Le 6 février dernier, Benoît et sa compagne devaient monter à bord d'un avion de la compagnie EasyJet à 13h05, direction l'île espagnole de Tenerife. Comme le préconisent les compagnies aériennes, les deux voyageurs se sont rendus à l'aéroport 2 heures avant l'embarquement. Après avoir enregistré leurs bagages, le couple se dirige naturellement vers les portes d'embarquement. Il est 12h25.
Personne ne bouge
Cinq minutes plus tard, des agents bloquent le parcours de Benoît : "Ils m'indiquent que je suis soupçonné de transporter un engin explosif dans mon bagage à main. Le bagage en question est maintenu dans le scanner. Il n'en bouge pas. Aucun aménagement ni aucune précaution ne sont pris. Les agents me demandent de patienter et n'engagent pas la moindre action avant 12h49, heure à laquelle ils déclenchent un appel à la police aux frontières", nous rapporte le Bisontin.
À côté de lui, sa compagne récupère son bagage à main et part en direction de la porte d'embarquement "comme il est d'usage de le faire à cet instant puisque rien ne pose problème de son côté", précise Benoît, mais le chef de l'équipe de sécurité l'empêche de s'y rendre. "Il nous assure qu'il ne s'agit que d'une affaire « de quelques minutes », totalement « anodine » et que notre embarquement « ne posera aucun problème »", raconte Benoît.
L'ambiance est tendue, l'avion décolle
15 minutes plus tard, alors que l'heure de l'embarquement approche de plus en plus, les deux voyageurs restent bloqués malgré eux.
" L'ambiance est tendue puisque de nombreux salariés font la remarque au chef de l'équipe de sécurité qu'il devient urgent d'appeler la porte d'embarquement pour prévenir de notre ralentissement contraint. Lui répond sèchement que « c'est fait ! ». Une membre de l'équipe de sécurité lui demande d'accélérer le pas et le questionne sur les raisons de l'absence de la police aux frontières. Il ne répond pas. Un autre membre de l'équipe lui demande une discussion en aparté. Il refuse. Une salariée déclenche un appel à la société EasyJet peu avant 13h. L'idée est manifestement de leur demander de patienter avant la fermeture des portes. La réponse lui est faite que nos noms « n'apparaissent pas sur les listes » et que « l'avion va donc refermer ses portes et se préparer au décollage ». Nous l'entendons avec précision, mais personne ne nous donne officiellement l'information.", rapporte Benoît.
Peu après 13 heures, deux policiers aux frontières arrivent et découvrent la situation. Ils décident de réaliser d'autres contrôles "visant manifestement à détecter la présence d'agents explosifs", indique le Bisontin, et posent des questions aux deux voyageurs.
Ouverture du sac
Il est 13h10 lorsque le sac suspect est ouvert : "il n'y a rien d'autre à l'intérieur que ce que nous avons indiqué à de multiples reprises : des CDs, une lampe frontale, des livres, un ordinateur portable, une souris d'ordinateur, une paire de baskets, etc." Donc aucune espèce d'explosif en définitive.
À 13h20, Benoît et sa compagne récupèrent leurs bagages qui ont été sortis de la soute de l'avion et... tout le monde s'en va : "Les deux agents de la police aux frontières disparaissent sans prévenir, comme ils sont arrivés quelques minutes auparavant", affrime Benoît.
Le couple a ensuite passé l'après-midi à l'aéroport pour non seulement avoir une explication de ce qu'il venait de vivre, mais aussi pour obtenir réparation. Benoît et sa compagne passent de guichet en guichet, d'appel en appel… Ils se retrouvent finalement dans l'incompréhension la plus totale au milieu de l'aéroport : "Tout le monde semble se moquer totalement de notre problème. Personne ne se sent concerné, nos questions n'obtiennent aucune réponse. Nous sommes absolument ignorés et finissons par quitter l'aéroport aux alentours de 18h15. Il fait froid. Il fait nuit. Un ami va venir nous chercher, à nos frais."
Excuses, remboursements et dédommagements
Suite cette situation, le couple a décidé d'écrire un courrier précis et détaillé à la direction de l'aéroport de Bâle-Mulhouse. Il exige des excuses, le remboursement intégral des billets d'avion, ainsi que des bagages et équipements payés en soute, le remboursement intégral de toutes les dépenses annexes (réservation de voiture à Tenerife, frais de déplacement sur le site de l'aéroport, etc.) et le versement d'une indemnité compensatoire pour le préjudice causé.
Le couple espère également "un changement de pratique" au sein de l'aéroport "de telle sorte qu'aucun voyageur ne subisse un tel préjudice et qu'aucun usager ne soit plus exposé à un tel niveau de risques".