À 20h40 dimanche 22 janvier, pas moins de 22 coups de feu d’arme lourde ont été tirés en direction d’une cage d’escalier du 22 rue de Fribourg. Aucune victime n’a été recensée jusqu’à présent. Un témoin a été entendu.
Tentative de meurtre en bande organisée
Les 22 douilles retrouvées sur place proviennent d’une arme automatique puissante 7.62 mm selon les premiers éléments de l’enquête. ”Extrême gravité des faits, une qualification de tentative de meurtre en bande organisée et association de malfaiteurs en lien avec des trafics de stupéfiants parce qu’il ne peut pas être anodin que ces tirs interviennent au 22 rue de Fribourg, cette zone où depuis mai 2022, une série de tirs à l’arme de poing ou à l’arme de guerre manifestent le fait que des clans rivaux se disputent le contrôle de cette place de deal, connue par les toxicomanes qui y viennent se fournir”, affirme Étienne Manteaux.
Ce sont des énièmes tirs à Planoise, ”mais ce qui est singulier”, constate le procureur, ”c’est le nombre de munitions donc ce sont des individus particulièrement déterminés et particulièrement dangereux”.
Trois malfaiteurs dans une voiture retrouvée à Poligny
Cette enquête a connu une accélération ce mercredi matin à 6 heures. Le ”travail colossal” des enquêteurs en quelques jours, reconnaît le procureur, a permis d’identifier le véhicule qui aurait été utilisé par trois malfaiteurs via la vidéosurveillance. Et ”par chance” selon lui, les gendarmes de Poligny, dans le Jura, ont retrouvé un véhicule inscrit au fichier des véhicules volés début janvier à Beaune, qui semblerait avoir été utilisé rue de Fribourg dimanche soir. Cette voiture a donc été saisie par la police judiciaire pour la soumettre à des tests ADN et d’empreintes digitales. Dedans, seul un jeu de plaques d’immatriculation a été découvert.
Un fusil d'assaut retrouvé dans un appartement et un homme en garde à vue
Autre avancée importante dans cette enquête, la perquisition d’un appartement au 6 rue de Savoie ce mercredi à 6h00. Épaulés par le Raid de Strasbourg, ”pour protéger les policiers et les habitants du quartier”, les enquêteurs de la police judiciaire de Besançon se sont rendus dans cet appartement susceptible d’avoir été utilisé par les malfaiteurs.
À l’intérieur, les policiers ont découvert un fusil d’assaut de type Kalachnikov AK47 (voir dans notre vidéo en début d'article), ”un fusil de fabrication yougoslave, produit dérivé de la Kalachnikov AK47”, précise le procureur. Des munitions de 9mm (arme de poing) ont également été trouvées, ainsi qu’une presse à stupéfiants, des produits stupéfiants en faible quantité, ”un local qui était manifestement utilisé à la fois pour condition des stupéfiants, mais également pour stocker des armes”, indique Étienne Manteaux qui ajoute qu’il est encore ”trop tôt pour affirmer que cette arme découverte ce matin et celle qui a été utilisée dimanche soir”.
Par ailleurs, d’autres munitions de 7.62mm ont été retrouvées. Un travail de balistique sera réalisé par les enquêteurs pour comparer les ogives qui ont été retrouvées avec cette arme et faire des liens avec dimanche soir ou à d’autres reprises avec notamment des tests ADN.
Enfin, une personne qui a manifesté la volonté de rejoindre cet appartement est placée en garde à vue. Il s’agit d’un homme de 41 ans, originaire de Saint Étienne, ”très défavorablement connu des services de police pour 25 condamnations avec plusieurs peines d’emprisonnement pour trafic de stupéfiants et proxénétisme”, a précisé le procureur.
Une arme de guerre saisie pour la première fois depuis longtemps
Le procureur a déclaré qu’il s’agissait de ”la première fois depuis plusieurs années qu’une arme de guerre est saisie, ce qui est à la fois un bilan flatteur pour la police nationale, mais c’est aussi inquiétant, mais malheureusement on le savait, on savait que ces tirs existaient, on savait que des armes de guerre étaient en circulation, c’est une réelle satisfaction de pouvoir saisir cette arme”. Etienne Manteaux affirme tout de même qu’”il y a des raisons de penser que l’arme retrouvée a été utilisée dimanche soir.”
Infos +
Entre novembre 2019 et mars 2020, deux bandes rivales s'étaient affrontées pour le contrôle du trafic de stupéfiants dans ce quartier de reconquête républicaine : 18 fusillades avaient fait un mort et 11 blessés.