Cette prise de position vient après celle de Christophe Lime (élu PC à la CAGB) et d'Emmanuel Sapdetto, maire de Mondon dans le Doubs) et qui fait état du désarroi des élus des petites communes (Voir articles ci-dessous)
"Je suis comme mes collègues, qui sont passés par tous les états générés par la découverte insidieuse des lois ALUR et NOTRe. Nous avons en commun des mots clés pour résumer l’état d’esprit qui nous habite : Malaise, incompréhension, inquiétude, injustice, écœurement.
Pourquoi ?
En ce qui nous concerne, nous allons devoir faire un saut olympique pour créer une Nouvelle Communauté de Communes de 78 municipalités* (23 actuellement). Elle sera composée de 24 500 habitants (contre 11.200 aujourd’hui), mélangeant des bassins de vie différents, aussi riches soient-ils. Les avis et souhaits exprimés, lors de ce qu'il est possible de considérer comme de pseudo consultations, se sont heurtés (fracassés) face à un arbitraire d’État.
"L’heure n’est plus propice à la plainte"
Que l’on soit élu d’une petite cité de 100 âmes ou d’une agglomération de 200 000 habitants, nous partageons la même amertume. C’est un coup de massue qui nous a été assené. Mais l’heure n’est plus propice à la plainte.
La loi est votée, le temps est à l’action et à l’élaboration de stratégies :
Repli : certainement pas. La résignation serait la plus détestable des postures La tête dans le sable c’est dangereux.
Offensif : Oui. Parce que les communes de 100 et 500 habitants sont nombreuses, et malgré l’engagement (pour combien de temps ?) de donner une voix minimum par commune, les plus importantes disposeront entre trois et sept voix. Alors, Quid du poids des plus petites sur les décisions à prendre ? Certes elles seront servies, mais n’auront pas le choix de la date et de l’heure des travaux, en d’autres termes elles attendront… les miettes !
Toutes les municipalités gérant leurs réseaux humides, en bon emploi des deniers publics, devront se défaire de la gestion de l’eau et de l’assainissement en 2018 -c’est demain-. Avec le risque que le tout soit confié ensuite à une structure privée, désireuse de bénéfices rapides.
Le bénévolat, sur lequel repose une bonne partie de nos actions communales, est une richesse qui nous permet de réduire les coûts d’exploitation de nos réseaux ; les adjoints et les personnels municipaux ont un coût moins élevé que nos sociétés de fermage qui ont des structures lourdes malgré leurs efforts.
Ces nouvelles lois ne se résument pas à ces deux domaines, elles renferment bien d’autres mauvaises surprises qu’il sera compliqué à surmonter pour le bien de tous.
La création de communes nouvelles est la réponse la plus adaptée. Elle me paraît être une nécessité pour continuer à exister. Nous sauvegarderons notre unité de vie, nous serons plus forts à X communes réunies, volontaires, mais structurées démocratiquement, unions librement consenties, c'est-à-dire votées, expliquées, justifiées ! 80 habitants contre 5000 en termes de représentativité, il n’y aucun doute. N’oublions pas que le législateur a divisé les régions par deux, les communautés de communes par deux, voire par trois, il ne fait aucun doute que la cure d'amaigrissement n’est pas terminée. Ou nous choisissons librement pendant qu’il est encore temps, ou alors nous sera imposé, arbitrairement et sans délai, des rapprochements contraints à l’horizon …2020 et quelle que soit la prochaine majorité.
Nous ne pouvons pas faire l’économie, ou plutôt l’impasse, sur le devenir de nos petites communes. Nous devons la vérité à nos concitoyens ; sinon ils pourraient nous demander des comptes pour les avoir tenus à l’écart de ces bouleversements. Les sondages prouvent que les Français sont très attachés à leurs mairies et la proximité de services et d'informations qu'elle assure.
Alors après moi le déluge ! NON !
Le tourment c’est maintenant et pour quelques années. Il vaut mieux perdre son statut de maire que perdre son Âme, c’est pour cela que bon nombre de collègues maires, adjoints, conseillères et conseillers se sont proposés aux suffrages de nos concitoyens. Nous n’avons pas le droit de faillir. Nous ne sommes pas propriétaires de nos mairies et encore moins les partis politiques et la politique n'est pas la bienvenue dans nos communes !"
Gérard Quété
Maire de Vuillafans - non-inscrit - sensibilité centriste.
Propos recueillis par Albert Ziri