"Lundi 12 septembre 2022, devant une centaine de journalistes, le président de la République a annoncé que la réforme des retraites entrerait en vigueur dès l’été 2023, si nécessaire sans vote au Parlement en recourant à l’utilisation de l’article 49.3 de la Constitution.
Il a précisé que cette réforme "ne fait plaisir à personne". C’est laisser entendre qu’elle nous tombe du ciel, que le pays ne peut y échapper, qu’il y a une force supérieure qui lui commande de faire cette réforme.
Nous savons, bien au contraire, qu’elle fait notamment plaisir aux "grands patrons", comme ceux du CAC 40, comme leurs ont fait plaisir toutes les réformes précédentes qui expliquent en partie comment les fortunes des plus riches et leurs rémunérations ont pu croître en trente ans dans de telles proportions.
"Travailler plus longtemps relance le chômage des jeunes"
En faisant travailler plus longtemps celles et ceux qui ont un emploi, on "relance" le chômage des jeunes, ce qui affaiblit les résistances ouvrières, ce qui facilite l’exploitation de la main d’œuvre (conditions de travail et rémunérations dégradées), ce qui se traduit d’ailleurs par une très grande productivité du travail en France et par des taux de profits parmi les plus élevés au sein de l’Union Européenne. Et c’est ainsi que les actionnaires se gavent et que les riches sont de plus en plus riches.
Le report de l’âge légal de départ en retraite et/ou l’allongement de la durée de cotisation, seraient le recto et le verso du "choix" qui serait donné ! Pour que ça aille très vite, cette réforme pourrait être englobée dans le prochain Projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS 2023). Quelques ministres commentent déjà qu’il faut aller vite "car on est dans un mur budgétaire".
Cette fois, c’est clair et net : il n’y a plus de sous dans le budget de l’État, et il en faut pour l’école, le grand âge et la crise climatique, et il ne faut pas augmenter les impôts, donc vous allez travailler plus longtemps, car nous allons faire des économies en vous sucrant deux ou trois ans de retraite.
"La lutte de classes continue"
Pourtant, de l’argent, il y en a. Notamment dans tous les impôts et toutes les cotisations sociales qui ont été supprimés pour les riches et les très riches (ISF, plafonnement de la taxation des dividendes, suppression d’impôts de production, fraude fiscale et sociale des très grandes entreprises, laxisme à l’égard des paradis fiscaux, exonération de cotisations sociales jusqu’à 2,4 fois le SMIC, etc…), et dans tous les impôts que Macron refuse aujourd’hui (comme taxer les superprofits réalisés par les spéculateurs).
Cette réforme nous confirme que, pendant la guerre en Ukraine, pendant l’inflation galopante, comme pendant la pandémie et la crise climatique, la lutte de classes continue : cette précipitation du gouvernement en est l’illustration. Encore une fois, ce sont eux qui commencent, qui continuent, qui persistent.
À nous d’y répondre, déjà le 29 septembre. Et à nous d’attaquer en mettant en avant nos revendications pour un autre monde. Contre le choix de faire travailler plus longtemps les pauvres, il y a le choix de faire contribuer les riches aux charges communes !"
(Union nationale interprofessionnelle des retraités et retraitées - Union syndicale Solidaires)