Son épouse, "son petit oiseau docile commençait à prendre son envol et, lui, ne supportait pas l'idée de se retrouver seul, c'était intolérable", a conclu l'avocate générale, Alexia Marquis, avant de requérir 30 ans d'emprisonnement pour "meurtre sur conjoint", au terme de deux jours d'audience.
Le 29 décembre 2021, une patrouille de police arrivée au pied d'un immeuble de la rue de Dole, à Besançon, assiste à la scène : un homme de forte corpulence poignarde violemment une femme, sur un balcon. La victime, empêchée de fuir par la porte, tente une retraite par le balcon, en vain.
Mis en joue par les policiers, l'homme se retire dans son appartement où il tente de se suicider en se poignardant. Transporté à l'hôpital avec un pronostic vital engagé, Philippe Ohren survit. Sa femme, Corinne Pitallier, décède sur place, victime de 26 plaies à l'arme blanche, dont une fatale de 16 cm au niveau du cou.
Décrit comme un homme "serviable, gentil et rigolo"
Cheveux bruns mi-long et barbe grisonnante, Philippe Ohren porte une croix sur la poitrine. "On me reproche des faits que j'ai forcément accomplis, mais je n'en ai pas souvenir. Tout n'est pas clair dans mon esprit", affirme-t-il d'une voix posée et intelligible, l'air détaché.
"Manifestement Corinne Pitallier était sous emprise et sous un contrôle coercitif", a plaidé Me Claude Varet, l'avocate de sa famille. Une version farouchement contestée par la défense. Décrit par les voisins comme "un homme gentil, serviable et rigolo, monsieur Ohren n'était pas dans le contrôle, madame Pitallier n'était pas une femme objet", fustige Me Catherine Bresson, conseil de l'accusé qui n'avait jamais été violent.
La victime avait évoqué l'idée d'une séparation
Environ un mois avant les faits, l'ancienne assistante maternelle s'émancipait et elle avait évoqué l'idée d'une séparation, selon leur fils.
D'après la psychologue Clara Cavignaux, "le passage à l'acte a pu être favorisé par l'état dépressif" de l'homme affecté par la perte de son emploi et le décès de son frère. "Il avait la conviction qu'elle resterait toujours là, à s'occuper de lui, de sa santé", analyse-t-elle. L'accusé, qui n'avait pas connu son père biologique, avait été rejeté de la maison familiale par son père adoptif et ne supportait pas l'idée d'être abandonné.
Son propre fils est lui venu décrire devant la cour son "bonheur absolu" désormais impossible malgré sa récente paternité. "La personne qui a ôté la mort à sa mère, c'est son père. Comment on vit ? Et bien, on survit", confie son avocate, Me Céline Party.
(AFP)