"Ce n'est sans doute que la pointe de l'iceberg", a expliqué la professeure Marietta Meier, qui a dirigé l'étude avec sa collègue Monika Domman, la plupart des cas n'ayant pas été signalés ou les documents les répertoriant ayant été détruits.
510 personnes ont commis des abus
C'est le premier résultat d'un travail d'enquête d'un an mené par des historiens et destiné à faire la lumière sur les abus dans le pays helvétique, à l'instar d'enquêtes similaires menées de longue date ailleurs dans le monde. Selon ces premiers résultats -qui vont être complétés par une nouvelle campagne de recherches d'une durée de trois ans - 74% des victimes identifiées jusque-là sont des mineurs. Au total, 510 personnes, presque uniquement des hommes, ont commis les abus. Plus de la moitié (56%) des victimes sont de sexe masculin, 39% de sexe féminin et on ignore le sexe de la victime pour les cas restants, souligne encore le document.
"Cela nous afflige et nous fait honte"
En Suisse, comme ailleurs, il "est apparu clairement que les responsables de l'Eglise ignoraient, dissimulaient ou minimisaient la plupart des cas d'abus sexuels analysés jusqu'aux années 2000", notent les chercheurs. "Lorsqu'ils étaient contraints d'agir, ils ne le faisaient souvent pas en se concentrant sur les personnes concernées, mais pour protéger les auteur·e·s, l'institution ou leur propre position", soulignent-ils. Ce sujet "nous préoccupe depuis longtemps déjà, cela nous afflige et nous fait honte", a déclaré la présidente de la Conférence centrale catholique romaine de Suisse, Renata Asal Steger, lors de la conférence de presse de présentation du rapport.
"Un jour important pour l'Eglise catholique romaine de Suisse"
"Nous sommes passés à côté du sujet, on a présenté d'innombrables excuses et des actions qui ne sont pas à la hauteur de ce à quoi les victimes ont droit", a-t-elle reconnu. Soulignant que "c'est un jour important pour l'Eglise catholique romaine de Suisse", Mme Asal Steger a insisté : "Même si des actes atroces et des manquements innombrables dans les rangs des trois organisations nationales de l'Eglise catholique seront aujourd'hui mis en lumière, nous sommes reconnaissants."
Hasard du calendrier, la plus haute autorité de l'Eglise catholique romaine en Suisse a annoncé dimanche qu'une enquête préliminaire a été ouverte sur des accusations de dissimulation d'agressions sexuelles au sein de l'Eglise. La Conférence des évêques de Suisse avait précisé, dans un communiqué, que l'enquête avait été ouverte à la suite d'"allégations formulées à l'encontre de plusieurs membres émérites et en exercice de la Conférence des évêques suisses, ainsi que d'autres membres du clergé, dans la gestion des cas d'abus sexuels".
(AFP)