Frédéric Péchier est soupçonné d'avoir pollué les poches de perfusion de patients entre 2008 et 2017 dans deux cliniques privées de Besançon pour provoquer des arrêts cardiaques puis démontrer ses talents de réanimateur, mais aussi pour discréditer des collègues avec lesquels il était en conflit.
Libre sous contrôle judiciaire, il est arrivé peu avant 09h00 avec l'un de ses avocats, Randall Schwerdorffer. Barbe poivre et sel, visage fermé, il s'est engouffré dans le tribunal sans aucun commentaire. Il doit être entendu par la juge Marjolaine Poinsard, chargée de ce dossier d'instruction ouvert en 2017, à propos de huit nouveaux cas d'empoisonnement de patients, dont quatre mortels.
Soupçonné de 32 empoisonnements de patients, dont 13 sont décédés
Le docteur Péchier est déjà mis en examen pour 24 cas, dont neuf mortels. Au total, les enquêteurs le soupçonnent donc de 32 empoisonnements de patients, dont 13 sont décédés. Il entame mercredi devant la juge une longue série d'auditions qui doivent s'échelonner courant mars. A la lumière de nouvelles contre-expertises médicales en train d'être remises à la justice, ce premier interrogatoire doit déterminer s'il y a ou non "mise en examen pour les (huit) faits nouveaux", a précisé le procureur de la République de Besançon, Etienne Manteaux.
Six autres journées d'auditions "récapitulatives" suivront afin d'aborder l'ensemble des cas, a ajouté le magistrat. Me Schwerdorffer avait évoqué il y a quelques jours dans le Journal du Dimanche la possibilité que son client garde le silence, une "option" pas encore "arrêtée", avait-il toutefois expliqué mardi à l'AFP.
La défense fait appel
Le Dr Péchier, qui vit dans la Vienne, a vu son contrôle judiciaire récemment allégé et peut désormais revenir dans le Doubs voir sa famille. Il avait fait en septembre 2021 une tentative de suicide et avait été
hospitalisé plusieurs semaines. Il est toujours "abattu" et "a vécu comme un acharnement la dernière ordonnance de la juge qui lui interdit d'exercer la médecine", alors qu'une précédente décision ne lui interdisait que la pratique de l'anesthésie et de la réanimation.
La défense a fait appel de cette interdiction, selon Me Schwerdorffer.
(AFP)