"Des hommes armés sont venus chez Béatrice à Tombouctou. Ils étaient armés. Ils ont tapé, elle a ouvert et ils sont partis avec elle", a indiqué une source de sécurité malienne après l'enlèvement d'une ressortissante suisse. Le ministère suisse des Affaires étrangères a quant à lui confirmé dans un communiqué "avoir connaissance de l'enlèvement présumé d'une Suissesse au Mali", soulignant que, pour des raisons de protection des données, il ne donnerait aucune information supplémentaire.
"Un lâche assassinat" il y a quelques semaines
Cet enlèvement, le premier d'Occidental au Mali depuis celui des journalistes de la radio RFI Ghislaine Dupont et Claude Verlon, assassinés par leurs ravisseurs le 2 novembre 2013 à Kidal, n'avait pas encore été revendiqué ce vendredi à la mi-journée. Il survient après l'assassinat, à la mi-décembre 2015, dans la même ville de trois personnes, dont un journaliste de la radio chrétienne Tahanite (pitié, en langue locale tamasheq) qui émet depuis Tombouctou. Une source de sécurité malienne avait alors parlé d'"un lâche assassinat perpétré par ceux qui veulent créer la guerre des religions", en référence à la confession catholique de deux des victimes.
Une missionnaire suisse déjà enlevé en 2012
Béatrice Stockly vivait à Tombouctou, où elle avait déjà été enlevée en avril 2012 par des djihadistes, puis libérée peu après grâce à une médiation du Burkina Faso. Ce premier enlèvement avait été le fait du groupe islamiste Ansar Dine, du Touareg malien Iyad Ag Ghaly, qui contrôlait alors la ville. Béatrice Stockly avait alors refusé de quitter la cité historique baptisée "la perle du désert". La libération de cette femme qui revendique sa foi chrétienne, très impliquée dans les actions sociales, était intervenue au bout d'une dizaine de jours contre le paiement d'une rançon, avaient affirmé à l'AFP plusieurs sources de sécurité. Un médiateur burkinabè et un responsable du groupe Ansar Dine avaient démenti tout versement de rançon.
2 personnes en captivité
Des nombreux étrangers enlevés ces dernières années au Mali par des groupes djihadistes, seuls deux restent officiellement en captivité : un Sud-africain et un Suédois, retenus par Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) depuis leur rapt à Tombouctou en 2011.
Le nord du Mali était tombé en mars-avril 2012 sous la coupe de groupes djihadistes liés à Al-Qaïda, dont Aqmi et Ansar Dine, après la déroute de l'armée face à la rébellion à dominante touareg, d'abord alliée à ces groupes qui l'ont ensuite évincée. Ces groupes y ont été dispersés et en grande partie chassés à la suite du lancement en janvier 2013, à l'initiative de Paris, d'une intervention militaire internationale qui se poursuit actuellement.
Un accord de paix non respecté
Mais des zones entières échappent encore au contrôle des forces maliennes et étrangères, malgré la signature en mai-juin 2015 d'un accord de paix entre le gouvernement malien, les groupes qui le soutiennent et l'ex-rébellion de la Coordination des mouvements de l'Azawad (CMA). Le pays est d'ailleurs sous état d'urgence jusqu'au 31 mars 2016, une mesure prise pour dix jours à la suite de l'attentat djihadiste contre un grand hôtel de Bamako le 20 novembre 2015 (20 morts, dont 14 étrangers, outre les assaillants), puis reconduite le 22 décembre 2015 à titre préventif.
(AFP)