"En France, une femme meurt tous les deux jours sous les coups de son conjoint" rappelle Eva Bronnenkant, co-présidente de l'association Solidarité Femmes Besançon. "Et plus d'une femme sur sept est victime de violences conjugales, qui touchent toutes les classes sociales."
Une triste constatation, auquel la Franche-Comté n'échappe malheureusement pas : "Il y a eu 116 féminicides sur la dernière année en France, dont quatre dans la région", précise-t-elle. "Sur ces quatre cas, trois femmes étaient en situation de séparation imminente ou en cours."
"À ce jour, 97 % des cas de violences conjugales mettent en cause un homme sur une femme. Sur ces 3 % restants, l'homicide aurait dans 10 % des cas été commis par légitime défense." - Eva Bronnenkant, co-présidente de Solidarité Femmes Besançon
Selon la porte-parole, la plupart des victimes n'ont pas été repérées par la justice, ni par les forces de l'ordre : "Il est toujours aussi important de faire de la prévention, d'expliquer le mécanisme et les actions possibles, afin que les femmes prennent conscience que ce qu'elles peuvent vivre n'est pas normal." La co-présidente ajoute qu'il faut "faire la différence entre un conflit et des violences conjugales. Dans ce dernier cas de figure, il y a un déséquilibre, une personne domine et prend le contrôle de l'autre ; physiquement comme psychologiquement".
Une accentuation de la culture du viol chez les jeunes
Le fil rouge des futures actions des associations du Collectif bisontin contre les violences faites aux femmes sera axé sur les jeunes : "On constate une accentuation de la culture du viol chez cette génération" souligne Eva Bronnenkant. "Les jeunes femmes, de 18 à 29 ans, sont les premières victimes de violences sexuelles. Il faut que l'on agisse dès le plus jeune âge. Faire comprendre dès l'enfance que le corps des autres doit être respecté."
"Ce qui est difficile pour les associations, c'est de toucher tout le monde. Il y a des personnes qu'on ne sait pas comment atteindre" ajoute Catherine Philippe, juriste et administratrice du Centre d'information sur les droits des femmes et des familles (CIDFF) du Doubs.
Le discours des deux femmes est sensiblement le même : "La parole se libère, les forces de l'ordre sont également plus sensibilisées qu'avant sur le dépôt de plainte, y compris pour des violences psychologiques. Mais malheureusement, l'absence de condamnation conforte les auteurs."
De nombreux événements organisés jusqu'au 16 décembre
Vendredi 25 novembre, ce sera la journée internationale pour l'élimination de la violence à l'égard des femmes. Pour l'occasion, les associations locales prévoient des événements jusqu'au 16 décembre prochain.
Parmi eux, un procès d'assises fictif autour de la prostitution des mineurs, qui se tiendra mardi 22 novembre au Grand Labo de Hôp hop hop à Besançon. Le lendemain, les élèves du lycée Jules Haag, section Erasmus, échangeront sur les différences avec l'Espagne sur la prise en charge de violences conjugales, en collaboration avec leurs correspondants locaux. Ce partage d'expérience prendra place au Pixel.
Également, le 25 novembre sera lancé le dispositif Angela, qui vise à créer un réseau sûr et solidaire de lieux (bars, commerces, restaurants, …) ayant la capacité d'assister et de soutenir des personnes qui se trouvent en situation d'harcèlement et de violences. Ce dispositif est proposé par la Ville de Besançon et le CIDFF du Doubs.
Le programme complet est à retrouver sur le site internet de Solidarité Femmes Besançon.