"Pour la première fois dans l'histoire sociale de ce pays, des avocats, des professionnels du soin et des salariés du transport aérien réunis en collectif défileront ensemble pour dénoncer le projet de captation sans sommation de leurs régimes autonomes de retraite", a souligné dans le Journal du dimanche le collectif "SOS Retraites", créé par ces professions pour défendre la spécificité de leurs régimes.
En pointe de la mobilisation, le Conseil national des barreaux (CNB) appellait à un rassemblement à 13h00 place de l'Opéra, avant un défilé jusqu'à Nation, et s'attend à une "mobilisation extrêmement forte" des avocats contre la réforme voulue par Emmanuel Macron.
Cette manifestation doublée d'une grève des audiences qui s'annonce très suivie, avec la quasi-totalité des 164 barreaux français "mobilisés" selon la Conférence des bâtonniers. Une trentaine d'avocats du barreau de Besançon montent à Paris pour suivre cette mobilisation nationale.
Pas de procès de lundi - ou presque
Partout ou presque, les avocats ont décidé de ne plaider aucune affaire et de demander le renvoi des procès. Il n'y a pas non plus de commis d'office, de consultations gratuites ni de permanences pénales. Seule exception, le contentieux de la liberté (garde à vue, détention provisoire...) reste assuré.
Désertant les palais de justice, "des trains entiers d'avocats monteront vers Paris" selon la présidente du CNB, Christiane Feral-Schuhl.
A Paris, où exerce près de la moitié des 70.000 avocats français, la bâtonnière Marie-Aimée Peyron fait état d'une "mobilisation sans précédent", car "c'est l'avenir de la profession qui est en jeu".
Le "système universel" promis par le chef de l'Etat doit en effet se traduire par une forte hausse des cotisations "que bon nombre d'entre nous ne pourrons pas supporter", affirme-t-elle.
Cette réforme doit aussi entraîner la disparition de la caisse nationale des barreaux (CNBF) et ses 2 milliards d'euros de réserves financières dont Mme Feral-Schuhl craint la "spoliation".
Costumes bleu marine et blouses blanches
Ces craintes sont partagées par les autres membres du collectif "SOS Retraites": syndicats de pilotes de ligne, hôtesses et stewards ainsi que plusieurs organisations de médecins, infirmières et kinés libéraux.
Aux nombreuses robes noires se mêleront donc costumes bleu marine et blouses blanches, qui ne veulent pas "faire les frais du dogmatisme consistant à fusionner tous les régimes dans un seul régime universel".
"Nos professions n'y résisteront pas", préviennent-ils.
Reprise de la concertation
Pour contenir la fronde, Edouard Philippe, a chargé le haut-commissaire aux Retraites Jean-Paul Delevoye de rencontrer "d'ici le 15 octobre" les représentants des 42 régimes amenés à s'éteindre, pour "dresser un état des lieux" et "fixer un calendrier de travail".
"Il y a des solutions pour chacune des professions", avec "des durées de transitions adaptées à chacun des cas", assure le haut-commissaire, qui veut "lever les inquiétudes injustifiées".
Delevoye et la garde des Sceaux Nicole Belloubet recevront ainsi mardi matin les responsables du CNB, de la CNBF et de la Conférence des bâtonniers.
Des consultations citoyennes en vue
Dans le même temps, la concertation avec les organisations syndicales et patronales, débutée il y a près de 2 ans, va reprendre "jusqu'au mois de décembre" pour tenter de trouver enfin un accord sur l'âge de départ ou la durée de cotisation.
Le haut-commissaire va enchaîner les entretiens: lundi avec le Medef, la CFDT et la CPME, mercredi avec l'Unsa, jeudi avec la CFE-CGC et la FNSEA, vendredi avec l'U2P...
Des "consultations citoyennes" s'étaleront en parallèle de fin septembre à "la fin de l'année", via des réunions publiques et une plateforme numérique.
Toutes ces discussions doivent déboucher sur un projet de loi qui sera adopté "d'ici l'été prochain", d'après M. Philippe.
En attendant, le dialogue passera aussi par la rue: Force ouvrière et la CGT manifesteront respectivement samedi 21 et mardi 24.
Le secrétaire général de la CGT Philippe Martinez a appelé dimanche "à généraliser les grèves". "Ce qu'ont fait les salariés de la RATP, c'est un bon signe qu'il faut généraliser", a-t-il estimé.
(Selon AFP)