La jeune femme travaillait au comptoir, à la préparation des commandes des bornes. Concentrée, elle va dans tous les sens pour garnir les sacs et plateaux de frites, hamburgers, boissons, etc. Jusqu'au moment où elle entendit un "Poom". "J'ai d'abord cru que c'étaient des enfants qui jouaient avec des ballons qui ont éclaté, mais rapidement je me suis dit que c'était trop fort", nous raconte Anaïs. Il s'agissait en réalité d'un coup de feu.
Elle s'est retournée et a vu le bas du corps d'un homme vêtu d'une combinaison blanche "comme pour les peintres" précise-t-elle, avec une arme dirigée vers le sol. "Et là dans ma tête plein de questions me sont venues : est-ce un attentat ? Veulent-ils la caisse ? etc."
Selon ses collègues, Anaïs a crié "il faut sortir !", mais elle ne s'en souvient plus. Un client s'est dirigé dans la cuisine pour prévenir les autres employés qu'il fallait quitter les lieux.
"On se demandait si notre imagination n'avait pas déraillé"
Ensuite, "nous nous sommes retrouvés vers les friteuses et la ligne de production devant l'issue de secours et nous sommes sortis", explique la jeune femme, "Je me suis retrouvée dehors, mais je ne reconnaissais personne. Et c'est au bout de quelques secondes que j'ai vu deux de mes collègues au loin et je me suis empressée de les retrouver. On essayait de réaliser ce qu'il s'était passé, on se demandait si notre imagination n'avait pas déraillé".
A ce moment, un autre de ses collègues annonce que les braqueurs sont sortis du restaurant.
"On est donc tous rentrés. Les gendarmes nous permettaient de sortir par deux pour fumer une cigarette et là j'ai réalisé ce qu'il se passait, j'ai compris que je l'avais bien vécu et j'ai craqué", nous confie Anaïs.
Cauchemars, sueurs, peur...
Une cellule psychologique a été rapidement mise en place par la gendarmerie. Anaïs, en état de choc, a été emmenée à l'hôpital Minjoz pour consulter un psychologue. "Ça m'a calmé, je suis redescendue en pression. On m'a donné un cachet pour dormir, mais j'ai fait des cauchemars, je me suis réveillée en sueur…", nous raconte-t-elle.
Anaïs est en repos ce lundi et mardi, mais elle souhaite malgré tout retourner au restaurant ce soir pour voir ses collègues et les lieux. "Maintenant, j'ai peur de me retrouver dos à la salle", constate-t-elle, "j'ai peur que ça recommence".