"Relaxe pour nos faucheurs", "OGM masqués mais pas confinés" : une centaine de sympathisants et militants des "Faucheurs volontaires", pancartes en main, étaient venus soutenir six d'entre eux poursuivis pour avoir détruit le 15 avril 2017 à Villy-le-Moutier (Côte d'Or) une parcelle de colza utilisée par le semencier allemand KWS pour des recherches sur les OGM, selon eux. "Nous sommes des lanceurs d'alerte contre les OGM. La société civile les refuse massivement", s'est justifié à la barre l'un des six prévenus, Roland Essayan, déjà condamné pour des faits similaires.
"Les BASF, Monsanto, KWS s'accaparent les semences pour imposer leurs brevets et faire du fric", a ajouté un autre, Nicolas Millet. "Les semenciers comme KWS sont coupables de dissémination d'OGM", selon un troisième, Pierre Clément. "On espère la relaxe", a déclaré à l'AFP leur avocat, Guillaume Tumerelle, affirmant que, sur cette parcelle, KWS "se cachait derrière une nouvelle technique, la mutagénèse", des variétés mutées rendues tolérantes aux herbicides souvent qualifiés d'OGM cachés.
"Il n'y avait aucun OGM sur ma parcelle"
"Or la Cour de justice européenne a dit que les mutagénèses aussi étaient soumises à la réglementation (qui interdit les OGM commerciaux, ndlr). Mais la France n'applique pas du tout cela", a ajouté le conseil. "Ils se sont trompés", a répliqué le propriétaire du champ concerné, Nicolas Joigneault. "Il n'y avait aucun OGM sur ma parcelle. KWS menait des recherches conventionnelles. Je suis en agriculture de conservation des sols, qui limite les herbicides. Jamais, je n'aurais accepté d'OGM", s'est défendu l'agriculteur, raillant "ceux qui se présentent comme des chevaliers blancs qui veulent sauver la planète".
"KWS France ne fait pas d'OGM ou de mutagénèse", a renchéri François Eloi, ancien directeur du développement chez KWS France. "Nous essayons de trouver des variétés durables. Toutes nos récoltes sont analysées : s'il y avait eu des OGM, cela aurait été su", a-t-il plaidé. "On croyait que c'était des parcelles d'essai d'OGM. On pensait que c'était BASF", a reconnu un prévenu, Pierre Clément. Non loin, BASF avait en effet eu des parcelles destinées à des recherches.
Le jugement devrait être mis en délibéré.
(AFP)