Retour controversé d'insecticides "tueurs d'abeilles" à l'Assemblée nationale

Publié le 05/10/2020 - 16:05
Mis à jour le 05/10/2020 - 16:05

L’exécutif et les « marcheurs » voulaient verdir leur action, ils butent sur la jaunisse: l’Assemblée nationale se penche lundi sur le projet de loi controversé permettant la réintroduction temporaire des néonicotinoïdes pour préserver la filière betteraves, en dépit de la ferme opposition des pro-environnement.

© Musée des maisons comtoises ©
© Musée des maisons comtoises ©

Respecter une promesse environnementale ou sauver l'emploi sur fond de crise économique ? Avec son projet de loi permettant le recours temporaire et encadré à des insecticides néfastes pour les abeilles, le gouvernement est accusé de brouiller son message sur la transition écologique. Une exception qu'il justifie par la sauvegarde d'une filière qui emploie 46.000 personnes.

Un hiver et un printemps trop chauds: en raison de la prolifération d'un puceron vert vecteur de la maladie qui affaiblit les plantes dans de nombreuses régions, les betteraves issues de semences non enrobées d'insecticide sont atteintes de "jaunisse".

La réintroduction de semences enrobées avec des néonicotinoïdes doit permettre de protéger les rendements sucriers. Le hic est que ce type de pesticide a été interdit en 2018. Et voilà le gouvernement obligé de rétro-pédaler, en s'appuyant sur le règlement européen sur les phytosanitaires permettant de déroger à l'interdiction en l'absence d'alternative.

"C'est une question de souveraineté", met en avant le ministre de l'Agriculture, Julien Denormandie, alors que 11 pays producteurs ont en Europe autorisé les dérogations pour les néonicotinoïdes.

 "Nombre de planteurs, en ce moment-même, hésitent à replanter des betteraves" et "si les sucreries ferment, c'est toute la filière de la betterave qui peut disparaître en une ou deux saisons", fait valoir le ministre.

C'est lui qui sera présent dans l'hémicycle et non la ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, qui avait elle-même porté en 2016 la loi interdisant ces insecticides et appuie désormais cette réautorisation ciblée. Le coup d'envoi des débats aura lieu en milieu d'après-midi, avec plus de 130 amendements au menu.

Pas de "renoncement"

Pour le gouvernement, qui a le soutien des LR, le projet de loi n'est pas "un renoncement écologique". Il programme "la fin des néonicotinoïdes" à l'horizon 2023 et "personne ne nie les dangers de cette substance", souligne le rapporteur LREM, Grégory Besson-Moreau.

Pourquoi dès lors ne pas y renoncer, tempêtent les opposants? Happening près du Palais Bourbon, tribunes, les pro-environnement et la gauche estiment que le projet de loi, conçu selon eux "sous la pression des lobbys de l'agriculture", est un "recul démocratique majeur" et un "contresens historique".

A l'Assemblée nationale, le chef de file des insoumis, Jean-Luc Mélenchon, portera une motion de rejet préalable du texte.

Dimanche, c'est l'ancien ministre de l'Ecologie Nicolas Hulot qui était monté au créneau en appelant "les députés à ne pas voter" le projet de loi. "C'est le dernier grand vote sur la biodiversité du quinquennat", attaque Matthieu Orphelin (EDS). Ce proche de Nicolas Hulot a obtenu un vote solennel sur l'ensemble du projet de loi, qui aura lieu mardi et lors duquel tous les députés "pourront se positionner sur ce sujet important".

En dramatisant l'enjeu, l'ex-marcheur cherche à enfoncer un coin au sein du groupe majoritaire, où des voix dissonantes sont apparues, à l'instar de Jean-Charles Colas-Roy.

Dans le journal L'Opinion, le député de l'Isère, référent "transition écologique" de LREM, promet de ne pas voter le projet de loi, invitant chacun à "se positionner en son âme et conscience". 

"Le débat existe sur un sujet aussi sensible (...) dans le groupe, dans la majorité, comme dans d'autres pays", reconnaît Christophe Castaner, le patron des députés LREM. Mais pour lui, la mesure gouvernementale a été "profondément encadrée" et "un point d'équilibre" a été trouvé.

Pour "verdir" leur position, les députés LREM ont fait voter en commission la création d'un conseil de surveillance où figureront quatre parlementaires. Et aussi l'interdiction, sur des parcelles où ont été utilisés des néonicotinoïdes, d'implanter des cultures attirant les abeilles afin de ne pas les exposer.

Les députés ont, en outre, précisé que les dérogations permises visaient explicitement les betteraves sucrières. Le gouvernement l'avait promis mais ne voulait pas l'inscrire dans le texte par crainte d'une censure du Conseil constitutionnel. Un amendement de la marcheuse Claire O'Petit pourrait permettre de trouver un compromis.

(Avec AFP)

Soyez le premier à commenter...

Laisser un commentaire

Nature

Haies bocagères en Bourgogne Franche-Comté : plus de 8 km de haies et 50 arbres replantés en 4 ans

Depuis 2020, les Chambres d’agriculture de Bourgogne-Franche-Comté mènent un combat important et nécessaire pour restaurer les haies bocagères, ces précieuses alliées de la biodiversité et des écosystèmes agricoles, rappellent-elles dans un communiqué du 18 février. Grâce au projet "Haie-Hop : je plante !", financé dans le cadre d’un appel à projet "Biodiversité" de l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse (RMC), plusieurs kilomètres de haies ont été implantés dans la région.

Pollens : la Bourgogne-Franche-Comté en alerte jaune

Le Réseau national de surveillance aérobiologique (RNSA) à placer dimanche 16 février 2025, 30 départements en rouge, pour risque élevé d’allergie. Tous les autres départements, dont la Bourgogne-Franche-Comté, sont en jaune, pour risque moyen. On fait le point avec Atmo BFC en charge de la surveillance de l’air dans la grande région. 

Nouveau lynx tué : le centre Athénas interpelle le Département du Doubs pour installer des panneaux routiers

Le centre Athénas, association spécialiste dans la conservation du lynx, avait déjà incité à de nombreuses reprises les communes de la région à installer les panneaux dédiés servant à alerter sur la présence du lynx. Suite à la mort d’un nouvel animal le 12 février 2025, elle interpelle cette fois-ci le Département du Doubs pour agir au plus vite.

De plus en plus nombreuses en France… Signalez les chenilles processionnaires

Les chenilles processionnaires sont de plus en plus présentes dans l'hexagone, avec des impacts sur la santé humaine, animale et les écosystèmes. Afin de mieux surveiller et gérer ce phénomène, une plateforme nationale de signalement vient d’être lancée par l'Observatoire des chenilles processionnaires, a-t-on appris le 6 février 2025.

Aulne et noisetier en floraison : un risque “moyen” d’allergie en Bourgogne Franche-Comté

Atmo Bourgogne Franche-Comté a publié son premier bulletin allegro-pollinique de l’année 2025 pour décrire les risques allergiques de ces prochains jours dans la région. Même si nous sommes encore en hiver, des végétaux sont en floraison et devraient gêner les personnes allergiques…

Les cigognes de retour en Bourgogne Franche-Comté : un spectacle à signaler auprès de la LPO

Depuis la mi-janvier 2025, de nombreux habitants de Bourgogne Franche-Comté lèvent les yeux vers le ciel, fascinés par le ballet majestueux des cigognes blanches. Comme chaque année, ces grands oiseaux entament leur migration prénuptiale, quittant leurs zones d’hivernage pour rejoindre leurs sites de reproduction. Ce phénomène naturel se poursuivra jusqu’à la fin avril, offrant aux observateurs attentifs de nombreuses occasions d’admirer ces voyageurs ailés.

Pesticides néonicotinoïdes : les Écologistes de Franche-Comté demandent des comptes aux sénateurs du Doubs

Dans un communiqué, les Écologistes de Franche-Comté ont dénoncé le vote des sénateurs du Doubs du 27 janvier 2025 en faveur du retour des néonicotinoïdes qui s’apparente selon eux à "une trahison environnementale" et invitent les sénateurs à justifier leur décision. 

Offre d'emploi

Devenez membre de macommune.info

Publiez gratuitement vos actualités et événements

Offre d'emploi

Sondage

 6.58
couvert
le 22/02 à 06h00
Vent
1.25 m/s
Pression
1019 hPa
Humidité
87 %