Un village mérovingien unique en France mis au jour à Pontarlier
Un village mérovingien entier et unique en France, datant des VIe et VIIe siècles, a été découvert à Pontarlier dans le Haut-Doubs, témoignant des stratégies de conquête des Francs, a annoncé mardi l’Institut national de recherches archéologiques préventives (Inrap).
Aucun bâtiment n'a toutefois subsisté sur le site où ne demeurent que leurs fondations. Cet habitat mérovingien qui comportait une dizaine de grands bâtiments de 200 à 300 m2 chacun, probablement constitués d'un partie d'habitation et d'une autre destinée à la stabulation des bêtes, a été occupé pendant près de 200 ans.
"Un village avec son église, son aire d'activité économique et sa nécropole, il n'y en a pas de comparable en France. Mais on en trouve en Suisse alémanique et en Bavière (Allemagne), d'où l'hypothèse d'une architecture en bois d'influence germanique", a expliqué lors d'une conférence de presse Michiel Gazenbeek, responsable de recherche archéologique à l'Inrap.
L'apparition du village est contemporaine de la période de conquête du royaume des Burgondes par les Francs. Selon les archéologues, les Francs auraient déplacé une famille de nobles germaniques, avec sa suite, pour l'implanter dans ce domaine afin d'asseoir leur domination.
A l'époque, le bourg de Pontarlier était un lieu de passage stratégique pour relier le sud au nord de l'Europe. "C'était la route à surveiller et à contrôler à tout prix", précise M. Gazenbeek.
74 tombes et des milliers d'ossements d'animaux
Des traces de cabanes permettant de stocker les aliments, les animaux ou diverses activités, ainsi que 74 tombes disséminées dans le village ont aussi été découvertes lors des fouilles.
Les objets présents dans les tombes - épées, éperons, bijoux - montrent que les personnes qui habitaient ce village avaient un certain "statut social", souligne Michiel Gazenbeek.
La découverte d'amas de milliers d'ossements d'animaux, essentiellement des boeufs et des chevaux, a permis d'établir la présence d'une boucherie d'au moins 600 m2.
Pour l'archéologue, cette zone d'abattage "permet de déterminer quels animaux ils ont tué et quelle était l'économie d'élevage pratiquée". Les fouilles, prescrites par l'Etat, ont par ailleurs dévoilé une occupation mésolithique du lieu, datant de 10.000 à 6.000 avant Jésus-Christ et correspondant à la dernière période des chasseurs-cueilleurs d'Europe.