C'est un papa très inquiet et énervé qui nous a exposé le cas de son fils ce 22 juin 2020. Désiré* (le prénom du père a été changé) : "Je ne comprends pas que l'on dise -"reprise à 100 %"- alors que mon fils n'ira à l'école que deux jours et demi d'ici le 3 juillet. En plus, il se rend à l'école ce vendredi et vendredi prochain, il aura donc les mêmes cours et toujours pas de français..."
Réponse de Patrice Durand, directeur académique des services de l’éducation nationale du Doubs :
"Le ministre a souhaité que tous les élèves reviennent au collège d'ici la fin de l'année. Comme il y a encore un protocole sanitaire, qui est passé de 54 pages à 7, il faut quand même le respecter avec la distanciation d'un mètre ou si ce n'est pas possible, qu'il faudrait le port du masque.
Il n'est donc pas possible matériellement d'accueillir 100 % d'une classe dans les locaux. C'est pourquoi des agendas en rotation ont été mis en place.
Au collège de Châtillon-le-Duc, il y a 100 % des élèves de 6e qui seront revenus d'ici la fin d'année scolaire et entre 85 et 90 % des élèves de 5e et 4e qui reviendront. En 3e, nous ne sommes pas à 100 % (les épreuves du DNB aidants puisqu'elles sont supprimées). L'assiduité est moindre, car les élèves se projettent en classe de Seconde. Le taux de présence est de 50-60 %".
Et concernant les cours, ils ne sont pas à la carte. Il est assez délicat pour une équipe, à deux semaines de la fin, de refaire le planning. Ce n'est pas une mauvaise intention, mais une réalité. Il y a des réflexions menées pour la rentrée de septembre . Il s’agira de voir le niveau des élèves qui reviennent avec des évaluations. Les emplois du temps et l'enseignement seront ainsi adaptés".
L'académie de Besançon précise également : "Le 100 % n'existe pas. Il y a un absentéisme sur les derniers jours. L'idée de cette rentrée fin juin est aussi que les enfants puissent reprendre contact avec l'école. Nous ne sommes pas sur une remise à niveau."
Autre point noir relevé par Désiré* : "la difficulté de faire cours deux heures par jour" : "Je suis obligé de lui faire regarder Lumni (NDLR : programme télévisé pour la continuité pédagogique) et de lui faire suivre le CNED (formations en ligne et cours par correspondance )".
Réponse du DASEN : "Je n'ai pas de réponse, pourtant nous avons appelé le chef d'établissement pour avoir des précisions. Je doute tout de même que les enseignants ne se soient pas manifestés auprès des élèves et qu'ils aient dû se contenter de ça. Après il y a toujours des tous dans la raquette".
Le père de famille s'inquiète également du niveau qu'aura son fils après "trois mois où il n'a pas eu de cours de français" : "La professeure a été arrêtée et personne d'autre n'a donné de cours. Je regrette aussi que mon fils n'ait pas pu bénéficier de visioconférence comme dans d'autres collèges à l'instar de Clairs-Soleils. Je trouve qu'il y a une inégalité des chances".
Réponse du DASEN : "Effectivement, concernant les problèmes de français, l'enseignant a été en arrêt et cela s’est prolongé. Au vu des conditions, solliciter un remplaçant n'est pas simple surtout dans ces modalités de confinement. Il y a ce cas à Châtillon. Nous n'avons pas pu le remplacer comme nous le faisons habituellement et c'est bien ennuyeux. Nous en sommes conscients tout comme le principal".
Sur le sujet des visioconférences : "C'est la responsabilité de chaque enseignant et de l'établissement. Dans toute profession, vous avez des gens qui sont à la pointe, volontariste et d'autres qui le sont moins. Alors peut-être qu'à Clairs-Soleils, il y a eu une mobilisation telle que les enseignants étaient bien équipés tout comme les élèves. Parfois, faire une visio avec 15 élèves sur les 26, peut être que l'enseignant se pose la question de la pertinence de le faire. On peut faire confiance aux enseignants et à leur conscience professionnelle . Si cela avait pu être mis en place, ils l'auraient fait. C'est plus simple de faire une visioconférence que de faire des mails ou d'envoyer des courriers".
L'Académie de Besançon précise par ailleurs que la visioconférence est un outil parmi d'autres et qu'il doit être utilisé "en fonction de la pratique ou de la situation dans laquelle l'enseignant se trouve avec sa classe".
Dernière remarque du père de famille : "Les professeurs qui n'ont pas donné signe de vie seront-ils sanctionnés" ?
Réponse du DASEN : "Effectivement, il y a une volonté du ministre de pouvoir identifier aussi bien les enseignants qui se sont fortement investis que ceux qui n'ont pas rempli la mission de service public attendue. Nous verrons dans quelle mesure leur rappeler leurs obligations".