Après une visite à Romain-La-Roche, Laurence Rossignol s'est rendue chez Lucienne, 78 ans. Malentendante et malvoyante, elle vit avec sa sœur, Denise, âgée de 81 ans qui en a d'habitude la charge mais qui est actuellement aux Tilleroyes après une fracture du col du fémur. Une "vraie" visite qui a permis à la famille d'échanger librement avec la secrétaire.
"Que se serait-il passé si nous n'avions pas été là ?"
Les 56 heures de présence par semaine d'une aide à domicile pour son handicap pris en charge par l'APA (Aide personnalisé à l'autonomie), en plus des soins à domicile deux fois par jours, ne sont pas suffisantes. C'est donc Charlotte, une autre sœur, et Jacqueline, une nièce qui s'occupe de Lucienne au jour le jour. "Il faut une présence 24h/24. Lucienne ne voit pas et n'entend pas. Il faut lui couper sa nourriture. Nous nous partageons les semaines de présence avec ma nièce." explique Charlotte.
La question des aidants est donc au cœur de la problématique de cette famille. "Comment se fait-il qu'il n'y ait pas eu de remontées auprès des services sociaux pour se préoccuper de l'état de Lucienne. Que se serait-il passé si nous n'avions pas été là ?" s'inquiète un membre de la famille. "Ne serait-il pas possible de prévoir une rémunération pour les gens qui passent du temps auprès des personnes âgées ?"
Un plan d'hébergement temporaire pour permettre aux famille de "souffler"
Claude Jeannerot, le président du Conseil Général du Doubs indique qu'un dispositif existe entre ses services et les structures en charge des personnes âgées pour "réviser le plan d'aide" en cas de besoin. Pour le Département, l'enveloppe allouée aux personnes âgées et de 70 millions d'euros. "C'est un poste de dépenses que nous revendiquons. Car les personnes âgées sont une chance pour notre société et notre territoire".
La ministre renchérit en reconnaissant que le maintien à domicile repose sur les aidants et qui n'est possible "que dans le cadre d'une solidarité familiale". "C'est pour cette raison que nous avons prévu dans la loi un droit au répit. Une enveloppe de 500 euros par ans pour permettre de financer un plan d'hébergement temporaire pour permettre aux familles de souffler".
Sur la question de la rémunération des aidants, Laurence Rossignol explique que "l'État et les collectivités ont déjà un niveau de dépenses sociales très élevé" tout en soulignant que "même s'il est très difficile de prendre cette décision, il ne faut pas craindre de passer la main auprès des établissements spécialisés. Les Epad ne sont plus les mouroirs des années 60 que l'on a pu connaître.
Une convention pour simplifier le travail de chacun et assurer le confort de la personne aidée
L'idée que porte Laurence Rossignol dans la loi sur le vieillissement (actuellement discuté au Parlement), le Conseil général du Doubs, ainsi que l'ADMR 25, Soli'cités et l'Eliad, est de "décloisonner et de permettre qu'une personne soit l'objet d'une prise en charge globale et que l'organisation autour de cette personne soit coordonnée par une infirmière coordinatrice".
Pour les aidants, il s'agira de "se tourner vers un seul interlocuteur". Pour la personne aidée, "ce sera plus confortable puisque chaque personne pourra transmettre les informations". Claude Jeannerot ajoute que "l'objectif est également de réduire le nombre de passages dans l'intimité de la personne aidée".
Pour les professionnels, "il sera infiniment plus intéressant et performant dans le travail de pouvoir échanger avec d'autres professionnels."
- Texte : Redac et Alexane