Retard à l’allumage. L’application de traçage de contact StopCovid devait être disponible au téléchargement dès ce mardi 2 juin 2020 à midi. Ce n’est que vers 16h qu’elle est apparue sur Google Play (Android) et encore plus tard plus tard sur l’Apple store (iOS).
StopCovid sur Google Play Store :
https://play.google.com/store/apps/details?id=fr.gouv.android.stopcovid&hl=fr
StopCovid sur Apple Store :
https://apps.apple.com/fr/app/id1511279125
Le téléchargement de l’application est un acte strictement volontaire. Nul employeur, commerçant, fournisseur de services, autorité n’a le droit de l’imposer.
L'application StopCovid doit permettre à ses utilisateurs d'être prévenus s'ils ont croisé récemment, à moins d'un mètre et pendant plus de 15 minutes, un autre utilisateur qui s'est découvert contaminé par le coronavirus responsable du Covid-19.
Selon M. O, le gouvernement espère que "plusieurs millions de Français" vont télécharger l'application, pour qu'elle soit le plus efficace possible.
StopCovid sera la plus utile dans les endroits ou l'on croise des personnes que l'on ne connaît pas, comme les "bars et restaurants, les transports en commun, les commerces", a-t-il expliqué.
L'application est toutefois critiquée par des experts en informatique et des juristes, qui y voient un premier pas vers une société de la surveillance où nos faits et gestes seraient tracés en permanence par des systèmes automatiques.
Mais pour le gouvernement, des verrous suffisants empêchent tout détournement à des fins de surveillance - notamment le fait que l'application fonctionne avec des pseudonymes changeant régulièrement, et non des identifiants en clair.
Mercredi, le secrétaire d'Etat au numérique Cédric O avait indiqué sur France 2 que le nombre de téléchargements avait atteint les 600.000. "C'est un très bon démarrage" avait-il estimé.
Comment fonctionne StopCovid ?
L’application permet à un utilisateur qui se découvre contaminé au coronavirus de prévenir automatiquement tous les autres utilisateurs qu’il a croisés dans les deux semaines écoulées, pour qu’ils puissent prendre leurs précautions (auto-confinement, test de dépistage ...).
Pour fonctionner, l’application dote nos smartphones d’identifiants cryptés. Chaque smartphone conserve en mémoire les identifiants cryptés des smartphones croisés (à moins d’un mètre, et pendant plus de quinze minutes).
L’utilisateur qui découvre sa contamination par le coronavirus communique au système central de l’application la liste de tous les identifiants cryptés croisés sur les deux semaines écoulées.
Les smartphones des utilisateurs de l’application vérifient régulièrement sur le système central si leurs identifiants cryptés figurent sur ces listes. Si c’est le cas, ils affichent une alerte.
Qui a développé StopCovid ?
Le gouvernement français a décidé de garder complètement la maîtrise de l’application, excluant de recourir à la plateforme proposée à tous les pays et autorités sanitaires qui le souhaitent par les géants américains Google et Apple, propriétaires des systèmes d’exploitation de nos smartphones (Android et iOS).
StopCovid a été conçue sous la direction de l’institut de recherche en informatique français Inria, avec le concours de grands acteurs numériques français comme Orange, Capgemini, Dassault Systèmes, de l’entreprise française Withings (objets connectés) et la startup française Lunabee studio.
Ces entreprises ont travaillé "pro bono", fournissant des développeurs pour travailler sur le projet, mais sans facturer la prestation.
E. Philippe souhaite qu'un maximum de Français télécharge l'application
Le Premier ministre, lors de sa conférence de presse a demandé aux Français de télécharger l'application : "J'invite tous ceux qui me regardent et tous nos citoyens à utiliser cet outil complémentaire pour se protéger et pour protéger les autres (…) Nous avons comme je m'y étais engagé pris toutes les garanties nécessaires sous contrôle du parlement pour que StopCovid respecte les données personnelles et de vie privée", a-t-il ajouté.
Surveillance ?
Une application de traçage de contacts comme StopCovid porte dans son principe même un risque évident pour la vie privée, puisqu’elle suppose d’enregistrer un identifiant de toutes les personnes que nous croisons et de faire des traitements automatisés sur ces identifiants.
Des spécialistes du numérique, des juristes voient dans cette application les prémices d’une société de la surveillance, ou des algorithmes savent tout de nous et nous envoient en permanence des instructions à suivre. StopCovid n’est-elle pas en train d’ouvrir une boîte de Pandore, profitant de l’état de choc provoqué par l’épidémie?
De son côté, le gouvernement assure que toutes les garanties nécessaires ont été apportées pour que les données recueillies sur nos rencontres ne puissent pas être exploitées, ni par lui-même, ni par des acteurs malveillants.
Qu'en dit la Cnil ?
La Cnil, le gardien de la vie privée des Français, a d’ailleurs donné son feu vert à l’application, estimant qu’elle ne contrevenait pas aux dispositions législatives en vigueur.
De surcroît, le gouvernement estime que le jeu en vaut la chandelle. Pour lui, l’application très peu coûteuse peut avoir un effet positif "dès les premiers téléchargement", en cassant des chaînes de contamination qui n’auraient pas été décelées sans elle, par exemple dans le métro ou dans une file d’attente de supermarché.
Est-ce que cela va marcher ?
Le bénéfice attendu de l’application reste incertain. Il n’existe pas pour l’instant de preuve incontestable de l’efficacité d’un tel dispositif.
Ainsi par exemple, l’application n’a d’effet que pour les personnes qui acceptent de la télécharger... au risque que la masse critique d’utilisateurs ne soit pas atteinte.
Il faut également que l’application fonctionne correctement sur un plan technique. Or l’absence de coopération de Google et d’Apple a beaucoup compliqué la tâche des développeurs français.
(Avec AFP)