Un chercheur franc-comtois reçoit un financement du MIT pour savoir comment reconstruire une nouvelle ville durable

Publié le 14/09/2021 - 17:59
Mis à jour le 03/10/2021 - 09:07

VIDEO • Né à Devecey, historien de profession et directeur de recherche au CNRS à l’université de Franche-Comté au laboratoire Chrono-environnement depuis 2018, Emmanuel Garnier a reçu un financement en juin 2021 de 30.000€ du Harvard – MIT pour son projet sur le climat de demain intitulé « Paris facing the climatic crises of the little ice age 15th-19th centuries ». Objectif : savoir comment reconstruire une nouvelle ville durable…

Le travail d'Emmanuel Garnier consiste à étudier, dans une perspective historique, le climat, les catastrophes naturelles et d'une manière générale l'environnement. Il travaille en interdisciplinarité avec des climatologues parisiens (essentiellement du laboratoire des sciences du climat et de l'environnement) ou étrangers.

En décembre 2020, le chercheur franc-comtois a soumis son projet d'étude "Paris facing the climatic crises of the little ice age 15th-19th centuries" à la cellule internationale du MIT (Massachussetts Institute of Technology). Validé en juin 2021 à sa "grande surprise", il a reçu en juillet dernier la somme de 30.000€ pour ses futures recherches pendant les 3 prochaines années pour lesquelles il travaillera notamment avec des chercheurs et des étudiants américains.

Le projet

"Paris facing the climatic crises of the little ice age 15th-19th centuries" se divise en plusieurs aspects. Le premier consiste à construire une base de données. C'est-à-dire récolter toutes les archives conservées par la Ville de Paris sur les évènements climatiques depuis les XI et XIIe siècle.

Emmanuel Garnier part du fait que le risque urbain est le plus important, avec 60% de la population vivant en ville. "De tous les espaces exposés aux changements climatiques, la ville est sans doute un des secteurs les plus vulnérables parce qu'en ville, tout est amplifié, exagéré tout simplement en raison des aménagements urbains et principalement en raison de cette artificialisation du milieu (sols, bâtiments…)", nous explique le directeur de recherche. "Un même évènement climatique négatif sera beaucoup plus violent en ville qu'à la campagne", affirme-t-il.

Grâce aux archives et à la création d'une base de données, le directeur de recherche va pouvoir comparer les évènements climatiques que l'on vit aujourd'hui à ceux qu'ont vécu nos ancêtres. "Il ne faut pas croire que nos anciens n'ont pas vécu de catastrophes climatiques avec des effets très néfastes puisqu'ils vivaient de manière plus précaire, même si la situation de l'époque n'est pas comparable avec celle d'aujourd'hui", précise-t-il. Un orage ravageur dans les champs engendrait une famine, par exemple.

Le travail le plus complexe que devra abattre Emmanuel Garnier et ses acolytes consistera à reconstruire les courbes de température des époques précédentes uniquement avec des données textuelles (et non chiffrées) tirées des archives municipales de Paris. "Dès qu'il y avait un problème météorologique, l'information était enregistrée parce que les autorités savaient pertinemment que s'il y avait un problème météorologique, cela engendrerait un problème de ravitaillement, un risque alimentaire et potentiellement un risque social, des manifestations voire une révolte", raconte le directeur de recherche.

Avec cette reconstruction, le troisième aspect de cette étude portera sur l'extraction des retours d'expériences, c'est-à-dire "des retours du passé qui permettraient d'aider à l'élaboration de stratégies d'adaptation en ville", décrit Emmanuel Garnier. À titre d'exemple, il rappelle qu'historiquement, les villes se développaient autour des cours d'eau pour pouvoir commercer. "Très rapidement, ces villes jusqu'aux années 1850-1900, veillaient à créer des zones de protection, elles étaient parfaitement conscientes du risque de vivre au bord d'une rivière avec une mesure toute simple du maintien des rubans verts, ces zones vertes de part et d'autre de la rivière qui restaient en fourrage, en marais. En cas d'inondation, ces zones vertes avaient un rôle d'absorption." Certaines villes allemandes et anglaises sont d'ailleurs revenues à ce système pour se protéger.

Pourquoi une étude sur Paris ?

La première raison pour laquelle le projet d'étude d'Emmanuel Garnier porte sur la ville de Paris est purement technique. Il nous explique que "les Américains sont très intéressés pas les sources, les archives, les documentations des villes françaises, ils savent pertinemment que c'est l'une des plus riches du monde".

La deuxième raison se dessine par le fait que les étudiants et chercheurs du MIT et d'Harvard constatent que toutes les productions sous forme de modèles mécaniques en injectant des formules mathématiques et des vecteurs pour prévoir le climat atteignent des limites. "Ils se rendent compte que les données historiques sur un retour d'expérience permettraient d'améliorer, d'affiner la fiabilité de ces modèles", indique Emmanuel Garnier.

Enfin, il précise que "l'histoire a un intérêt pour eux, Paris a un intérêt pour eux et pour moi parce qu'à Paris, on est sûr de disposer d'une masse d'informations à la fois volumineuse et historiquement intéressante en remontant les données à partir des XIe et XIIe siècles". À Besançon, les archives ont commencé aux XIVe - XVe siècle, il n'y a pas de source d'archives plus anciennes.

Si le projet "Paris facing the climatic crises of the little ice age 15th-19th centuries" fonctionne bien, il permettra d'améliorer la modélisation climatique des chercheurs américains "et surtout d'imaginer quels étaient les impacts sur les villes, comment réagissaient les communautés urbaines et si elles développaient des stratégies d'adaptation en milieu urbain", souligne Emmanuel Garnier.

"Comment peut-on reconstruire une nouvelle ville durable ?"

C'est à cette question qu'Emmanuel Garnier répondra en conclusion de ses recherches. "Une ville durable est une ville écologiquement intéressante, qui est en terme de prévention des risques très utile, mais ne l'oublions pas, lorsque l'on relie ces deux paramètres, on recrée une ville vivable aussi parce ces lieux communs, ces biens communaux, ces espaces, ces prairies, la réimplantation des arbres, la réintroduction des animaux… c'est recréer du tissu social, pour moi c'est une certitude."

Une fois l'étude réalisée, après 3 ans, les résultats seront rendus publics dans des revues scientifiques bien sûr et lors de comités publics, ministériels ou encore des comités académiques avec des citoyens. Il pourrait être également envisagé d'organiser des réunions ouvertes avec les citoyens.

Rendez-vous dans 3 ans...

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Société

Échevannes : la fondation du patrimoine vient en aide à l’ancienne école du village

Le 14 novembre 2024, la commune d’Échevannes a accueilli les membres de la Fondation du Patrimoine du Doubs. Le projet de restauration de l’ancienne école du village a en effet été sélectionné par la fondation et la commune s’est vue allouer la somme de 80.000€ pour les travaux à effectuer.

À Besançon, des arbres de la place de la Révolution aux prénoms d’enfants du monde entier

À l’occasion de la Journée internationale des droits des enfants ce mercredi 20 novembre, des enfants de plusieurs centres de loisirs des Francas ont accroché des prénoms à 24 arbres de la place de la Révolution. Vingt-quatre prénoms d’enfants du monde entier derrière lesquels, il y a une histoire de vie, l’histoire d’enfants dans un pays proche ou lointain, qui subit les guerres, les tremblements de terre, les bouleversements climatiques, enfants de la rue, réfugiés, qui travaillent, qui portent un handicap…

Avez-vous déjà vu une pelleteuse dans le ciel du centre-ville de Besançon ?

C’est une scène pour le moins impressionnante qui s’est déroulée ce mardi 19 novembre rue du Palais de Justice à Besançon en fin de matinée : une grue a levé une pelleteuse de 17 tonnes au-dessus d’un immeuble pour la poser dans une étroite cour intérieure. Si l’usage veut que l’on pose la première pierre sur un nouveau chantier, il s’agit plutôt ici de poser la première pelleteuse du projet immobilier dans l’ancien cinéma Vox rue des Granges, porté par SMCI.

L’unicef organise une journée de sensibilisation à Besançon

À l’occasion de la Journée mondiale de l’enfance, l’ensemble de la communauté Unicef France lance les "Journées bleues", une mobilisation nationale destinée à sensibiliser le public aux enjeux cruciaux de l’éducation en situation d’urgence et à récolter des dons. Un rendez-vous est programmé le 23 novembre 2024 au magasin Cultura à Besançon.

Cadavre de génisse attaché à la sous-préfecture du Doubs : les associations réagissent… 

Suite à une attaque de loup, de nombreux agriculteurs se sont réunis à Pontarlier le 9 novembre 2024 afin de revendiquer l’autorisation des tirs de défense. Pour marquer les esprits, ils avaient accroché un cadavre de génisse à la sous préfecture du Doubs. Les associations de protection de la nature ont souhaité réagir.

Black Friday et Noël chez Boulanger à Besançon, faites plaisir, faites-vous plaisir !

QUOI DE 9 ? • Le Black Friday (29 et 30 novembre) et les fêtes de fin d’année approchent. Aussi, le magasin Boulanger à Besançon s’est organisé pour vous aider à préparer vos cadeaux. Ce peut être également l’occasion pour vous faire plaisir sans vous ruiner.

Le préfet de la Haute-Saône interdit les free party et autres teknivals ce week-end

Le week-end du 15 au 18 novembre 2024 est susceptible de favoriser l’organisation de rassemblements à caractère musical type Free party, Teknival et Rave party. C’est pourquoi le préfet de la Haute-Saône les interdit par arrêté préfectoral à partir du 15 au 18 novembre 2024.

Violences conjugales : pour Solidarité Femmes il faut “des moyens supplémentaires pour accompagner, enquêter, auditionner et juger”

LONG FORMAT • À l’occasion du 25 novembre qui est la journée internationale contre les violences faites aux femmes et aux minorités de genre, nous avons rencontré la présidente de l’association Solidarité Femmes, Eva Bronnenkant, qui nous a dévoilé le programme des actions menées durant ce mois de novembre et revient pour nous sur les missions et objectifs de son association.

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 1.12
chutes de neige
le 22/11 à 00h00
Vent
4.08 m/s
Pression
993 hPa
Humidité
94 %