La 16e édition de l’UTMB, pour laquelle 2561 coureurs se sont élancés, ne sera terminée que dimanche à 16h30 avec la fermeture de la barrière horaire (46h30). Les derniers à franchir la ligne auront, eux, passé deux nuits dehors.
Ce succès épatant, enlevé en 20 h 44 min devant un Roumain très discret sur le circuit, Robert Hajnal (2e, 21 h 31:37), propulse le Jurassien de 30 ans dans un cercle très fermé de triples vainqueurs de l'UTMB, avec le Français François D'Haene et l'Espagnol Kilian Jornet.
Star incontestée de la montagne, Jornet s'est retiré du jeu samedi à mi-parcours, vaincu par... une abeille. Trois heures avant le départ, il a été piqué à un pied. Or le Catalan est allergique. Il aura tout de même tenu dans le trio de tête durant quelque dix heures avant d'éprouver des difficultés à respirer et de souffrir de douleurs dans la poitrine et de nausées.
Jornet n'a pas été le seul abandon parmi l'élite. Pire ! Les pointures que sont Zach Miller et Jim Walmsley, venus pour devenir le premier Américain à remporter l'UTMB, ont lâché après avoir été au bout d'eux-mêmes.
En larmes, incapables de cesser de trembler, leur corps n'a plus été que douleur. Et le passage au centre de ravitaillement a pris des allures de scène tragique.
Ils s'étaient pourtant durement préparés tout au long de l'année pour réussir à courir durant ces 170 km (dont 9800 m de dénivelés positifs) qui ont fait de l'UTMB le Graal pour tous les fondus de la course d'endurance en montagne. Miller avait même fait 4 fois le tour du Mont Blanc cette année.
Beaucoup de larmes
Mais c'était sans compter la pression et la rivalité. Le passage au point de ravitaillement de Champec (Suisse) situé au kilomètre 126 n'aura été qu'un calvaire pour Zach Miller.
En duel avec Thévenard avec trente petites secondes d'écart, l'Américain a éclaté en sanglots en s'asseyant sur un banc, près de la personne de son équipe qui s'occupe de son assistance. Les traits crispés, pris de tremblements incessants, il a semblé perdu au milieu de nulle part, ne sachant pas où regarder. Au bout de quinze minutes interminables, il a tenté de se lever. Tel un vieillard, il a chancelé et posé péniblement un pied devant l'autre, le dos courbé.
"Je n'ai pas des qualités surnaturelles, je m'entraîne dur"
Il est cependant reparti, la démarche terrible, avant finalement d'abandonner.
Thévenard avait payé très cher l'année dernière de partir à un train d'enfer, jouant trop vite et trop tôt la gagne. "Je voulais faire cette année un UTMB avec une meilleure gestion", a souligné le Français, qui a tout de même craqué mais après avoir franchi la ligne d'arrivée, ému aux larmes. "Je n'ai pas des qualités surnaturelles, je m'entraîne dur, je fais du mieux possible parce que c'est un sport que j'aime. Ce qui fait la différence chez moi, c'est que je suis tellement content d'être dans la montagne et de courir dans ces endroits fantastiques. C'est ce qui me donne la pêche"
(Avec AFP)