"Serviteurs, mais de quoi ?
Dans une émouvante quasi- unanimité, les sommités politiques locales des deux bords (Alauzet, Dufay, Jeannerot, Fousseret, Pelissard) ont pris la parole dans l'affaire Dibrani. Principalement pour voler au secours du préfet du Doubs, Stéphane Fratacci.
Selon l'un, il n'était pas au courant. Pour tous, c'est un excellent serviteur de l'Etat. Il en est même une, Madame Dufay, pour trouver "malsain" de rappeler son "passé" de Secrétaire général d'Eric Besson au "Ministère de l'immigration et de l'identité nationale". Car cela en fait, nous dit-on, "l’un des meilleurs connaisseurs des règles concernant les étrangers en situation irrégulière sur le territoire".
Osons tout de même rappeler que l'invention de ce ministère par Sarkozy déclencha en son temps, à Gauche, un torrent de condamnations sans appel et d'abondants rappels de Vichy, à juste titre. Et qu'il restera pour les historiens de la Vème République le marqueur le plus évident de la lepennisation des esprits dans notre pays jusqu'au sommet de l'Etat, sous un président dont la muse principale était un ancien de "Minute".
Pour nous, le rappel, n'est nullement malsain. Mais gênant et troublant, oui. C'est même un excellent révélateur d'une désastreuse continuité en matière de politique migratoire entre l'actuel et le précédent gouvernement. Et le fait que "l'affaire Léonarda" se soit déroulée dans le Doubs ne peut que renforcer notre conviction.
Que Stéphane Fratacci ait été à la manoeuvre ou non dans cette affaire importe peu. Préfet, il est en est le premier responsable local, c'est une évidence. Mais local seulement.
Pour nous, le "chapeau", dans cette affaire, doit être porté au plus au niveau. Celui qui a choisi de poursuivre la criminalisation des migrants, de stigmatiser, parmi eux, les Roms, de se défendre avec énergie de "toute baisse du nombre des expulsions" (Valls, le jour même de l'expulsion des Dibrani).
Si des fonctionnaires (PAF, police, gendarmerie, préfets ?) peuvent croire aujourd'hui en France qu'il est simplement envisageable d'aller capturer une gamine rom dont les parents sont sans papiers dans son bus de sortie scolaire, c'est qu'on les a conditionnés pendant des années à le faire, qu'ils doivent faire du chiffre. C'est ainsi qu'ils "servent l'Etat". Mais quel Etat ? C'est la question que doit poser l'affaire Léonarda.
RESF, composé de nombreux fonctionnaires de l'Education Nationale, choisi pour sa part de servir le droit de tous les enfants à l'éducation.
Et appelle d'ores et déjà à un rassemblement lundi 21 octobre à 17 h place Pasteur à Besançon, quelque soit la décision prise ce week end."
(Communiqué)