Une sécheresse record depuis 1884 dans le Doubs : “En situation de crise, on emploie les moyens de crise”

Plusieurs élus des collectivités du Haut-Doubs se sont réunis autour du préfet Joël Mathurin à la préfecture du Doubs à Besançon mercredi 24 octobre 2018 pour parler de la situation de crise de sècheresse qui sévit depuis mi-juin dernier.

Nicolas Régny, directeur de cabinet du préfet du Doubs ©Alexane Alfaro ©

L'objectif de cette réunion de crise était de dresser un bilan sur les situations respectives des communes, mais aussi de coordonner les moyens supplémentaires à mettre en place dans celles qui rencontrent le plus difficultés. "On est en période de crise, on est sorti du cadre donc on est amenés à trouver des solutions qu'on ne choisirait pas habituellement en période de paix, en situation de crise, on emploie les moyens de crise" a expliqué le directeur du cabinet du préfet Nicolas Régny suite à la réunion. Si la situation nécessite des installations de canalisations provisoires, s'il faut des moyens de ravitaillement, de connexion, ce sera donc possible.

L'ensemble des élus et le préfet ont également été amenés à trouver des solutions, la priorité de Joël Mathurin étant aujourd'hui l'eau potable, "mais on n'oublie pas les autres priorités telles que l'alimentation en eau des bovins et notamment des montbéliardes, on n'oublie pas non plus l'activité piscicole", précise Nicolas Régny.

Des solutions à court terme

"La situation actuelle est critique", a déclaré à plusieurs reprises Nicolas Régny, "on a pu trouver des solutions à court terme pour les collectivités les plus en difficultés".

Aujourd'hui, 34 collectivités sont alimentées par des camions-citernes d'eau potable. 38 autres ont une ressource peu suffisante. Quatre communes sont alimentées par des ressources exceptionnelles notamment par le pompage d'eau dans les lacs ou le Doubs.

Des sources et ressources supplémentaires cachées…

La réunion de ce jour a également permis de prendre connaissance des possibles ressources supplémentaires : "on sait notamment dans le Haut-Doubs qu'il existe certaines sources qui ne sont pas alimentées pour des raisons historiques, sanitaires… mais que nous pouvons être amenés à réactiver en situation de crise", a souligné Nicolas Régny. À Métabief par exemple, sous le centre-ville, une ressource en eau potable n'est actuellement pas exploitée parce qu'elle n'est pas sécurisée. "Cela ne veut pas dire qu'on ne pourra pas l'utiliser", précise le directeur de cabinet.

Les collectivités du Haut-Doubs solidaires

Nicolas Régny a précisé que "la situation est suivie de très près par les services de l'État" et que "nous ne sommes pas dans une bataille de l'eau". Il a indiqué que "les communes sont dans un partage - celles qui ont de l'eau proposent dans donner à celles qui en ont le moins – il y a une vraie solidarité."

Yannick Cadet, chef de service Eau, risque, nature et forêt à la DDT du Doubs, Nicolas Régny, directeur de cabinet du préfet du Doubs, Christian Schwartz, directeur départemental des territoires du Doubs et Eric Lalaurie, chef du département Santé et environnement à l'ARS. ©Alexane Alfaro ©

Un record de sècheresse depuis 1885

Nombreux sont celles et ceux qui se demandent si cet épisode sec dans le Doubs est une première. D'un point de vue météorologique, selon Yannick Cadet, chef de service Eau, risque, nature et forêt à la Direction départementale des territoires du Doubs, cette sècheresse est un record. "L'épisode dure depuis mi-juin ; on n'a jamais eu aussi peu de précipitations depuis 1885 et les températures moyennes n'ont jamais été aussi élevées et sont supérieures à 2003", explique-t-il. Il ajoute qu’"il y a la vulnérabilité intrinsèque de notre système karstique, mais on vit aussi une situation hydrologique exceptionnelle et record."

Un hiver froid et sec n'aidera pas à améliorer la situation

Les élus espèrent de nombreuses et intenses chutes de pluie ces prochaines semaines ainsi qu'un hiver pas trop froid ni trop sec. Le pire des scénarios serait qu'un printemps 2019 sans pluie succède à une période hivernale froide et sèche. Cela placerait la département dans une situation catastrophique.

"Aujourd'hui, on maîtrise la situation, car on a eu un printemps pluvieux, si ça n'avait pas été le cas, ce serait actuellement très compliqué", précise Christian Schwartz, directeur départemental des territoires du Doubs.

L'équivalent d'une semaine de pluie prévu ce week-end (ouf !)

Météo France annonce, pour l'instant, une vingtaine de millimètres de pluie samedi 27 et dimanche 28 octobre sur le Doubs. "Cette quantité correspond à une semaine de pluie", précise Christian Schwartz. Les élus comptent beaucoup sur cet épisode, dont l'indice de confiance est bon, à condition que la pluie ne soit pas remplacée par de la neige dans le Haut-Doubs ! Cela n'aiderait en rien la situation préoccupante que l'on connaît.

Une situation de "catastrophe naturelle" ?

Il est encore impossible d'affirmer s'il s'agit l'état de catastrophe naturelle est ou sera reconnu dans les communes les plus touchées. "Il faut attendre le printemps 2019 pour le savoir, car il ne s'agit pas d'une procédure à court terme, il y aura des études qui seront réalisées, mais au printemps", souligne Nicolas Régny.

Le Grand Besançon, pas (encore ?) touché

Actuellement, "il n'y a pas de difficulté identifiée" dans le secteur du Grand Besançon et de ses 69 communes selon Éric Lalaurie, chef du département Santé et environnement à l'Agence Régionale de Santé. La communauté d'agglomération compte pas moins de trois ressources en eau interconnectées "qui permettent une bonne sécurisation", précise-t-il. Ces trois ressources sont la source d'Arcier prélevée dans la Malate, la loue à Chenecey-Buillon et des karsts profonds dans la plaine de Thise-Novillars.

Un plan B a malgré tout été imaginé et serait prêt à être mis en place en cas de difficulté : il consiste à pomper l'eau dans le Doubs.

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