Une infirmière de la clinique Saint-Vincent assignée en justice après avoir alerté sur la situation du service chirurgie

Les élus CFDT de la clinique Saint-Vincent ont tenu ce lundi 4 décembre une conférence de presse suite à l’assignation en justice de la secrétaire du Comité social économique (CSE) qui avait quelques mois plus tôt posé une alerte de "risques graves" pouvant survenir au sein du service du plateau de chirurgie de Besançon.

© CFDT

Patricia Dreyer, infirmière et déléguée CFDT a été informée le 3 novembre dernier par huissier de justice d’une assignation au tribunal judiciaire. Quelques semaines plus tôt, le Comité social et économique dont elle est la secrétaire, décidait du dépôt d’une alerte pour "risques graves" et votait une demande d’expertise confiée au cabinet d’expert Syndex pour l’ensemble du plateau de chirurgie, regroupant toutes les spécialités, de la clinique Saint-Vincent. 

L’alerte pour risques grave a été déposée à la suite de nombreux dysfonctionnements au sein du service : "depuis le mois de juin 2023, on a eu plus de dix arrêts maladie à répétition, deux accidents du travail et des signalements de la part du personnel soignant" résume Patricia Dreyer. Des dysfonctionnements survenus après l’annonce de la direction de fermer 15 lits "durant le mois d’août et sans l’avis, pourtant obligatoire du CSE" précise madame Dreyer. Après cela, la direction a annoncé devoir supprimer six postes pour cause de "soignants en trop" au sein du service. 

Une inquiétude constante pour le personnel soignant

Selon l’élue CFDT, le personnel a alors dû s’adapter et devenir plus mobile et "polycompétent" notamment en gérant des patients ayant des pathologies pour lesquelles les infirmières ne sont pas toujours formées. Le tout avec des patients répartis dans des services qui "d’ordinaire ne se mélangent pas afin d’éviter les risques infectieux" nous résume Patricia Dreyer. 

Des conditions de travail qui ont plongé le personnel soignant dans une inquiétude constante. À compter du 15 septembre, le "personnel s’est effondré" a constaté la secrétaire du CSE, "nous avons eu trois démissions de soignants angoissés de devoir travailler avec la peur constante de faire des erreurs ou encore de risquer de perdre son diplôme". La médecine du travail et l’inspecteur du travail ont également fait un signalement. 

"On tient à notre clinique"

Malgré la situation et d'après la CFDT, la direction de l’établissement a avisé le groupe ELSAN le 27 octobre 2023 qui, opposé à la décision d’émettre une alerte pour "risques graves" et "afin de mettre fin à la demande d’expertise", a décidé des poursuites judiciaires à l’encontre du CSE et donc de sa secrétaire, Patricia Dreyer. 

Une situation inconcevable pour le syndicat CFDT santé-sociaux du Doubs qui reconnaît que le service a besoin d’une réorganisation mais "pas dans le dos du CSE et ni à l’encontre du personnel" précise madame Dreyer. C’était d’ailleurs bien là le but de cette enquête, "d’accompagner les équipes, de donner des pistes d’amélioration pour une éventuelle réorganisation".

Celle qui a désormais "les épaules un peu large pour supporter tout ça" a rendez-vous le mardi 19 décembre 2023 au tribunal judiciaire. Patricia Dreyer se dit "confiante" et espère surtout "que la sentence tombe rapidement afin de pouvoir avancer". Avant de conclure, "on tient à notre clinique, on y travaille dur dans l’espoir qu’elle n’offre pas un jour un service low-cost mais prenne en charge correctement les patients". 

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