Expérimenté à Besançon et dans le quartier de Planoise en particulier, le dispositif FAR s’inscrit dans une démarche "qui vient en complément d’un travail de fond engagé depuis plusieurs années sur les problématiques propres au quartier de Planoise" a annoncé en préambule le préfet du Doubs Rémi Bastille. Décidé par l’ex-première ministre Élisabeth Borne à la suite des émeutes autour de l’affaire Naël, cette force d’action républicaine déployée à Besançon aura pour objectif principal d’apporter une réponse globale qu’elle soit judiciaire, éducative ou sociale aux difficultés rencontrées par les habitants de Planoise. Sur le terrain, cela se traduit par le fait de concentrer dans un quartier tous les services de l’État durant six mois afin de tenter de "répondre à moyen terme aux difficultés du quartier" a expliqué le préfet du Doubs.
Première priorité de ce dispositif, réaliser un diagnostic en concertation avec la population et les acteurs locaux pour analyser précisément les problématiques rencontrées dans le quartier de Planoise.
Un diagnostic "sur-mesure"
Pour le préfet coordonnateur de la FAR, Gilles Clavreul, le dispositif vient "conforter une démarche qui a du sens" et s’appuiera sur "un travail solide" déjà mené à Besançon grâce à de multiples actions déjà entreprises au sein du quartier notamment à destination de la jeunesse avec par exemple le Pacte pour l’émancipation des jeunes de Planoise. Un travail d’investigation approfondi en somme afin de poser un diagnostic "sur mesure" à la ville de Besançon tout "en bénéficiant du soutien des inspections générales interministérielles" a présenté monsieur Clavreul.
La FAR vise également à réduire la question de la sécurité à Planoise en s’attaquant aux problèmes de fond relevant bien souvent de sujets de précarité, éducatifs ou encore de mixité sociale. "C’est un continuum d’actions qu’il s’agit de mettre en place en rassemblant les services de l’État, de police, de justice, de gendarmerie mais aussi l’Éducation nationale, la santé, les partenaires sociaux et les maires qui sont toujours en première ligne dès lors qu’il s’agit de répondre aux attentes et aux besoins des populations" a résumé Gilles Clavreul.
Lutte contre les addictions, fraude et aide à la réinsertion
Le procureur de la République Étienne Manteaux a de son côté salué un dispositif "très souple" qui "sert vraiment à la population et aux habitants de Planoise" et s’est engagé à "continuer sans faiblir ce qui est fait dans le cadre du quartier de reconquête républicaine". Sur le volant judiciaire, pour atteindre l’objectif de "zéro place de deal", la FAR va permettre d’être plus offensif sur la lutte contre les addictions. Mais également en matière de lutte contre la fraude, "on a trop de commerces qui sont des façades et qui servent uniquement à du blanchiment des produits du trafic de stupéfiants et là-dessus il faut absolument être plus offensif " a insisté le procureur. Autre pilier du dispositif, accompagner les mineurs "en décrochage scolaire et happés par les trafiquants de stupéfiants pour devenir ces petites mains qui font vivre au quotidien les places de deal". Enfin dernier projet auquel le procureur attache beaucoup d’importance : être beaucoup plus offensif sur l’aide à la réinsertion des détenus. "L’incarcération n’est pas une finalité en soi" a rappelé Étienne Manteaux qui souhaite une vision plus globale des "défis qui nous sont posés par la délinquance".
En termes de moyens alloués au dispositif, le préfet Gilles Clavreul est resté vague sans pour autant nier le contexte budgétaire difficile. "On est sur une démarche que l’on engage et derrière il y a un engagement de la part du gouvernement de faire en sorte que les décisions prises au niveau local soient suivies d’effet et accompagnées par le niveau national" a conclu le préfet.
Les associations espèrent plus de soutien
Des médiateurs d'associations ou de collectifs qui accompagnent des jeunes publics estiment eux que la question des moyens se pose urgemment. Pascal Brousseaud, médiateur social dans l'association "Pari", qui accompagne les jeunes à la scolarité via des projets comme l'adaptation d'une pièce de théâtre de Molière au XXIe siècle dans le quartier, "attend des moyens
supplémentaires" pour mener à bien ces projets. "On espère que ce dispositif soutienne un peu plus l'action des associations", abonde Smaïn Djerbal, du collectif "Récidev", pour l'éducation à la citoyenneté.
(avec AFP)