delà des enjeux urbanistiques et de recomposition urbaine pour répondre aux besoins de logement en ville, ce projet est devenu le symbole de la gestion politique d'Anne Vignot.
La maire écologiste a mis en place un GEEC, un groupe d'experts pour l'environnement et le climat dont les conclusions ont été rendues en mars 2021.
Écoquartier des Vaîtes : le groupe d'experts a rendu son rapport
Rapport du Geec •
Anne Vignot avait promis la création d’un GEEC local afin d’expertiser des dossiers liés à l’environnement. Très attendu, le rapport du groupe d’étude de l’environnement et du climat vient d’être rendu sur le sujet très sensible du quartier des Vaîtes ce 11 mars 2021. Que dit ce rapport ? Quelles sont les préconisations des experts ? Premiers éléments de réponses avant la consultation citoyenne autour de l’écoquartier en avril et mai 2021.
Puis, dans un souci de "démocratie participative", la maire a ensuite souhaité associer les habitants avec une consultation citoyenne dont la synthèse a été dévoilée début juin avec deux approches. 37 % ne souhaitent aucune construction. 40 % sont favorable à un aménagement, mais avec des constructions limitées.
500 à 600 logements
Le dossier revient donc dans les mains de la municipalité. Et ce sont 4,85 ha de plus que ne seront pas urbanisé comparé au projet initial, notamment dans la partie nord-est (voir schémas en bas de l'article).
"Le projet a été réduit. Il est passé de 71% à 50% de zones urbanisables" explique Anne Vignot soulignant une décision qui découle de la consultation scientifique du GEEC, de la plateforme de consultation et de la conférence citoyenne. "Nous avons pris en compte les avis émis par les citoyens, les scientifiques et les questions liées à la biodiversité...."
De l'abandon du projet à la poursuite du projet initial de 2011 validé en 2016, la municipalité écologiste de Besançon va donc soumettre au vote une nouvelle mouture des Vaites. "L'idée était de mener ensemble un projet collectif qui réponde dans la conciliation à ces enjeux. On va maintenir la fonctionnalité des milieux sur le plan hydrologique et de la biodiversité, etc. Mais ce ce projet est aussi compatible avec l'idée que l'on une solution d'habitat en démultipliant la typologie des logements pour tous et conformes aux attentes actuelles. Il faut penser à un urbanisme global à l'échelle de la ville et du Grand Besançon."
Anne Vignot souhaite donc maintenir entre 500 et 600 logements sur le secteur afin d'éviter la "fuite des familles" autour de Besançon. "Ce quartier doit faire la couture entre un urbanisme ancien et la colline des Bicquey. L'enjeu est de travailler le plus finement possible cette relation entre société humaine et milieu naturel et donc dans cette forme nouvelle d'habiter..."
Sur le plan judiciaire, le Conseil d’État a suspendu le projet dans son arrêté du 3 juillet 2020 et demande à l'aménageur Territoire 25 des propositions "alternatives". "La justice s'interrogeait sur le respect de l'intérêt public et des enjeux environnementaux. Nous répondons à tous ces enjeux-là, donc je suis optimiste sur ce point..."
Quant à la question de l'occupation du site par des militants opposés au projet, Anne Vignot a tenu un discours de fermeté. "Maintenant que l'on a consulté les scientifiques et les citoyens, il sera temps de respecter le vote des élus. C'est la loi qui s'appliquera" conclut-elle.