Une élève scolarisée au Congo "discriminée" dans un lycée militaire de Saône-et-Loire

Publié le 22/03/2023 - 16:08
Mis à jour le 22/03/2023 - 14:49

Le Conseil représentatif des associations noires (Cran) a porté plainte pour "discrimination et abus de pouvoir" contre le lycée militaire d'Autun, en Saône-et-Loire, accusée de défavoriser une élève de seconde venue d'un collège du Congo-Brazzaville, a-t-on appris mercredi 22 mars 2023 de source judiciaire.

La plainte a été reçue par le parquet de Chalon-sur-Saône, a indiqué le procureur Patrice Guigon, confirmant une information du quotidien Le Parisien/Aujourd'hui. Selon le journal, la proviseure adjointe du lycée militaire d'Autun, dépendant du ministère des Armées, a encouragé les professeurs à modifier les appréciations sur le bulletin scolaire d'une élève de seconde de 16 ans afin de l'inciter à s'orienter vers une filière professionnelle et non générale.

Le quotidien cite un mail envoyé le 14 mars par la responsable aux professeurs soulignant que l'élève a "accumulé d'énormes lacunes au cours de plusieurs années" dans un collège au Congo mais que son père "n'envisage aucune autre voie d'orientation" que la voie générale.

Afin de "faire comprendre aux parents les enjeux de son orientation vers une voie professionnelle ou technologique, il est nécessaire d'être explicite, dans les appréciations du bulletin, sur son niveau scolaire réel, au regard des attendus", poursuit la responsable qui accorde en conséquence un nouveau délai de dix jours aux professeurs, au-delà de la date limite, afin de leur permettre de "modifier" leurs appréciations. C'est ce qu'a fait au moins un professeur, selon Le Parisien.

"Rediriger cette pauvre fille dans une orientation plus conforme à sa couleur de peau"

Pourtant, l'élève avait une moyenne semblable à deux de ses camarades qui n'ont fait l'objet d'aucun mail enjoignant une autre orientation, selon le Cran, une association de lutte contre les discriminations. Ce mail avait pour but de "rediriger cette pauvre fille dans une orientation plus conforme à sa couleur de peau", dénonce le président du Cran, Nassurdine Haidari, dans un mail à l'AFP.  "Quand les enfants sont africains, arabes, asiatiques, ils se voient proposer des débouchés moins valorisants (...) De ce fait, le public multicolore des collèges ne se retrouve pas dans les lycées qui, lorsqu'ils sont techniques, ou a fortiori professionnels, tendent à devenir de véritables ghettos scolaires", estime-t-il.

"Le niveau scolaire de l'élève est considéré par l'équipe enseignante comme trop faible"

Interrogée, l'armée de Terre a assuré par l'intermédiaire d'un porte-parole que, "à aucun moment, le commandement ou l'équipe enseignante du lycée n'ont fait preuve de discrimination". "Le niveau scolaire de l'élève est considéré par l'équipe enseignante comme trop faible pour envisager sereinement de poursuivre une scolarité en filière générale", et ce malgré des cours de soutien. "Une orientation plus adaptée à son niveau scolaire est ainsi envisagée, et ce dans l'intérêt premier de l'élève", ajoute le porte-parole de l'armée, précisant le conseil de classe n'a pas encore statué sur l'orientation définitive.

(AFP)

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