En parallèle, la région s'est dite prête à monter au capital de l'entreprise pour favoriser une nouvelle proposition de reprise, après presque deux mois de mobilisation des salariés qui, la semaine dernière, ont menacé de faire sauter leur usine faute de solution.
"Le dossier va être rouvert jusqu'au 9 juin et de nouveaux repreneurs vont pouvoir prétendre acquérir MBF", a indiqué à la sortie de l'audience à huis clos Koray Sukran, délégué syndical Sud. L'unique offre du très discret entrepreneur Michaël Azoulay, qui proposait de conserver 229 salariés, avec une réduction de postes limitée à 42, n'a pas été officiellement écartée, d'après l'avocat du CSE Georges Meyer.
Jusqu'à lundi, M. Azoulay indiquait ne disposer que de la moitié des fonds exigés pour la reprise (1 million d'euros) mais "il a pu montrer à l'audience qu'il avait le soutien de banques régionales", a rapporté Nail Yalcin, délégué CGT.
"Le dossier a été porté à haut niveau, tout le monde est au courant, la seule chose qui manque c'est une volonté de Renault et de l'Etat de soutenir cette offre-là", a-t-il ajouté. Les groupes automobiles Renault et Stellantis (ex-PSA) sont les deux principaux clients de la fonderie, premier employeur privé du bassin d'emploi sinistré du sud du Jura.
La collectivité à la capitale ?
Dans un courrier obtenu par l'AFP avant l'audience, Marie-Guite Dufay, présidente PS sortante de Bourgogne-Franche-Comté, a écrit mardi matin qu'elle souhaitait "ouvrir une ultime voie afin de permettre la continuité d'activité", à travers un montage public-privé, en demandant l'accompagnement de l'État "pour constituer un pool d'investisseurs".
Mme Dufay, candidate à un nouveau mandat en juin, affirme que la collectivité pourrait monter au capital de l'entreprise à hauteur de 33%, conduisant à une participation de la région qu'elle estime entre 300.000 et 600.000 euros.
Après avoir reçu l'intersyndicale, la socialiste a affirmé avoir appris de Bercy que "l'Etat ne suivrait pas M. Azoulay", évoquant un "passif fiscal" de l'entrepreneur et le refus de Renault de travailler avec lui.
"L'Elysée a donné son aval pour que l'on demande une période d'observation supplémentaire au tribunal et, pendant ce temps, l'Etat débloquera le chômage partiel pour les salaires", a-t-elle précisé, réclamant "une relation constructive avec les constructeurs".
"Les cartes sont rebattues, un nouveau sursis est donné. On espère que M. Azoulay parviendra, d'ici à l'audience, à reconquérir la confiance de l'Etat et qu'un plan B monté par la région émergera", a réagi Me Meyer.
Plusieurs dizaines de salariés avaient fait le déplacement mardi devant la cité judiciaire de Dijon où ils ont déposé des carters de moteurs et les éléments de boîtes de vitesse qu'ils produisent. La semaine dernière, quatre représentants syndicaux avaient observé une grève de la faim de plusieurs jours et des employés ont placé des bouteilles de gaz et d'azote dans les murs de la fonderie, menaçant de la faire sauter faute de solution de reprise.
Le tribunal de commerce examinera les offres le 15 juin.
(Source AFP)