Les assauts russes ont chamboulé l'ouverture de la 49e session du Conseil des droits de l'homme (28 février-1er avril), à laquelle doivent participer de nombreux ministres, dont le chef de la diplomatie russe Sergueï Lavrov mardi.
Ce dernier doit également tenir mardi une conférence de presse et s'exprimer devant la Conférence du Désarmement à Genève.
"L'escalade des opérations militaires de la Fédération russe en Ukraine entraîne une recrudescence des violations des droits de l'homme", a déclaré le secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies Antonio Guterres, à l'ouverture du Conseil, dans un message vidéo.
"Tout au long de l'histoire, il y a eu des moments d'une profonde gravité, qui ont divisé le cours des événements entre un avant et un après, très différent, plus dangereux. Nous sommes à un tel tournant", a souligné pour sa part la Haute-Commissaire de l'ONU aux droits de l'homme, Michelle Bachelet.
Mme Bachelet a affirmé lundi avoir enregistré 102 civils tués, dont 7 enfants, et 304 blessés, depuis le début de l'invasion russe en Ukraine, mais a averti que les chiffres réels étaient "considérablement" plus élevés.
"La plupart de ces civils ont été tués par des armes explosives à large rayon d'action, notamment des tirs d'artillerie lourde, des lance-roquettes multiples et des frappes aériennes", a-t-elle assuré.
De son côté, l'ambassadrice ukrainienne Yevheniia Filipenko a affirmé que le bilan du ministère de la Santé atteignait plus de 350 victimes, dont 16 enfants, et quelque 1.700 blessés. L'invasion de l'Ukraine par la Russie fera l'objet jeudi d'un débat urgent devant le Conseil des droits de l'homme, où Kiev, soutenu par une large coalition de pays, entend demander la création par l'ONU d'une Commission d'enquête internationale, comme il en existe pour la Syrie.
Selon le projet de résolution, l'Ukraine demande que les experts de l'ONU enquêtent sur les violations des droits humains qui auraient été commises en Crimée et dans les territoires séparatistes de Lougansk et de Donetsk depuis 2014, ainsi que dans le reste du pays depuis 2022.
"Pas crédibles"
La proposition de tenir le débat a été mise au vote lundi à la demande de Moscou qui n'a pu toutefois compter que sur un faible soutien, dont celui de la Chine, de Cuba et du Venezuela.
Avant ce débat, les chefs des diplomaties américaine, Antony Blinken, et de l'UE, Josep Borrell, prendront la parole devant le Conseil des droits de l'homme mardi, dans des messages vidéos. Le ministre ukrainien des Affaires étrangères Dmytro Kuleba en fera de même mercredi.
Le ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian doit aussi prononcer un discours, par vidéo, lundi.
Ouvrant les débats lundi, le président suisse et chef de la diplomatie Ignazio Cassis a condamné "avec la plus grande fermeté" l'attaque russe contre l'Ukraine, avant une réunion du gouvernement fédéral qui doit décider de nouvelles sanctions contre la Russie.
"Soyons clairs : les tentatives de la Fédération de Russie pour légitimer son action ne sont pas crédibles : il n'y a eu une aucune provocation permettant de justifier une telle intervention", a-t-il assuré, en dénonçant également les arrestations des manifestants anti-guerre en Russie et les restrictions à la liberté de la presse.
Vladimir Poutine a déclenché le 24 février à l'aube l'invasion de l'Ukraine, avec frappes aériennes et pénétration de forces terrestres, y compris en direction de la capitale Kiev. L'attaque a provoqué un tollé dans la communauté internationale.
Quelque 368.000 réfugiés ont fui les combats depuis le déclenchement de l'invasion russe, dont plus de la moitié sont entrés en Pologne, et leur nombre continue d'augmenter, selon un bilan dimanche de l'ONU.