"Le rapport sera remis au Premier ministre jeudi matin" par le président de la Cour des comptes Pierre Moscovici, a indiqué Matignon. Ce report s'explique par un calendrier parlementaire chargé mercredi, dont l'examen d'une motion de censure du Parti socialiste contre le gouvernement de François Bayrou, a-t-on précisé de source gouvernementale.
Les responsables des centrales syndicales et patronales ont été prévenus mardi matin, ont précisé plusieurs d'entre elles, interrogées par l’AFP. "Matignon nous a dit qu'il y avait un souci d'agenda qui les obligeait à décaler", a confirmé le leader de la CFTC, Cyril Chabanier, et les partenaires sociaux ont été conviés jeudi à 10H00 au 20 avenue de Ségur pour la remise du rapport, a précisé FO à l'AFP.
Le Premier ministre avait chargé en janvier la Cour des comptes d'une "mission flash" pour dresser l'état financier du système des retraites, avant que les partenaires sociaux ne se réunissent chaque semaine jusque fin mai, au moins, pour rediscuter "sans tabou" de la très décriée réforme de 2023 qui a porté l'âge de départ de 62 à 64 ans.
L'audition de Moscovici décalée au 4 mars
Le Premier ministre François Bayrou estime que la méthodologie du Conseil d'orientation des retraites (COR) conduit à sous-estimer le déficit. Il défend depuis plusieurs années une position controversée, très minoritaire chez les économistes et experts. Il estime le déficit lié aux retraites à 55 milliards d'euros, quand l'organisme habituellement chargé des estimations officielles, le COR, le chiffre à 6,1 milliards d'euros en 2024, et jusqu'à 0,4% du PIB en 2030, soit 10 à 15 milliards.
Récemment, avant la remise de son rapport, Pierre Moscovici a fait savoir que les chiffres seraient "un peu moins bons que ceux du COR", établis en juin, en raison d'une dégradation des prévisions macroéconomiques, balayant de fait l'hypothèse des 55 milliards d'euros de déficit.
"Le Premier ministre s'est complètement trompé sur l'histoire du déficit caché", taclait dès dimanche Denis Gravouil, secrétaire confédéral de la CGT, interrogé sur BFMTV. "Peut-être que le report a été décidé parce que le chiffre de la Cour des comptes n'arrangeait pas le Premier ministre ?", a commenté un responsable syndical auprès de l'AFP.
Compte tenu de ce report, l'audition de Pierre Moscovici par la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale, prévue jeudi, a été décalée au 4 mars, selon l'entourage du président de la commission, Frédéric Valletoux (Horizons).
(AFP)