C'est le moment de l'année où citadins et responsables politiques se retrouvent autour d'une vache : le Salon de l'Agriculture, célébration annuelle de la "ferme France", s'ouvre samedi dans un paysage bouleversé par la guerre en Ukraine, l'inflation et le climat. Emmanuel Macron est attendu à la première heure samedi pour inaugurer l'événement qui occupe le parc des expositions de la Porte de Versailles, dans le sud de Paris, chaque année depuis 1964 (exception faite de 2021 en raison de la pandémie de Covid-19).
En 2022, le salon avait ouvert quasiment au lendemain de l'invasion de l'Ukraine par la Russie et le chef de l'Etat avait fait une apparition express - une heure et demie contre 12 heures minimum habituellement.
Rendez-vous au stand de la Bourgogne Franche-Comté
Pour cette 59e édition du Salon International de l’Agriculture, la Région Bourgogne-Franche-Comté présente deux espaces de valorisation et de promotion de son territoire et de son agriculture, Hall 1 et Hall 3, en partenariat avec les organismes de sélection des races Charolaise, Montbéliarde et mouton Charollais, la Chambre régionale d’agriculture, le GPPR (Gastronomie et promotion des produits régionaux) de Bourgogne-Franche-Comté et le Département de la Saône-et-Loire. Au-delà de la promotion des races et des produits, cette année, la Région met l’accent sur la qualité de ses filières. Producteurs, éleveurs, lycéens et acteurs du monde agricole viendront en témoigner.
- La journée Bourgogne Franche-Comté
Mercredi 1er mars, à l'occasion de "Journée Bourgogne-Franche-Comté", dès 9h30, la présidente de Région, Marie-Guite Dufay, visitera l’espace Bourgogne-Franche-Comté du Hall 3 (allée E, stand 178) et rencontrera les producteurs.
À 12h45 heures, Marie-Guite Dufa prendra la parole sur le stand régional du Hall 1 (allée L, stand 105), en compagnie de Christian Decerle, président de la Chambre régionale d’agriculture, et de Hugues Pichard, président de l’organisme de sélection de la race Charolaise.
La Bourgogne-Franche-Comté au Salon de l’agriculture 2022 :
- Le bistrot et le restaurant : 1000 plats et 600 menus vendus Le bar à fromages : 934 assiettes vendues
- La boutique : 850 produits vendus
- L’espace « partenaires » : 23 producteurs locaux présents
- 70 produits locaux présentés dans les animations, au bistrot, menus ou les cocktails
- 26 filières partenaires
- 5 prix d’excellence et 315 produits médaillés au Concours général agricole
- La Région Bourgogne-Franche-Comté 5e au classement national
- Soirée gourmande : 200 invités et 65 journalistes présents.
500.000 visiteurs lors de la précédente édition
L'édition 2022 était singulière : première grande manifestation post-Covid 2019, elle avait drainé plus de 500.000 visiteurs qui, le plus souvent, avaient tombé le masque. Surtout, Ukraine et Russie étant des producteurs agricoles de premier plan, la notion de "souveraineté alimentaire" avait été mise en exergue par les grands producteurs, notamment céréaliers, en raison des risques pesant sur l'approvisionnement du monde en blé et autres graines.
Depuis, la France compte un ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire et le syndicat agricole majoritaire FNSEA ne manque pas une occasion de marteler que les agriculteurs doivent avoir les moyens de produire en quantité, avec moins de contraintes environnementales, des réserves d'eau pour irriguer les cultures et des pesticides si besoin.
Le 8 février, le syndicat a orchestré une démonstration de force en faisant défiler plus de 500 tracteurs jusque dans le centre de Paris pour dénoncer le rétropédalage du gouvernement sur les insecticides néonicotinoïdes, dont sont désormais définitivement privés les producteurs de betterave à sucre. Il faut "que la France arrête de perdre sa souveraineté alimentaire" et évite de manquer d'agriculteurs "comme on manque de médecins", relève Jean-Luc Poulain, président de l'événement.
La guerre en Ukraine et inflation en tête des préoccupations
"C'est la première fois qu'on va tenir un salon avec les effets d'une guerre sur le continent européen", observe Jean-Luc Poulain, aussi agriculteur dans l'Oise. Le conflit a fait bondir les prix des aliments des animaux d'élevage, mais aussi de l'énergie qui sert à chauffer les bâtiments qui les abritent ou les serres, à sécher le maïs, à réfrigérer les pommes ou les racines d'endives... La guerre a aussi ravivé les tensions sur le pouvoir d'achat, avec des prix de l'alimentation en hausse de 12% sur un an.
L'inflation n'est pas près de se tarir. Le salon coïncide d'ailleurs avec la clôture le 1er mars des négociations annuelles entre les supermarchés et leurs fournisseurs, qui veulent vendre significativement plus cher pour absorber la hausse de leurs propres coûts. Dans ce bras de fer, le syndicat majoritaire FNSEA se place du côté des industriels - qui achètent les matières premières aux agriculteurs.
S'alarmant de la décrue de certaines productions nationales (bœuf, porc, légumes) et de la hausse concomitante des importations, la présidente de la FNSEA, Christiane Lambert, a affirmé mardi lors d'une conférence de presse refuser "la fatalité du déclin". "Parler de souveraineté alimentaire, c'est bien, mais prendre les décisions qui permettent de l'atteindre et qui permettent surtout de ne plus régresser, c'est beaucoup mieux", a-t-elle poursuivi.
Près de 4.000 animaux attendus
La question des "moyens budgétaires" à mobiliser pour aider les agriculteurs à financer la construction de réserves d'eau pour irriguer les cultures devrait être abordée samedi par Emmanuel Macron, a déclaré mercredi le ministre de l'Agriculture Marc Fesneau à des journalistes. Selon lui, 60 nouveaux projets d'ouvrages hydrauliques à vocation agricole seront "mis en service" d'ici à juin. Le salon est là "pour passer des messages utiles à la production agricole", souligne Jean-Luc Poulain.
"C'est le catalyseur des espoirs et des problèmes de l'agriculture", abonde Arnaud Lemoine, directeur du Centre national des expositions et concours agricoles (Ceneca), organisation à l'origine de la manifestation. Rite annuel, l'égérie du 59e Salon de l'agriculture, la vache Ovalie, de race Salers et de robe acajou, arrivera vendredi Porte de Versailles accompagnée de ses jumelles, Utopie et Utopia, nées en janvier.
A leurs côtés, près de 4.000 animaux - moutons, cochons, chevaux, lapins... - guetteront les foules depuis leur litière de paille. Mais les poules manqueront à l'appel, confinées cette fois encore à cause de la grippe aviaire.
(AFP)