Dans un épais rapport qui sera présenté lundi matin, les magistrats financiers de la Cour des comptes dressent un bilan préoccupant des comptes publics, susceptibles de pâtir encore de l'incertitude politique post-législatives.
"Réduire notre dette est une ardente obligation. Ce n'est ni de gauche ni de droite : c'est d'intérêt général !", souligne Pierre Moscovici, dans l'édition des Echos de lundi. "Un pays endetté est un pays paralysé". Quelle que soit l'issue des tractations à l'Assemblée nationale pour dégager une majorité, "la nécessité d'améliorer la situation de nos finances publiques s'imposera à tous". "Il y a plusieurs façons d'y parvenir, c'est la démocratie, mais cet impératif doit être partagé". "Je le dis à toutes les forces politiques, à chacun ses remèdes, mais il faut un consensus pour réduire la dette", déclare l'ancien ministre français de l'Economie.
Une dette de 5,5% du PIB
La France, contre laquelle l'Union européenne compte valider l'ouverture d'une procédure pour déficit public excessif, doit ramener en 2027 dans la limite européenne de 3% du PIB un déficit public ayant dérapé à 5,5% l'an dernier. Elle doit aussi réduire sa dette qui s'est creusée à presque 3.160 milliards d'euros à fin mars (soit près de 111% du PIB, contre 60% selon les critères européens).
Selon Pierre Moscovici, "si le remboursement de la dette adsorbe toute marge de manoeuvre, il sera impossible d'investir dans l'avenir, en particulier pour la transition écologique". "Nous avons deux dettes, une dette financière et une dette climatique", selon l'ancien commissaire européen qui rappelle que l'an prochain la Cour consacrera un nouveau rapport annuel à la question de l'investissement dans la transition écologique. "La contrainte climatique pourrait pousser à la hausse notre dette publique de 5 à 7 points de PIB", estime-t-il, ajoutant que "la prochaine trajectoire budgétaire doit impérativement intégrer les impacts du réchauffement climatique, ce qui n'est pas le cas aujourd'hui".
(AFP)