Les faits, qualifiés "d’acte odieux" par la première ministre Elisabeth Borne, se sont produits rue d’Enghien, près d’un centre culturel kurde, dans un quartier commerçant prisé de la communauté kurde.
Une enquête a été ouverte des chefs d’assassinat, homicides volontaires et violences aggravées. Les investigations ont été pour l’heure confiées à la brigade criminelle de la police judiciaire parisienne, a-t-on appris auprès du parquet de Paris.
"Il y a trois décédés, une personne en état d’urgence absolue, deux personnes en état d’urgence relative et le mis en cause qui a pu être interpellé, est également blessé, notamment au visage", a détaillé la procureure de la République de Paris Laure Beccuau, devant la presse
L’interpellé a été placé en garde à vue peu après les faits. Ses motivations n’étaient pas connues immédiatement.
Le parquet national antiterroriste et ses services sont venus sur place mais il n’y a "aucun élément qui privilégierait la nécessité de leur saisine", a ajouté la procureure.
Selon deux sources policières, l’homme interpellé, un conducteur de train à la retraite de nationalité française et âgé de 69 ans, est connu pour deux tentatives d’homicide commises en 2016 et décembre 2021.
Mme Beccuau s’est refusée à commenter les motivations du tireur présumé. "Quant aux motifs racistes des faits, ces motifs vont évidemment faire partie des investigations qui viennent de débuter", a-t-elle toutefois poursuivi.
En déplacement dans le Nord du pays, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin a indiqué sur Twitter qu’il rentrait à Paris "à la suite de la dramatique fusillade qui s’est déroulée ce matin". "Toutes mes pensées vont aux proches des victimes", a-t-il poursuivi.
Sur place, l’émotion était vive autour de la rue en partie bouclée par un important dispositif policier.
Des membres du centre culturel Ahmed Kaya étaient en pleurs, se prenant dans les bras pour se consoler, a constaté une journaliste de l’AFP. Certains, s’adressant à la police, criaient "cela recommence, vous ne nous protégez pas, ils nous tuent".
"Panique totale"
Au croisement de la rue d’Enghien et de la rue d’Hauteville, des brancards étaient amenés dans le calme vers la scène de la fusillade et un périmètre de sécurité était mis en place par la police, a constaté une journaliste de l’AFP.
Présente au moment de l’attaque, Selma Akkaya, journaliste et activiste kurde a indiqué à l’AFP qu’"il y a six personnes blessées" avec parmi elles, "un célèbre chanteur kurde". L’auteur des faits a tiré, selon elle, "en direction d’un salon de coiffure".
"Sept à huit coups de feu dans la rue, c’est la panique totale, on est restés enfermés à l’intérieur", a témoigné auprès de l’AFP une commerçante d’un immeuble voisin souhaitant garder l’anonymat.
"On a vu un vieux monsieur blanc rentrer et tirer dans le centre culturel kurde, puis il est allé dans le salon de coiffure à côté", à l’angle avec la Cour des Petites écuries. "On est réfugiés dans le restaurant avec les salariés", a témoigné Romain, le directeur adjoint du restaurant Pouliche Paris, dans la rue, joint par téléphone.
La rue d’Enghien et le quartier comptent de nombreux restaurants, bars et commerces et ses trottoirs comme ceux des rues adjacentes grouillent habituellement de passants.
Selon un autre témoin, un habitant du quartier qui passait dans la rue et interrogé par l’AFP, "il y avait des gens en panique qui criaient à des policiers : « il est là, il est là, avancez » en désignant un salon de coiffure".
"J’ai vu des policiers rentrer dans le salon où j’ai vu deux personnes à terre, blessées aux jambes, j’ai vu le sang", a-t-il ajouté décrivant des "gens sous le choc et en panique".
Le Centre Ahmet Kaya, ainsi prénommé en hommage au célèbre chanteur éponyme, est une association loi 1901 ayant pour objectif de “favoriser l’insertion progressive” de la population kurde installée en Île-de-France.