Pas un jour ou presque sans une annonce du distributeur en difficulté financière. Mercredi soir, il a annoncé avoir eu l'accord de l'Etat pour un report de charges sociales et fiscales, d'un montant total d'environ 300 millions d'euros, dues pour la période allant de mai à septembre 2023.
- Le groupe, qui emploie plus de 200.000 personnes dans le monde dont un gros quart en France, assure que la somme sera payée "à la date de la réalisation de la restructuration financière" de l'entreprise.
Casino, qui fête ses 125 ans dans ce contexte incertain, est entré fin mai en procédure de conciliation au plus tard jusqu'au 25 octobre, afin de renégocier avec ses créanciers son endettement, qui s'élève à 6,4 milliards d'euros de dette nette pour Casino et 3 milliards environ pour sa maison mère Rallye.
Objectif "fin juillet"
Outre le report de charges, il va être demandé aux créanciers de suspendre le versement de sommes dues, intérêts ou remboursements, pour un montant total d'environ 200 millions d'euros.
Et jeudi matin, Casino a annoncé solder sa participation dans l'enseigne brésilienne de cash&carry (ventes en gros pour les professionnels et particuliers) Assai, considérée comme la pépite du groupe. La valeur des actions qui vont être cédées au cours actuel est de près de 403 millions d'euros.
"Il était clair qu'ils ne garderaient pas le reste de leur participation dans Assai", après en avoir cédé des parts courant 2022, "mais je pensais qu'ils lanceraient la vente plus tard", a estimé auprès de l'AFP Clément Genelot, spécialiste de la distribution chez Bryan, Garnier & Co. "Ca montre à quelle vitesse leur activité brûle de l'argent", selon lui.
Casino dit vouloir "préserver sa liquidité pendant toute la période de conciliation" qui s'achèvera au plus tard le 25 octobre. Il a toutefois pour objectif de trouver un accord sur la restructuration de sa dette "avec les principaux créanciers", "d'ici la fin du mois de juillet".
Réduire la dette de Casino impliquerait que ses créanciers, grandes banques françaises et internationales, fonds d'investissement européens ou américains et acteurs institutionnels, acceptent de tirer un trait sur l'argent dû par le groupe, dans des proportions sans doute très importantes.
Rassemblement à Saint-Etienne
La situation du groupe inquiète les représentants des salariés, dont certaines organisations - la CGT, Unsa et la CFDT - avaient appelé à manifester jeudi matin devant le siège du groupe à Saint-Etienne.
Près de 150 personnes s'y sont rendues, a constaté l'AFP, alors que s'y tient un CSE d'information consultation sur la vente annoncée à Intermarché de 119 magasins du groupe, dans lesquels travaillent plus de 4.000 personnes.
Les syndicats présents ont dit craindre "une possible prochaine vente à la découpe de groupe Casino (qui) aura pour seul objectif d'enrichir les plus riches". "La direction annonce des reports d'échéance de la dette mais on continue à travailler en sous-effectif, sans remplacer les partants ni rénover les magasins fuis par nos clients, à la fois malheureusement mais aussi heureusement car on est trop peu nombreux pour bien les servir", a pour sa part déclaré à l'AFP Jean-Luc Farfal, délégué syndical de groupe pour la CFDT.
"Vous pouvez être assurés de mon entière détermination et de mon énergie pour défendre vos intérêts et ceux de Casino", avait écrit à ses salariés le PDG du groupe, Jean-Charles Naouri, le 12 juin dernier.
Il y estimait que "grâce à un allègement de la dette et à l'entrée d'un ou plusieurs nouveaux investisseurs", Casino sera mieux armé pour se "projeter (...) dans la décennie à venir".
Car d'un côté le milliardaire tchèque Daniel Kretinsky et le financier Marc Ladreit de Lacharrière, actionnaires du distributeur, de l'autre un trio d'hommes d'affaires Xavier Niel (Free), Matthieu Pigasse et Moez-Alexandre Zouari, ont fait connaître leur intérêt pour contribuer à une augmentation de capital du distributeur. Sous conditions, dont l'une est la réduction de la dette.
(AFP)