Âgé de 41 ans, David Demange compte plus d’une corde à sa guitare… Né à Paris, il a grandi à Grenoble. Il commence la guitare à 6 ans et se définit aujourd’hui plutôt comme "un amoureux de la musique" plutôt qu’un musicien même s’il joue encore à titre personnel régulièrement. Plutôt amateur de musique classique, David Demande est ce qu’on pourrait appeler un ovni dans le monde des musiques actuelles. "Je pense être le seul directeur de smac à être musicien classique et baroque", nous confie-t-il.
Science Po, Observatoire des politiques culturelles...
Vers l’âge de 14 ans, il découvre le rock des années 90 avec cette grande effervescence autour du rock, de la scène indie, etc. L’adolescence le dirige vers la guitare électrique dans des groupes, ce qui lui donne envie de découvrir l’envers du décor de la musique. "Je me suis aperçu qu’il y avait des possibilités de travailler dans la musique, ce qui était pour moi assez improbable et c’était une époque pendant laquelle les musiques actuelles étaient en train de se structurer au niveau professionnel et national, c’était la première époque des scènes de musiques actuelles", précise-t-il. Finalement, David oriente ses études pour travailler dans la culture. À Grenoble, l’Observatoire des politiques culturelles propose un master de direction de projets culturels. "On m’avait dit que c’était la voie royale pour avoir la possibilité de travailler dans la culture", se souvient-il. Et pour intégrer ce master, le jeune homme doit passer par la case Science Po… ce qu’il suit avec la spécialité "politique culturelle" avec succès pour rentrer en master et l’obtenir sans peine.
"Découvrir les salles de musiques actuelles, c’est vraiment ce qui me faisait le plus envie"
Ensuite, David part à la découverte de la Franche-Comté grâce à son premier poste de chargé de mission musiques actuelles en Haute-Saône à l’Adim 70 (aujourd’hui appelé Culture 70), une structure de développement de la musique "ou plutôt le bras armé du conseil départemental de la Haute-Saône", précise David. Là-bas, il développe les musiques actuelles sur le territoire, tant en terme de structuration professionnel, que dans l’accompagnement des associations, des groupes, etc. Avec ce premier pied dans le réseau des musiques actuelles sur le territoire franc-comtois, David Demange créé notamment le tremplin des Eurockéennes, accompagne des groupes comme Membrane et Yules. "C’est là que j’ai rencontré Manou Comby (ancien directeur de La Rodia), Sylvain Bombled (musicien bisontin et chargé d’accompagnement artistique à La Rodia), entre autres, c’était une belle effervescence pendant 3 ans, on avait avancé pas mal de choses en Haute-Saône et j’ai eu envie de découvrir d’autres choses", nous dit-il, "pour découvrir les salles de musiques actuelles, c’est vraiment ce qui me faisait le plus envie."
En 2006, David part à La Cartonnerie à Reims, à l’époque considérée comme la plus grande smac de France (La Rodia n’existait pas encore), la première de cette dimension avec une salle de 1.200 places, un club, des studios de répétitions, etc. Là-bas, il avait en charge toute la politique d’accompagnement artistique et d’action culturelle. "C’était une formidable époque parce que c’était le boum de la scène reimoise, ce qu’on appelait la « Reims Académie » avec Yuksek, The Shoes, et ce qui a drainé une scène parisienne avec Justice, Phoenix, etc.", se remémore-t-il.
Cartonnerie à Reims... et création du Moloco à Audincourt
Le tout, en gardant une connexion forte avec la Franche-Comté puisque David avait co-produit des créations avec les Eurockéennes en lien avec la Cartonnerie, mais aussi parce qu’il revenait régulièrement répéter en tant que musicien bénévole et permanent d’un festival de musique qu’il avait créé à titre personnel, Musique à Saint-Hipp’, dans le Haut-Doubs. "Depuis sa création en 2006, je n’ai pas cessé d’y jouer chaque année et de l’organiser chaque année", assure le passionné.
En 2009, David entend parler d’un nouveau lieu de musiques actuelles dans le secteur de Montbéliard où un chargé de mission était recherché. David y postule en tant que chef de projet à l’agglomération du Pays de Montbéliard.
En 2012, il travaille à la préparation du projet de salle de musiques actuelles, "tout comme Manou Comby avait travaillé à la préparation de La Rodia", ajoute-t-il. Et le 20 septembre 2012, Le Moloco à Audincourt est inauguré. David Demange en est le directeur. Pendant 10 ans, il est à la tête du Moloco comme directeur et programmateur ainsi que d'autre casquettes pour le bon fonctionnement de la structure. "Je m’étais alors fait une promesse qui était de ne pas rester plus de 10 ans à ce poste", nous dit-il, une promesse qui tiendra !
La Rodia comme "catalyseur des énergies locales"
Début 2022, La Rodia commence à chercher un nouveau directeur qui prendra la suite de Manou Comby dont le départ en retraite est prévu fin 2022. David Demange se positionne sous les conseils de l’ancien directeur. Il est nommé au printemps dernier pour une prise de fonction le 14 novembre.
"J’ai beaucoup réfléchi parce que ma vie est au Pays de Montbéliard, mais c’était une suite logique pour moi à plusieurs niveaux parce qu’une part, c’est la même région et j’y suis attaché, je suis co-président avec Manon Comby du réseau régional des musiques actuelles, la FEMA, très attaché aussi au département du Doubs, et pour La Rodia, ce qui m’a motivé, c’est Besançon, une magnifique ville avec une histoire formidable, une ville au tissu associatif et culturel extrêmement dynamique, où il fait bon vivre, réputée pour sa qualité de vie et La Rodia est un équipement fantastique, majeur, je trouve que la grande salle est aboutie, tous les projets de La Rodia sont vraiment chouettes, et puis c’est une équipe qui a de grands talents, des gens créatifs, impliqués, comme Simon Nicolas et beaucoup d'autres, j’étais surpris de l’implication, la motivation, ça me faisait aussi plaisir de rejoindre cette équipe."
Qui dit nouvelle salle et nouveau poste, dit nouveau challenge. C’est bien ce que recherchait David en postulant à la direction de la structure bisontine. "La Rodia ce n’est pas le Moloco, c’est un projet différent, sur un territoire différent, et pour moi on ne peut pas avoir le même projet de smac, ce n’est pas un modèle reproductible", selon David Demange.
Pour son nouveau directeur, "La Rodia est un élément du développement culturel local, certes très visible, mais un élément d’une chaîne où chaque acteur est inter-dépendant". Parmi les éléments qui constituent cet "écosystème" : Le Bastion, les cafés-concerts comme les PDZ, L’Antonnoir, etc. "Ça fait clairement partie de mes objectifs de voir comme La Rodia peut alimenter et faire vivre cet écosystème et être le catalyseur de ces énergies locales."
Qu'est-ce qui va changer pour le public ?
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