"Ca va être une grande fête, un moment très fort", anticipe le grimpeur franc-comtois qui, à 33 ans, place ses ultimes tours de pédale avant de ranger définitivement son vélo à la fin de la saison. Le cyclisme français se retrouvera alors orphelin de ce personnage singulier, "un peu sauvage et timide", qui n'aime rien de plus que le "silence" et s'occuper de ses chèvres dans sa ferme de Mélisey, en Haute-Saône.
- Mais la tranquillité attendra. Samedi, la Pinotmania devrait atteindre des sommets lors d'une 20e étape à six cols qu'il connaît par coeur, entre Belfort et Le Markstein.
"J'ai entendu qu'on était en train d'organiser deux trois petites choses", souligne le coureur de Groupama-FDJ.
En effet. Une "fan zone" sera ainsi installée dans son village natal, avec écran géant et buvette. Même chose à La Bresse, à la Traverse de la Roche, où l'Association des espoirs du ski de fond vosgien a vu les choses en grand. Mais c'est surtout dans le Petit Ballon, avant-dernière ascension du jour, que ça va se passer et plus précisément dans le "virage Pinot".
"Chanter très fort, brandir des tifos et montrer aux autres que Thibaut est grand, aujourd'hui", sont les prérequis demandés par le compte parodique "Fédération Française de la Lose" qui organise même un voyage en car depuis Paris pour venir encourager l'idole. "10 ans qu'il nous fait rêver: il était temps de lui rendre la pareille. Et on embarque les meilleurs d'entre-vous", proclame l’appel au grand rassemblement.
Pour être sélectionné, il faudra "y avoir cru sur le Giro en 2018 et 2023, sur le Tour en 2019, sur le Dauphiné 2020", c'est-à-dire à chaque fois que le champion de Mélisey est passé à côté d'une grande victoire.
"De plus en plus fou"
Car Thibaut Pinot a beau présenter un palmarès plus que respectable – 3e du Tour en 2014, trois victoires d'étapes, triomphe au Tour de Lombardie... en France, il est surtout aimé pour ses défaites magnifiques.
Son panache mais aussi ses galères, ses fragilités et sa personnalité qu'il décrit lui-même comme "décalée" ont créé une icône romantique qui souvent le dépasse lui-même.
"Je suis loin d'être le meilleur. Et pourtant, je suis l'un des plus encouragés. Je n'ai pas le palmarès d'un Julian (Alaphilippe), je ne pense pas avoir marqué la décennie du vélo. Mais à chaque col que je monte, c'est de plus en plus fou", s'étonne celui qui a même son kop personnel, le Collectif Ultra Pinot.
Depuis le début du Tour, la passion déborde et les pancartes "Wonder Pinot" ou "Retraite à 33 ans, Pinot Président" fleurissent aux quatre coins de France.
"Ca me procure beaucoup de frissons, d'adrénaline. On me dit souvent: +merci Thibaut+. Ma meilleure façon de les remercier serait de gagner une étape", dit-il. Mais, lucide sur son niveau, il reconnaît que gagner reste "au-delà du rêve" et espère déjà "être à l'avant" samedi "pour profiter de cette ambiance"."Il y a aura des frissons et de l'émotion, ce sera mon dernier col sur le Tour."
Ensuite, il lui restera encore quelques courses, avant que le rideau tombe définitivement en octobre. "Je suis content d'arrêter, dit-il. Et dans un an je serai peut-être au bord de la route avec les copains pour encourager les coureurs", entre deux parties de pêche et le nourrissage des chèvres dans le silence de Mélisey.
(Avec AFP)