Des mots du procureur de la République c’est une "saisie remarquable" et "jamais vue" depuis son arrivée à Besançon en 2018. Celle-ci donne cependant à voir "l’ampleur du défi qui est face à nous" a encore ajouté le magistrat.
L’enquête démarre d’un simple contrôle routier de la brigade anti-criminalité le 26 avril 2023 à Besançon. À bord du véhicule, deux personnes sont identifiées en possession de 4 kilos et 14 grammes d’héroïne, et près de 6 kilos de produits de coupes qui permettent de couper les produits afin de maximiser les bénéfices.
Cette première saisie "tout à fait inhabituelle", va amener les enquêteurs à découvrir différentes empreintes digitales en plus de celles appartenant aux deux occupants de la voiture.
Un troisième individu identifié dans le traffic
Les investigations vont ensuite permettre d’identifier un troisième individu âgé de 32 ans, "peu connu de la justice" selon le procureur mais "qui va se montrer particulièrement méfiant" et "rendre complexe le travail des enquêteurs". À tel point que ceux-ci ont dû travailler d’arrache-pied jusqu’au 12 novembre 2024 pour procéder à son interpellation et à la saisie de deux appartements "étant identifiés comme utilisés par ce mis en cause". L’information judiciaire a "également permis d’objectiver qu’il se livrait au trafic de stupéfiants" via notamment des voyages dans le Nord de l’Europe "qui est un hub, c’est à dire un lieu par lequel une bonne partie de l’héroine qui se revend en Europe transite".
Une saisie "particulièrement remarquable"
À l’intérieur de ceux-ci, les enquêteurs ont mis la main sur 2 kg 932 d’héroïne, 1 kg 425 de résine de cannabis, 875 g de cocaïne, 321g d’herbe de cannabis, 1570 g de produits de coupe pour la cocaïne et 600 g de produits de coupe pour l’héroïne.
Au delà des produits stupéfiants, c’est avant tout les 616.000€ d’argent numéraire découverts lors de la saisie qui rendent "cette saisie tout à fait inhabituelle et particulièrement remarquable" a commenté le procureur. Cela laisse également à penser que l’individu se livrait à un trafic de drogue en tant que "semi-grossiste" au vu des quantités retrouvées lors des saisies.
Si on ajoute les 616.000€ saisis aux produits stupéfiants monétisés en produits de revente, la saisie s’élève à plus de 750.000€. L’enquête devrait également tenter de savoir où les bénéfices réalisés par ce trafic sont réinvestis a précisé le procureur.
Un individu qui n’éveillait pas les soupçons
Outres les quantités, c’est également "le degré de dissimulation" du mis en cause qui a surpris Étienne Manteaux. Le mode de vie de ce dernier n’éveillait effectivement aucun soupçon, "on n’est pas du tout face à quelqu’un qui mène grand train et qui aurait pu éveiller les soupçons de ses voisins". Au contraire, celui-ci n’a fait l’objet que de "très peu de chose" en matière de saisie d’avoir criminelle. Pas de puissantes cylindrées, ni d’objets de luxe ou autres donc découverts aux domiciles du suspect qui roulait plutôt dans des véhicules anciens.
Actuellement toujours en garde à vue, le mis en cause nie les faits qui lui sont reprochés et "ne s’explique pas la présence de ce numéraire" dans ses domiciles. Selon le procureur, il devrait, selon toute vraisemblance, être déféré par le magistrat instructeur dans la journée du 15 novembre.