"L'Eglise s'en est tirée avec ses crimes depuis trop longtemps", a déclaré Peter Saunders lors d'une conférence de presse annonçant la création de l'organisation "Ending clerical abuse" (ECA, "Pour en finir avec les abus du clergé").
L'ECA veut "forcer l'Eglise catholique à mettre fin aux abus au sein du clergé, en particulier envers les enfants, afin de les protéger et de réclamer justice pour les victimes", a ajouté le Britannique, un ex-membre de la Commission pontificale pour la protection des mineurs.
José Andres Murillo, un Chilien victime d'un prêtre pédophile au Chili récemment reçu par le pape François, a déclaré qu'il y avait eu "des progrès dans certains pays, d'abord grâce au courage des victimes qui ont osé lever la voix."
"Mais dans beaucoup d'autres endroits dans le monde, on cherche à faire taire ces voix", a déploré M. Murillo, pointant notamment l'Afrique, l'Amérique latine et l'Asie. "L'ECA ambitionne de devenir cette voix", a-t-il ajouté.
Parmi ses missions, cette organisation réclame la fin des "mécanismes structurels" au sein de l'Eglise catholique qui "permettent ces abus", mais souhaite aussi soutenir les victimes et les aider à contacter des organisations locales et internationales pour obtenir justice.
Dans une ambiance pesante, une vingtaine de membres de l'ECA, originaires notamment d'Italie, de République démocratique du Congo, de Pologne, des États Unis, de Jamaïque, du Mexique, du Chili ou encore de Suisse, sont montés à la tribune en brandissant une photographie d'évêques qu'ils accusent dans leurs pays respectifs d'avoir délibérément couvert des prêtres pédophiles et d'avoir "failli à leur devoir de protection des victimes".
Plusieurs d'entre eux ont été abusés par des prêtres dans leur enfance. A quelques semaines de la venue du pape François à Genève, le Français François Devaux, président de l'association La Parole libérée, l'a exhorté à annoncer des "actions concrètes" et la mise en place de "vraies enquêtes" et d'un tribunal ad hoc.
Le pape François a annoncé, le 17 mai, des "changements" pour rétablir "la justice" au sein de l'Eglise catholique chilienne, entachée par des scandales de pédophilie, mais sans donner aucune piste sur d'éventuelles sanctions contre des prélats, pour certains soupçonnés d'avoir gardé le silence sur des cas d'abus sexuels.
(Source AFP)