Publiée pour la deuxième année consécutive, cette étude s’appuie sur les données recueillies par les Urssaf Franche-Comté et Rhône-Alpes, chargées de la collecte des cotisations d’assurance maladie des frontaliers résidant en France et affiliés à la Sécurité sociale française. Cette année, le recueil a été enrichi grâce à une nouvelle collaboration avec l’Office fédéral de la statistique suisse (OFS) et l’Insee.
En 2023, près de 395.290 personnes travaillaient en Suisse tout en résidant dans un autre pays européen, dont 224.000 en France. Ce chiffre marque une augmentation de 5 % par rapport à l’année précédente, témoignant d’un attrait croissant pour l’emploi helvétique.
Toutefois, si le nombre de frontaliers français progresse, la part de ceux qui choisissent d’être affiliés à la Sécurité sociale française diminue. Ils étaient 152.000 en 2023, soit une baisse de 4 % en un an. Ce phénomène s’explique notamment par la compétitivité du système de santé suisse (LAMal), qui devient plus avantageux pour les célibataires et les hauts revenus, en raison de ses cotisations forfaitaires.
Une répartition géographique concentrée et un profil spécifique
La majorité des travailleurs frontaliers en Suisse résidant en France se concentre dans trois départements :
- Haute-Savoie (43 %)
- Doubs (20 %)
- Haut-Rhin (14 %)
Près de la moitié travaillent dans le canton de Genève, qui reste la destination privilégiée des frontaliers français. Parmi eux, 74 % résident en Haute-Savoie et 19 % dans l’Ain.
Le portrait type du travailleur frontalier est également marqué par plusieurs tendances :
- Âge moyen : 42 ans
- Revenu fiscal de référence individuel (RFRI) moyen : 55.472 €
- Distance moyenne domicile-travail : 32 km (1 frontalier sur 5 parcourt plus de 50 km pour aller travailler en Suisse)
- Secteurs d’activité dominants : industrie manufacturière, commerce, services administratifs et techniques.
Une forte concentration dans l’industrie et les services
Les travailleurs frontaliers en Suisse se répartissent majoritairement dans cinq secteurs d’activité clés, qui concentrent près des deux tiers des emplois. L’industrie manufacturière arrive en tête, employant 20 % des frontaliers, notamment dans les départements du Doubs, du Jura et du Territoire de Belfort, où elle représente jusqu’à 45 % des emplois transfrontaliers. Le commerce et la réparation automobile suivent avec 14 %, tandis que les services administratifs et techniques regroupent 13 % des travailleurs. Enfin, les activités spécialisées, scientifiques et techniques (10 %) et le secteur de la santé et de l’action sociale (10 %) complètent le tableau.
Perspectives d’avenir
Si l’attrait pour la Suisse ne se dément pas, la baisse de l’affiliation à la Sécurité sociale française soulève des questions sur la compétitivité du système social hexagonal. Avec des salaires parmi les plus élevés au monde et un droit du travail plus flexible, la Suisse continue d’attirer toujours plus de travailleurs français, malgré un coût de la vie élevé. Reste à voir comment les tendances évolueront dans les prochaines années face aux réformes sociales et économiques des deux pays.
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Face à ces évolutions, l’Urssaf Franche-Comté a mis en place un guichet unique Cpam/Urssaf pour "faciliter les démarches administratives, notamment en cas de radiation". Par ailleurs, des partenariats avec des associations locales comme l’Amicale des Frontaliers ou l’Association d’Aide aux Frontaliers (ADF) ont été noués afin de "mieux informer les usagers". L’Urssaf propose également un chatbot et un voicebot accessibles en continu, ainsi qu’un service téléphonique et des webinaires pour aider les nouveaux affiliés à naviguer dans leurs obligations sociales.