Un train qui roule au colza ? La SNCF tente le coup sur la ligne des horlogers entre Besançon et la Suisse

Publié le 16/02/2022 - 18:05
Mis à jour le 02/03/2022 - 09:38

Depuis le 17 janvier 2022, la SNCF  et la Région Bourgogne Franche-Comté ont lancé une phase d’essais de circulation au biocarburant B100, à base colza et 100% végétal, sur la ligne TER des Horlogers Besançon-Morteau.

  • Le réseau SNCF Bourgogne-Franche-Comté s’étend sur 2.600 km dont 60 % (environ 1.500 km) de voies électrifiées.
  • Le matériel roulant est composé pour un tiers de trains thermique, un second tiers de trains 100% électriques et le dernier tiers en trains hybrides (électriques et thermique)

L’objectif de cette expérimentation qui se déroule actuellement jusqu’en avril prochain est une des possibilités de sortir progressivement des énergies fossiles, en testant le comportement du biocarburant Grand Froid.

"Une réduction de 184 tonnes de CO2 sur deux trains durant trois mois"

Ces essais, menés sur deux des quatre rames AGC (Autorail Grande Capacité) de la ligne des Horlogers, "s’inscrivent dans l’objectif de la Région de développer de nouvelles solutions de décarbonation pour son parc TER diesel", nous indique-t-on. Le projet concrétise aussi la démarche PlaneTER visant à réduire les émissions de CO2 des trains TER.

La Bourgogne Franche-Comté pour ses reliefs et ses hivers froids

La SNCF a conduit des expérimentations de ce type en Normandie ainsi que dans les Hauts-de-France. "On a choisi la Bourgogne Franche-Comté en raison d’une période hivernale froide et du relief accidenté pour pouvoir soumettre le biocarburant à ces nouvelles contraintes", explique Maude Fontaine, en précisant que "le B100 a une température de filtre habilitée basse qui est de l’ordre des -10°C contrairement au biocarburant à base de soja par exemple." Pour que le B100 résiste au climat hivernal de la région, un additif "grand froid" est ajouté comme pour le carburant classique.

Le B100 c’est quoi ?

L’huile de colza est un co-produit de la culture du colza, très répandue en France, destinée à l’alimentation du bétail, à l’alimentation humaine et aux biocarburants. Ce biocarburant B100 est donc d’origine 100% végétale obtenu à partir de la transformation d’huile de colza. "Il offre une autonomie proche de celle du gazole et ne peut être utilisé que par les professionnels du transport ayant leurs propres dispositifs de stockage et de distribution". La surconsommation par rapport au carburant traditionnel est estimé à 6 %.  

"-60 % d'émission de CO2  et - 80 % d'émission de particules fines"

L’utilisation ferroviaire du B100 ne détourne pas les terres agricoles de leur usage premier. "Ce biocarburant rend possible la transition énergétique sans modification significative des rames ; les premiers tests réalisés sur banc d’essai en 2019 avaient montré la compatibilité du B100 avec les moteurs des rames TER déjà en service", assure la SNCF. "Ces tests ont également démontré des performances environnementales significatives avec une réduction des émissions de polluants (NOx et particules), en plus de la diminution de 60% des émissions de gaz à effet de serre « du champ au rail », c’est-à-dire de la production de colza jusqu’à son utilisation par le train."

Sébastien Damien, manager à Besançon d'un des quatre Technicentres SNCF (maintenance) de la région, veille au bon déroulement de l'expérimentation sur deux des quatre rames qui carburent au colza sur la ligne des horlogers.

Deux cuves de 9.000 litres chacune, pour un investissement de 50.000 €, ont été installées en début d'année pour l'approvisionnement en biocarburant B.100. "Nous sommes sur des opérations de maintenance équivalentes par rapport au carburant B7  à 7% de colza. Nous savons que ce biocarburant 100% végétal est un peu plus corrosif. L'avenir nous dira s'il y a des adaptations à prévoir, notamment sur les systèmes de filtration".

D'autres expérimentations, concluantes, ont été menées notamment sur la ligne Paris-Granville, qui a basculé 100 % en biocarburant. "Après, ce ne sont pas les mêmes conditions qu'ici : le froid, les générations de moteurs - plus anciens sur notre ligne- et le dénivelé ! En mars, de nouveaux essais seront menés sur nos moteurs au centre d'ingénierie du Mans de la SNCF.  En fonction de l'ensemble des résultats, nous pourrions basculer totalement la station en B100 ! "

Doubler la fréquentation... pour la planète

"Cette expérimentation va dans le sens de notre engagement d'aller vers une mobilité durable avec la suppression progressive du Diesel d'ici 2030. Il y a certes le train hydrogène que nous allons tester dans le Morvan. C'est une énergie vers laquelle nous nous tournons avec trois autres régions, mais c'est dès maintenant qu'il faut agir, en tenant compte du matériel roulant actuel" note Michel Neugnot, premier vice-président de la région Bourgogne-Franche-Comté en charge des mobilités. "Porter cet objectif ne peut se faire sans indicateurs, d'où cette expérimentation menée par la SNCF sur les trains à moteur thermique qui consomment 150 litres au 100 !"

L'élu souligne un autre avantage :  la couverture végétale du colza durant l'automne et l'hiver permet "de digérer le carbone" période durant laquelle il y a peu de végétation. Mais Michel Neugnot ne se voile pour autant pas la face. "Pour réduire au maximum l'impact carbone dans une logique de décarbonation progressive, il faut surtout mettre plus de monde dans les trains ! Doubler le nombre de voyageurs sur une ligne permet de diviser par deux l'impact carbone – voyageur. Sur l'exemple de la ligne des horlogers, nous avons aujourd'hui la possibilité de passer de 2 à 4.000 voyageurs par jour en moyenne. En effet, depuis la rénovation de la ligne, nous avons mis en place des trains qui ont deux fois et demie plus de capacité ! "

Un premier bilan sera réalisé au printemps prochain avec le centre d’ingénierie du matériel. Il rendra ses résultats d’analyses et de prélèvements qu’ils réalisent quotidiennement depuis le début de l’expérimentation.

Un bilan sera également réalisé sur les tonnes de CO2 non rejetées pendant cette phase de test. La SNCF soumettra alors à la région, autorité organisatrice des transports (AOT), les coûts engendrés par l’installation d’une future station fixe d’approvisionnement... et les gains pour la planète. D’ici 2025, l’ambition de TER Bourgogne Franche-Comté est de réduire ses émissions de près de 7.000 tonnes par an.

Alexane Alfaro - Damien Poirier

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Société

Dans le Doubs, 1.600 personnes sont sous une obligation de quitter le territoire français

Lors d'une conférence de presse ce vendredi 21 février portant sur le plan d’action départemental de restauration de la sécurité du quotidien dans le département du Doubs, le préfet du Doubs Rémi Bastille, nous a informé que 1.600 personnes font actuellement l’objet d’une OQTF sur le territoire, c’est-à-dire une obligation de quitter le territoire français.

Sécurité du quotidien dans le Doubs : hausse de la délinquance, une situation sous surveillance…

Rémi Bastille, préfet du Doubs, le commissaire divisionnaire Laurent Perraut, directeur interdépartemental de la police nationale (DIPN), et le colonel Lionel James, commandant du groupement de gendarmerie départementale, ont présenté le plan d’action départemental de restauration de la sécurité du quotidien en sept axes principaux vendredi 21 février 2025 à la préfecture du Doubs.

Le surendettement en hausse dans le Doubs : qui sont les personnes surendettées et pourquoi ?

VIDÉO • En 2024, le nombre de dossiers déposés auprès de la commission de surendettement du département du Doubs s’élève à 1.125, soit une hausse de 12,3% en un an. Le préfet du Doubs, Rémi Bastille, et le directeur départemental de la Banque de France, Laurent Quinet, ont présenté l’évolution du phénomène de surendettement et les dispositifs mis en oeuvre dans le territoire jeudi 20 février 2025.

Grand Besançon Métropole renouvelle son appel à projets étudiants

Après le succès de sa première édition en 2024, Grand Besançon Métropole a annoncé le 19 février 2025 le lancement de la deuxième saison de son appel à projets "Soutien aux initiatives étudiantes". Une initiative visant à encourager et financer des projets portés par les étudiants et les associations du territoire.

Nouveau rappel de Morbier, raclette et tome dans toute la France

De nombreux lots de fromages de type morbier, raclette et tome notamment de la marque Jean Perrin basé dans le Doubs font l’objet d’un rappel massif par le site gouvernemental rappel conso publié le 19 février 2025. Ces fromages sont susceptibles d’être contaminée par une bactérie Escherichia coli (E. Coli).

En Bourgogne Franche-Comté la Poste récupère désormais vos vieilles paires de lunettes

Depuis le 10 février 2025, il est possible de déposer ses paires de lunettes inutilisées dans trois bureaux de poste en Bourgogne Franche-Comté, à Besançon, Les Rousses et Nevers dans le cadre d’une expérimentation menée par La Poste et l’entreprise lilloise Lunettes de Zac. Explications.

70 ans et pas une ride pour la 7e brigade blindée de Besançon

D’ordinaire commandée par le général Philippe Le Carff, qui avait pour l’occasion laissé la présidence de la cérémonie au général de corps d’armée Pierre-Yves Rondeau, la 7e brigade blindée, a fêté son 70e anniversaire mardi 18 février 2025 au coeur de la Citadelle de Besançon. 

La police nationale en mission séduction à Planoise

Dans le cadre de la grande campagne de recrutement de policiers adjoints pour le département du Doubs, la Direction interdépartementale de la police nationale 25 a organisé, en partenariat avec France Travail, une rencontre avec des potentiels candidats dans les locaux de l’organisme situé dans le quartier de Planoise à Besançon ce mardi 18 février 2025. 

À Besançon, la gendarmerie nationale honore ses héros

Ce lundi 17 février, à la caserne capitaine Girard des Forts de justice de Besançon et comme partout ailleurs en France, les gendarmes du Doubs ont célébré les héros du quotidien lors d’une cérémonie militaire solennelle. Celle-ci a été présidée par le colonel Lionel James, commandant le groupement de gendarmerie départementale du Doubs, et en présence des autorités militaires, administratives, civiles et judiciaires du département.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 8.72
couvert
le 21/02 à 21h00
Vent
1.76 m/s
Pression
1019 hPa
Humidité
86 %