Une pétition et des tracts ont circulé auprès des passants de la place du 8 septembre. "Dans l'ensemble, nous avons eu un très bon accueil, nous avons eu des discussions parfois très longues avec les passants alors que je m'attendais à plus de polémique" nous confie Nathalie de Pontac, coordinatrice locale du mouvement "Soulager mais pas tuer".
Qu'est-ce que le mouvement "Soulager, mais pas tuer" ?
Ce mouvement, parrainé par Philippe Pozzo di Borgio (tétraplégique dont la vie a été rendue célèbre par le film "Intouchables") regroupe une dizaine d'associations qui luttent contre l'euthanasie en diffusant des informations sur ce sujet. Il est destiné à "protéger les personnes gravement malades, dépendantes ou en fin de vie, de l'euthanasie sous toutes ses formes et du suicide assisté". "Soulager, mais pas tuer" demande au gouvernement le développement d'une culture palliative, préservée de toute intention de provoquer la mort. Il lance un appel, sous forme de pétition, qu'il propose aux passants de signer pour alerter les pouvoirs publics.
Pourquoi êtes-vous contre l'euthanasie ?
Nathalie de Pontac explique que "nous affirmons que l'euthanasie n'est pas l'alternative à la souffrance. Il faudrait que cette souffrance soit prise en compte dans notre pays. On sait très bien que la culture palliative est la bonne alternative à l'euthanasie." Elle ajoute que "C'est important d'entendre les personnes malades qui sont vulnérables, en fin de vie, très malades, et c'est important de les entendre pousser leur cri en faveur de la vie des personnes qui veulent rester en vie malgré leur handicap."
Si une personne en fin de vie et à l'agonie demande à mourir ?
Nathalie de Pontac répond qu’"On entend les cris de ces personnes-là. On est assez régulièrement interpellé par des faits divers, des drames parce que des personnes veulent mettre fin à leur vie parce qu'elles souffrent trop et se sentent inutiles. Il faut que ces personnes ne sentent pas seules avec leur maladie, leurs souffrances physiques et morales. Quand les personnes demandent l'euthanasie c'est qu'elles n'en peuvent plus, elles poussent un cri de vie en demandant à ce que leur souffrance soit prise en compte, que leur souffrance soit mieux soulagée et demandent à être mieux accompagnées. C'est très important. On demande à ce que ce soit écouté."
Albane Vachon, infirmière qui a travaillé plusieurs dans des soins palliatifs à Besançon et à Paris et qui fait partie du mouvement raconte son expérience, "J'ai vécu les expériences de patients qui demandaient l'euthanasie ou des proches de patients qui demandaient l'euthanasie. Comme c'est une pratique illégale, les médecins demandent dans ces cas-là, cherchent à approfondir ces demandes. On se rend compte que derrière ces demandes, il y a une souffrance physique évidente, mais de réelles souffrances morales et sociales. Il y a une misère sociale dont on n'a absolument pas idée, les gens sont seuls. La demande d'euthanasie est aussi une façon de fuir cette réalité qu'ils supportent plus."
Et mourir dans la dignité ?
Selon l'infirmière, "Être euthanasié c'est aussi être assisté. Dans cette histoire de dignité, on oublie une petite part de la dignité de la personne quand on décide de proposer l'euthanasie pour un cas trop lourd pour que ce soit plus rapide. Mais la dignité justement est de pouvoir récupérer cette personne et essayer de faire le maximum pour qu'elles puissent partir en ayant revu ses proches, gérer les affaires (appartement, notaire, etc.). Les gens ont besoin de voir leurs proches dont ils ont besoin. La notion d'au revoir est extrêmement importante. Elle raconte que "J'ai eu une patiente qui agonisait depuis 15 jours et qui a reçu la visite d'une de ses proches et qui est partie le lendemain."