Depuis son bureau de l'Elysée, où il a passé l'essentiel de son temps dans une posture de retrait pendant ces trois mois de conflit social et politique, le chef de l'Etat s'est adressé pendant 13 minutes aux Français qui rejettent massivement la retraite à 64 ans, désormais inscrite dans une loi qu'il a promulguée au début du week-end malgré les protestations des syndicats.
Réforme des retraites
La réforme contestée était "nécessaire", a-t-il plaidé, en disant "regretter" qu'elle n'ait pas été "acceptée" et qu'un "consensus" n'ait "pas pu être trouvé".
Assis à son bureau devant une fenêtre donnant sur les jardins, il a aussi assuré entendre la "colère" des Français. "Personne ne peut rester sourd à cette revendication de justice sociale et de rénovation de notre vie démocratique", a-t-il affirmé.
Au moment même de cette allocution solennelle et sans contradicteurs, des concerts de casseroles ont été organisés devant de nombreuses mairies et préfectures, rassemblant plusieurs milliers de personnes.
Remaniement
Le président de la République, déterminé à reprendre l'initiative depuis que sa loi a été globalement validée vendredi par le Conseil constitutionnel, a surtout dressé sa "feuille de route" pour la suite que sa Première ministre devra détailler "dès la semaine prochaine".
Alors qu'elle apparaissait menacée depuis un mois, Elisabeth Borne obtient ainsi un sursis de trois mois. Aucun remaniement n'est prévu dans l'immédiat, selon plusieurs sources du camp présidentiel.
"Nous avons devant nous 100 jours d'apaisement, d'unité, d'ambition et d'action au service de la France", a clamé Emmanuel Macron, donnant rendez-vous "le 14 juillet prochain" pour "faire un premier bilan".
"Nouveau pacte de la vie au travail"
Pendant cette période, il a fixé trois chantiers, à commencer par la construction, avec les partenaires sociaux, d'un "nouveau pacte de la vie au travail" dont les contours restent à définir.
Le dialogue social s'annonce semé d'embûches. Le Medef et la Confédération des PME ont prévu d'aller mardi à 11h à une rencontre à l'Elysée avec Emmanuel Macron, maintenue alors même qu'elle est boudée par l'intersyndicale qui réclame un "délai de décence".
"La porte sera toujours ouverte", a-t-il lancé aux syndicats. "On ne peut pas passer l'éponge", avait lancé lundi matin le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, qui a regretté après l'intervention présidentielle qu'il n'y ait eu "rien de concret".
L'intersyndicale mise sur une démonstration de force lors du 1er-Mai, après quoi la CFDT pourrait toutefois revenir à la table des négociations pour évoquer ces autres problématiques autour du travail.
Justice et "ordre républicain"
Le deuxième chantier porte sur la justice et "l'ordre républicain", avec "des annonces fortes dès le mois de mai" contre la délinquance et les fraudes sociales et fiscales.
Emmanuel Macron a aussi promis de "renforcer le contrôle de l'immigration illégale", semblant relancer ce projet qui semblait mis sur pause.
"Progrès pour mieux vivre"
Enfin, troisième chantier: "le progrès pour mieux vivre". Au menu, l'éducation, qui doit "renouer avec l'ambition d'être l'une des meilleures d'Europe", et la santé, avec l'engagement de "désengorger" tous les services d'urgence d'ici fin 2024.