Un homme frappé à mort à Morteau : des faits d’une extrême violence filmés par l’agresseur présumé

Publié le 08/11/2024 - 18:01
Mis à jour le 08/11/2024 - 17:47

Comme nous vous en informions jeudi 7 novembre 2024 sur maCommune.info, une rixe s’est produite mercredi 6 novembre à Morteau entre un jeune homme de 21 ans et un homme d'environ 60 ans. Le procureur de la République de Besançon, Étienne Manteaux, a tenu une conférence de presse en présence du lieutenant-colonel Damien Mathieu, commandant en second le groupement de gendarmerie départementale du Doubs.

Damien Mathieu, commandant en second le groupement de gendarmerie départementale du Doubs, et Étienne Manteaux, procureur de la République de Besançon. © Alexane Alfaro
Damien Mathieu, commandant en second le groupement de gendarmerie départementale du Doubs, et Étienne Manteaux, procureur de la République de Besançon. © Alexane Alfaro

Ce dossier débute à 23h15 mercredi 6 novembre quand la victime, âgé de 59 ans (il allait avoir 60 ans dans quelques jours) domiciliée à Montlebon, cuisiner dans un restaurant de Morteau, à la fin de son service, entre dans un bar du centre-ville. Il rencontre alors un groupe de jeunes d’un vingtaine d’années et commence à discuter, boire de l’alcool avec eux de 23h15 à 00h41. "On sait ensuite qu’il va s’absenter avec l'un des jeunes de 21 ans pendant 7 minutes pour les revoir à 00h48 selon la vidéoprotection du bar", indique Etienne Manteaux. Vers 00h50, le groupe sort du bar : le quinquagénaire et le jeune partent d’un côté, le reste du groupe se dirige dans une autre direction. "À ce moment-là, il n’y avait aucune violence", précise le procureur.

Ce qui apparaît dans les auditions des témoins, c’est que pendant la soirée, alors qu’ils boivent des verres dans le bar, le quinquagénaire a proposé des relations sexuelles au jeune de 21 ans. "Que s’est-il passé lors de leur absence ? On ne sait pas à cette heure", selon Étienne Manteaux en insistant sur le fait qu’"il n’y avait aucun sujet de conflit à ce moment" et en précisant qu’ils n’étaient pas visibles sur les enregistrements des caméras de vidéosurveillance.

À 00h15, des témoins, qui ne font pas partie du groupe de jeunes au bar, préviennent la gendarmerie et les secours parce qu’ils assistent en direct à une scène de violence d’un jeune portant des coups à un individu au sol. Ce dernier est en arrêt cardio-respiratoire. Malgré l'arrivée rapide des secours et de la gendarmerie et des massages cardiaques intenses, le quinquagénaire est mort sur la voie publique.

Pendant la tentative de réanimation de la victime, des témoins alertent les gendarmes sur place de la présence de l’agresseur présumé en voyant le jeune homme de 21 ans aux baskets présentant des traces de sang revenir sur les lieux. Il est immédiatement interpellé et placé en garde à vue.

Le mis en cause présente alors un taux d’alcoolémie de 0,58 mg/litre d’air expiré, "ce qui n’est pas un taux massif, mais qui peut induire une désinhibition", selon le procureur. Le jeune homme est également positif au dépistage de cannabis.

Des vidéos ultra violentes envoyées sur SnapChat

Très rapidement, ce jeune admet aux enquêteurs qu’il est à l’origine des coups sur la victime. Une perquisition est faite à son domicile au cours de laquelle un pantalon maculé de sang est retrouvé. "C’est ce qui explique qu’il se soit écarté quand les secours sont arrivés, il est rentré chez lui pour changer de pantalon", affirme Étienne Manteaux.

Par ailleurs, son téléphone portable fait progresser l’enquête de manière significative. Pourquoi ? Sur son smartphone, les enquêteurs tombent sur trois scènes filmées de ce qui sera un homicide. "Il s’est filmé en train d’agresser sa victime : lors de la première vidéo, la victime est encore assise, le visage ensanglanté. Dans la deuxième, elle est couchée sur le sol en émettant des sons. Dans la dernière, la victime n’émet plus aucun son", décrit le procureur qui observe un phénomène particulier : "le mis en cause, lorsqu’il est rentré chez lui pour se changer, a envoyé ces vidéos de l’agression d’une grande violence à plusieurs de ses contacts sur SnapChat".

Et d’ajouter : "ces vidéos sont d’une violence difficilement soutenable à regarder, il met des coups de pied au visage avec une violence extrême". De plus, le mis en cause commente les coups qu’il donne en indiquant qu’il agit ainsi parce que la victime aurait fait des propositions sexuelles à sa petite sœur de 14 ans et l’insulte de "petite pute" et de "sale pute".

Sur l’aspect d’une éventuelle agression sexuelle sur une mineure, selon les investigations et les parents du gardé à vue, "rien ne s’est jamais passé", indique Étienne Manteaux.

Par la suite, le gardé à vue admet que ses premiers propos étaient faux. Il admet également que ce sont les propositions sexuelles qui lui ont été faites par le quinquagénaire qui l’ont mis en colère. Il répète aux enquêteurs : "s’il ne m’avait pas rencontré, ça ne se serait jamais arrivé", rapporte le procureur, et que sont état alcoolisé et les stupéfiants l’ont fait "vriller""péter un câble".

Seize militaires de la gendarmerie sont mobilisés sur cette enquête.

Les premiers résultats de l’autopsie

L'autopsie a été réalisée ce vendredi matin par un médecin de médico-légal de Besançon : il note une série d’hématomes et de lésions multiples, principalement sur la face et le crâne. Il note également une hémorragie cérébrale, mais pas mortelle. Il relève toutefois un syndrome asphyxique qui explique le décès, mais sans pouvoir, à cette heure, expliquer le mécanisme du décès. Des analyses toxicologiques sont prévues pour compléter les données et avoir une compréhension plus fine du mécanisme du décès.

La prison à perpétuité encourue

Le jeune homme a été déféré ce vendredi à 15h00. Le parquet a requis sa mise en examen pour homicide volontaire aggravé. Aggravé en raison des orientations sexuelles de la victime. Le parquet a également requis son placement en détention provisoire.

Le mis en cause est déjà connu des services de la gendarmerie puisqu’il a déjà été condamné à quatre reprises, y compris pour des faits de violences armé d’un couteau sans porter de coup en décembre 2023, par le tribunal correctionnel de Besançon. Il comparaitra également le 24 novembre devant ce même tribunal pour des violences commises à Morteau parce qu’il est suspecté d’avoir frappé de coups de pieds une personne au sol.

La perpétuité est encourue.

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