Régionales : un “infiltré” sur la liste RN à Belfort renonce après un déferlement de haine

Tête de liste du Rassemblement National (RN) dans le Territoire-de-Belfort, Kamel Agag-Boudjahlat, qui affirme avoir voulu infiltrer le parti d’extrême droite, a annoncé lundi 3 mai 2021 qu’il retirait sa candidature après un déferlement d’insultes et de haine sur les réseaux sociaux.

© Twitter Julien Odoul

Vendredi, le RN a annoncé que cet éducateur de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), de religion musulmane et originaire du quartier populaire de la Petite Hollande à Montbéliard (Doubs), serait tête de liste départementale dans le Territoire-de-Belfort pour les prochaines élections régionales.

"Dès l'annonce de ma candidature, j'ai reçu énormément de menaces, d'insultes et de haine venant de tous les quartiers de France car je venais de trahir la communauté des quartiers", a confié Kamel Agag-Boudjahlat à l'AFP. Or, "ma démarche était en fait d'intégrer le parti pour montrer le vrai visage du RN, qui est resté le FN", explique l'homme de 37 ans, délégué CGT à la PJJ.

Faire "tomber les masques"

"Je voulais être élu conseiller régional et faire tomber le masque une fois élu. Je voulais utiliser le parti qui a voulu se servir de moi, musulman pratiquant, pour dédiaboliser le parti", poursuit l'éducateur qui prévoit d'écrire un livre intitulé "J'ai infiltré le Rassemblement national".

Mais les menaces et les injures subies par sa famille l'ont poussé à se "dévoiler" sans attendre les élections. "J'étais prêt à accepter les coups, mais quand ils s'en sont pris à ma famille, je n'ai pas supporté. Je ne pouvais pas attendre encore pendant un mois et demi", confie ce père de trois petites filles. "J'ai grandi dans le quartier (de la Petite Hollande), mes valeurs sont là, et ce que la France m'a donné, je le souhaite à tout le monde", affirme ce musulman qui "respecte la laïcité". "J'ai voulu lancer un grand message avec ma démarche: jeunes de quartier, prenez vous en main et faites barrage au RN".

Pour Julien Odoul, candidat du RN à la présidence de la région Bourgogne-Franche-Comté, il n'y a eu "aucune tentative d'infiltration": M. Agag-Boudjahlat "était sincère dans ses convictions". "Il n'était pas préparé à l'intensité de ce déchaînement de violence, de haine sur les réseaux sociaux et dans le quartier" et "il a été contraint, pour protéger sa famille, de retirer sa candidature et de renier son engagement en inventant qu'il était infiltré", affirme M. Odoul.

(Source AFP)

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